Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 24.10.2020 - corentin-migoule - 3 min  - vu 7471 fois

ALÈS Mickael Ballejos, gérant du Pablo : « Il va y avoir des suicides »

Le bar Le Pablo est fermé, terrasse comprise, malgré la météo favorable de ce samedi. (Photo Corentin Migoule)

Si les bars sont fermés depuis hier soir et le resteront pendant trois semaines, les restaurants ont la possibilité de recevoir du public jusqu’à 21 heures. Les mesures sont en revanche plus ambiguës en ce qui concerne les brasseries. Ce samedi, Objectif Gard a rencontré des gérants d’établissements alésiens remontés.

Tenancière de la brasserie La Rotonde en haut du boulevard Louis-Blanc à Alès, Nadia Massoud a découvert avec stupeur l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions la concernant directement ce matin : « Je suis venue ouvrir, j’ai vu autour de moi que tous mes confrères étaient fermés. J’ai appelé le commissariat et ils m’ont averti que je n’avais pas le droit de servir avant le service du midi. »

C’est par le biais d’un courrier adressé par le syndicat de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie que la plupart (car tous ne l’ont pas reçu) des gérants de brasserie ont appris que la préfecture ne leur autorisait l’ouverture que pour la partie restauration. Ainsi, la majorité d’entre eux a fait le choix de renoncer au service du traditionnel café-croissant du matin. Si le patron du Gambrinus situé place Gabriel Péri estime que le préfet gardois fait du zèle, la gérante de La Rotonde redoute la perte de sa clientèle matinale : « Ce matin j’ai dû refuser tous mes habitués qui ne comprenaient pas. Au final, je ne vais travailler que le midi. Je le sentais venir donc j’avais engagé un commis de cuisine avec un contrat court d’un mois. J’aurais aimé le garder mais je vais devoir m’en séparer. » Et de poursuivre, en soulignant « l’incohérence des mesures » : « Qu’ils aient peur des rassemblements festifs en soirée je le comprends. Mais qu’on ne vienne pas embêter ceux qui viennent boire leur café le matin, souvent avant le boulot et parfois seul. »

La gérante de La Rotonde, qui n'effectue pas de service du soir, aurait préféré un couvre-feu avancé à 19 heures mais une ouverture des brasseries en début de journée pour conserver la clientèle matinale. (Photo Corentin Migoule)

Si la situation de Mickael Ballejos, gérant du Pablo, n’est pas plus reluisante, elle a au moins le mérite de faire preuve de clarté ! Son établissement réputé pour faire le bonheur des fêtards alésiens ne possède pas de volet restauration, il est donc fermé, a minima pour les trois semaines à venir. Contacté par téléphone, l'entrepreneur ne masquait pas son courroux : « Honnêtement, avec tous les petits commerces qu’il y a sur Alès, plutôt que de leur coller des restrictions qui vont les couler, la priorité n’était pas plutôt de fermer les grandes surfaces? On y rentre plus de 4000 personnes, il n’y a plus aucun contrôle aux entrées. Je ne sais même plus à combien est fixée la jauge tellement ça change souvent ! »

« Ça va être un carnage ! »

Dans l’attente de percevoir d’éventuelles aides de l’État, Mickael Ballejos se dit lassé par des mesures qui tombent du jour au lendemain. « On ne comprend rien depuis le début, personne ne nous explique avec des mots simples la marche à suivre. » S’il s'estime en partie soulagé par cet arrêt temporaire qui concerne son secteur, éprouvé « de jouer au gendarme pour faire appliquer les mesures barrières », le gérant du Pablo ne cache pas son inquiétude pour le devenir de sa profession : « Ça va être un carnage ! Ceux qui sont engagés avec des crédits et tout ce qui va avec… Il va y avoir des suicides. Ou si ce n’est pas des suicides, ça sera des grosses dépressions ! » Quant à une possible reconversion vers un secteur où la pandémie actuelle serait moins préjudiciable, le trentenaire avance l’argument sentimental : « Je me tourne le cerveau, mais ce bar c’est mon bébé. »

Corentin Migoule

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