Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 15.11.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 295 fois

GRAND AVIGNON Internet, refuge de « L’Histoire du soldat »

"L'Histoire du soldat" (Photo : ACM Studio Delestrade / DR)

Les salles de spectacles sont fermées au public pour cause de confinement. Alors pour la première fois, l’Opéra du Grand Avignon a diffusé ce samedi après-midi un spectacle, « L’Histoire du soldat », en direct sur YouTube et sur son site internet.

La salle de l’Autre Scène, à Vedène (Vaucluse) était vide, ou presque, ce samedi après-midi, mis à part les quelques techniciens de l’entreprise villeneuvoise AMDA Production, qui réalisaient la captation en direct, les régisseurs et quelques journalistes. Une salle presque vide pour une représentation de la nouvelle production de l’Opéra du Grand Avignon, « L’Histoire du soldat », le mimodrame d’Igor Stravinsky chorégraphié par Eugénie Andrin et interprété par le ballet de l’Opéra du Grand Avignon.

Un spectacle déjà reporté lors de la première vague de la pandémie de covid-19 et du premier confinement qui en avait résulté. Alors pour que le processus créatif puisse aller à son terme, l’Opéra a eu l’idée de proposer le spectacle en retransmission en direct et gratuite. Pas pareil qu'une représentation en public, « mais c’est déjà bien d’avoir un produit fini », estimera la chorégraphe à l’issue de la représentation.

« Je sentais l’oeil des caméras »

« La frustration est encore là car le spectacle est joué sans public, mais c’est aussi une chance de pouvoir aller au bout de la production, et c’est un moyen de garder le contact avec les spectateurs et pourquoi pas de toucher un autre public », estime le directeur de la communication de l’opéra Arnaud Lanez. D’ailleurs, l’opéra proposera une deuxième diffusion en direct d'une autre de ses créations de la saison, « Le Messie du peuple chauve », d’Éric Breton, ce vendredi 20 novembre à 20h30, et réfléchit, si le confinement s’éternise, à le faire avec d’autres spectacles.

"L'Histoire du soldat" (Photo : ACM Studio Delestrade / DR)

Pour les artistes, cette représentation un peu à part a été « dure, les danseurs sont beaucoup plus stressés que pour une représentation publique », affirme Eugénie Andrin. « Je sentais l’oeil des caméras », expliquera à l’issue de la représentation le danseur Ari Soto, qui interprète le clown/diable. Par ailleurs, « Il y a la froideur de la salle vide, et le pire c’est les saluts », ajoute Eugénie Andrin. Les saluts, à la fin de la représentation, silencieux comme jamais auparavant, étranges autant pour le peu de personnes présentes dans la salle que pour les artistes.

Reste que « nous avons eu cette chance inouïe de mener le projet au bout », martèle Anthony Beignard, qui interprète le petit garçon/soldat dans le spectacle. Et ça en valait la peine : dans la salle, comme sans doute devant l’écran, la magie de cette « Histoire du soldat » a bel et bien opéré malgré tout.

« Il faut savoir choisir, on n’a pas le droit de tout avoir, c’est défendu »

Une oeuvre créée en 1917 par Stravinsky, « en pleine épidémie de grippe espagnole », rappellera le directeur de l’opéra Frédéric Roels en préambule du spectacle, faisant le lien avec la situation sanitaire actuelle. Du reste, il n’y a pas que par le contexte de sa création et de sa représentation du jour que l’oeuvre reste actuelle : son message, qu’on pourrait résumer par la phrase « les choses les plus importantes dans la vie ne s’achètent pas », résonne avec toute sa force dans notre époque matérialiste. « C’est ce message qui m’a donné envie de mettre en scène cette oeuvre », affirme la chorégraphe.

"L'Histoire du soldat" (Photo : ACM Studio Delestrade / DR)

Un spectacle onirique, entre rêve et réalité, porté par des chorégraphies aériennes et sublimé par la musique de Stravinsky d’une part, et d’autre part par les textes de Ferdinand Ramuz déclamés par Didier Sandre, Denis Podalydès et Michel Vuillermoz de la Comédie-Française. Le côté enfantin rajoute à l’aspect faussement naïf du spectacle, qui met aux prises un petit garçon éternel insatisfait qui joue aux petits soldats, avec un clown qui s’avère être le diable. Le petit garçon va passer un pacte avec le diable : son violon, qu’il adore, contre un livre qui le rendra riche. Riche, mais « mort parmi les vivants », comme il le comprendra plus tard, réalisant que le violon était son âme.

« Il faut savoir choisir, on n’a pas le droit de tout avoir, c’est défendu », dit le texte. À défaut de tout avoir, l’Opéra du Grand Avignon a réussi à proposer et à diffuser un spectacle en temps de confinement. C’est déjà beaucoup.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Si vous avez raté cette diffusion en direct, sachez que « L’Histoire du soldat » sera disponible en replay dans les prochains jours sur le site et la chaîne YouTube de l’Opéra du Grand Avignon. Le replay restera disponible durant quinze jours.

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