Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.11.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2175 fois

FAIT DU JOUR Présidence du Département : l’heure de vérité !

La candidate socialiste Françoise Laurent Perrigot et le candidat Les Républicains, Richard Tibérino (Photo : droits réservés) - CHRIS

Le suspense est à son comble... Les conseillers départementaux se réunissent, ce matin, pour élire un nouveau président après la démission du socialiste Denis Bouad. Deux candidats s'affrontent : la vice-présidente PS, Françoise Laurent Perrigot et l'élu d'opposition Les Républicains, Richard Tibérino. 

Au Département, la politique n'est pas un long fleuve tranquille. Depuis les élections de 2015, la majorité relative conduite par la Gauche a vécu quelques péripéties. La première démarre au soir de l'élection, il y a cinq ans : avec 22 élus PS-PCF-EELV, le président socialise Denis Bouad sait qu'il devra négocier - parfois chèrement - l’abstention de ses 21 élus d’opposition, issus la Droite et du Centre, pour poursuivre ses politiques publiques. Un vrai défi pour la Gauche qui, jusque-là, régnait en maître sur la collectivité.

L'ancien président PS du Conseil départemental devenu sénateur le 27 septembre, Denis Bouad (Photo : Romain Cura)

Au fil du temps, majorité et opposition ont trouvé leur rythme de croisière. Certains ont même tiré profit de la situation. Denis Bouad ne l'avouera jamais... Mais le président s’est parfois caché derrière son opposition pour prendre de difficiles décisions. Des mesures d'économies notamment, pour un Département pris en tenaille entre la hausse des dépenses sociales et la baisse des aides de l’État. En face, la Droite et le Centre ne sont pas en reste : si la hausse de la taxe foncière, en 2016, en a défrisé plus d'un, tous ont bénéficié d'investissements sur leurs cantons. Ce qui n'était pas franchement du goût des anciens présidents.

À Droite, Richard Tibérino part au combat

La Droite et le Centre ont touché le pouvoir sans vraiment l'obtenir. Ce vendredi, ils ont une chance historique de l'emporter. À 9 heures, les élus se réuniront pour désigner un nouvel exécutif. Le scrutin intervient après la démission de Denis Bouad qui, élu au Sénat, ne peut pas cumuler ses deux mandats. Pendant l'intérim assuré par le socialiste Alexandre Pissas, le Droite et le Centre ont affûté leur stratégie : « après de longues discussions, nous avons choisi de présenter un candidat : Richard Tibérino », a annoncé le président du groupe d'opposition Le Bon sens républicains, Laurent Burgoa, sur notre plateau 19 heures, le live. Et de justifier : « à quelques mois des élections, nous devons présenter un candidat pour faire valoir notre offre politique. » 

Adjoint à la sécurité pendant 19 ans à la Ville de Nîmes, Richard Tibérino vient d'être élu à la présidence du SITOM Sud Gard, le syndicat en charge de la gestion des déchets. Le choix de la Droite n'est pas anodin. Le 13 novembre, coup de théâtre dans la campagne : Gilbert Collard, eurodéputé Rassemblement national, appelle à « soutenir le candidat de la Droite molle ». Il est rejoint, le lendemain, par le président du groupe RN au Département, Nicolas Meizonnet, annonçant voter « sans contrepartie » pour Richard Tibérino avec la volonté de « mettre un terme à la gestion de la Gauche. » La nouvelle met dans l'embarras la Droite gardoise. Certains élus sont réservés à l'idée de se faire élire avec les voix de l'extrême-Droite.

Il faut dire que des maires, comme celui de Saint-Gilles, ont croisé le fer aux Municipales avec le RN. Prendront-ils le risque de voter pour Richard Tibérino ? Face à cette problématique, Laurent Burgoa a modifié son discours. S'il affirmait un temps qu’à Nîmes métropole, Franck Proust avait été élu avec les voix du RN - même si ces dernières n’ont pas fait basculer le scrutin - le Républicain assure aujourd'hui : « Nous n’accepterons pas d’être élu avec les voix du Rassemblement national. Si la Gauche fait 22 voix et nous, 24, cela signifiera qu’on est élu avec les voix du Rassemblement national. » Qu'est-ce que cela signifie ? Les élus de la Droite et du Centre seraient-ils capables de démissionner ? 

La Gauche espère serrer les rangs 

Comme en 2015, la Droite et le Centre misent surtout sur des défections à Gauche. Et, là-encore, comme il y a 5 ans, les regards se portent sur Alexandre Pissas. Le président par intérim prend un malin plaisir à faire durer le suspense. Il faut dire que le socialiste garde en travers de la Gauche l’épisode des Sénatoriales. Lui qui rêvait de devenir sénateur a vu ses espoirs douchés par Denis Bouad qui lui a piqué l’investiture PS. « Il est vrai que je suis sorti d’un épisode qui aurait pu me rendre très malheureux. Quand on est malheureux, on peut être conduit à faire des choses très malheureuses », confiait Alexandre Pissas. Comme s'abstenir ou même se présenter à la présidence ? Un choix entraînant de facto la victoire de l'opposition.

Alexandre Pissas, président par intérim (Photo : Coralie Mollaret)

Pour maximiser ses chances de l’emporter, la Gauche a choisi de présenter Françoise Laurent Perrigot. Première femme élue au Département en 1981, la socialiste connaît bien la collectivité : « Ça compte pour assurer l'intérim de la présidence avant les nouvelles élections. Ensuite, comme cela a été dit, je ne suis pas quelqu’un de clivant. Je m'entends bien avec tout le monde. » Même Alexandre Pissas ? « J'ai confiance en lui. C’est un élu responsable qui, comme moi, aime son département. Je souhaite, je pense et, j’en suis même pratiquement sûre : il aura à cœur que le Département conserve la majorité actuelle. »  Pour finir de convaincre le soldat Pissas, la Gauche lui aurait également proposé la présidence d’Habitat du Gard. Le bailleur social géré par Denis Bouad...

Difficile, donc, de prédire le résultat des urnes. Dans toutes ces incertitudes, une chose est sûre : les Gardois ne sont pas au bout de leurs surprises. 

Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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