Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 18.12.2020 - stephanie-marin - 6 min  - vu 8639 fois

FAIT DU SOIR À Table avec... Illana Barry, Miss Languedoc-Roussillon et candidate à Miss France 2021

La jeune Aigues-Mortaise tentera de décocher, samedi soir, la couronne de Miss France, au Puy-du-Fou (Vendée) d'où TF1 diffusera l'élection en direct en prime time.

Illana a réalisé une des recettes de sa maman, Maguelone (Photo Stéphanie Marin)

Demain soir, au Puy-du-Fou (Vendée) les caméras de TF1 et les yeux de la France entière seront braqués sur les candidates à l'élection de Miss France. Les Gardois auront forcément les yeux de Chimène pour la jeune Aigues-Mortaise Illana Barry, Miss Languedoc-Roussillon 2020, qui nous avait fait l'amitié de nous recevoir il y a quelque temps chez elle pour un repas en toute convivialité. À table !

Rien de mieux que de se retrouver autour d’un bon repas pour discuter à bâtons rompus. Illana Barry, s’est prêtée au jeu et nous a conviés à sa table dans la maison familiale d'Aigues-Mortes. Au menu, un poulet au lait de coco saupoudré d’anecdotes et de confidences.

Le temps d’un déjeuner, Illana nous a ouvert les portes de son cocon familial niché en Petite Camargue, à Aigues-Mortes. Lovée dans un pull en grosse maille bleu marine, vêtue d’un jean ¾ et chaussée de baskets blanches, la jeune femme âgée de 19 ans affiche une simplicité et une décontraction remarquables. L’élégance n’a nul besoin d’artifice. Seule coquetterie visible, ce maquillage frais et délicat posé sur son visage, un geste qu’Illana a dû perfectionner ces derniers mois et résultat d'un apprentissage incontournable dans le parcours des Miss.

Mais nous y reviendrons plus tard, l’eau bout dans la casserole, il est temps d’y plonger les grains de riz. Notre hôtesse scrute la boîte à la recherche du temps de cuisson. « Ah, voilà ! 13 minutes. Je vais mettre une minuterie, sinon je vais oublier ! », lâche-t-elle en pianotant sur son téléphone. Quant au dosage, « je n’en sais rien. Au pire, j’en mangerai encore ce soir », s’amuse-t-elle, les yeux embués par la vapeur qui se dégage de la casserole.

Dans une poêle, des morceaux de poulet accompagnés de rondelles d’oignons et de feuilles de citronnelle seront bientôt arrosés de lait de coco. Tout en plongeant une cuillère dans la poêle pour que toutes les saveurs se mélangent, Illana se lance dans une première confidence : « Je suis une bonne mangeuse. » Elle apprécie particulièrement les poivrons, notamment grillés, et les pizzas dont la ''Quatre fromages''. « C’est ce qui me manque le plus quand je suis en voyage. Les pizzas à l’étranger ne sont pas aussi bonnes qu’en France, ou en Italie bien sûr. »

L’appétit du voyage, la soif de découvertes

Que ce soit avec sa famille ou dans le cadre de sa scolarité - lorsqu’elle était au lycée privé La Merci Littoral à La Grande Motte -, la Gardoise s’est déjà envolée pour la Thaïlande, l’Australie. Un pays où elle a d’ailleurs mangé de la viande de crocodile, une expérience surprenante qu’elle ne réitérera certainement pas. « Ça avait le goût du poulet avec la texture du poisson », se souvient-elle.

Elle est passée par l’Italie, le Maroc, les Pays-Bas, la République dominicaine, les Émirats arabes unis, le Qatar, mais aussi la Corse ainsi que l’Argentine. Si elle rêve de découvrir la Nouvelle-Zélande, ses envies de voyage sont pour l’heure mises en suspens, la faute à la crise sanitaire. En période de confinement, elle ne quitte que très rarement le domicile familial sans pour autant se sentir sacrifiée ou privée de liberté. « Si on avait parfaitement respecté le confinement, je pense qu’on n’en serait pas là aujourd’hui, estime-t-elle. C’est compliqué et certainement plus pour des personnes qui sont enfermées dans des appartements, mais il faut nous protéger et savoir faire la part des choses. » La sonnerie du minuteur retentit dans la pièce. Il est l’heure de passer à table. Illana y dépose deux assiettes copieuses avant de piocher dans le frigo une canette d’eau pétillante aromatisée aux agrumes.

Illana Barry dans la cuisine de la maison familiale située à Aigues-Mortes (Photo Stéphanie Marin)

« Je n’avais pas confiance en moi. J’ai longtemps été complexée »

Un silence s’installe au premier coup de fourchette. Mais des félicitations, malgré un manque de sel très vite rectifié, permettent de retrouver ce visage fendu d’un large sourire auquel l’Aigues-Mortaises nous a habitués depuis le début de notre rencontre. De nouveau le confinement s’invite dans notre conversation, mais il n’est qu’un indicateur temporel, car c’est à ce moment-là, lors de l’acte I, que la jeune femme a décidé de participer au plus célèbre des concours de beauté en France.

En 2018, alors qu’elle parcourait les boutiques à Montpellier, Illana avait été approchée par un membre du comité régional de Miss France. Elle avait alors 17 ans, était lycéenne et surtout bien trop timide pour défiler devant un public et un jury. « Je n’avais pas confiance en moi. J’ai longtemps été complexée », commente-t-elle. Au point de détester aller à la plage et de se satisfaire de ces otites qui la dispensaient opportunément des séances de piscine au lycée. « Je me sens mieux habillée qu’en maillot », souligne-t-elle. Deux ans ont passé et même si ses complexes ne se sont pas en totalité évaporés, encouragée par ses amis et sa famille la Gardoise s’est lancée. Après l’écharpe de Miss Beaucaire, elle décroche l’écharpe de Miss Languedoc-Roussillon.

Au menu, des morceaux de poulet arrosés d’une sauce au lait de coco et à la citronnelle, accompagnés d’une portion de riz (Photo Stéphanie Marin)

« Tu allumeras ta télé un soir de décembre […], tu verras, j’y serai »

Dans un coin de sa tête, c’est une revanche qui se joue. Illana croque un morceau de poulet et nous raconte ce jour où elle a partagé sa première vidéo sur l’application TikTok. « J’ai eu le malheur de mettre des talons. J’ai reçu un commentaire d’un garçon que je ne connaissais pas qui me disait : ''Tu es sérieuse ? Tu as vu comme tu es grande et en plus tu mets des talons !'' »

Un commentaire qui a ramené la jeune femme au temps de l’école primaire. « On sait comme les enfants peuvent être méchants entre eux. Je me souviens avoir été rejetée par des camarades parce que j’étais trop grande. Je pouvais en pleurer. » Aucune rancœur n'accompagne ce souvenir. Mais sa force de caractère lui a dicté la réponse a adresser à ce commentateur indélicat : « Tu allumeras ta télé un soir de décembre et tu verras que les Miss mettent des talons même si elles sont grandes. Et tu verras, j’y serai. »

Des commentaires, elle en a eu d’autres, à caractère raciste même et ce dès sa victoire à l’élection de Miss Beaucaire. « Je me suis préparée à cela. Ce sont des personnes ''courageuses'' qui commentent sous couvert d’anonymat. Je me souviens de ce commentaire : ''Ramenez-la dans son pays''. » Des propos auxquels la jeune femme répond en riant presque : « Je suis née en France. Mon père et ma mère sont nés en France. Mon père est métis d’origine guinéenne, né d’un père noir et d’une mère blanche. Moi, je suis quarteronne. » Comprenez, née d’un papa métis et d’une maman blanche. « J’y tiens à ce mot. Quand on m’attaque à ce sujet, je réponds que je ne suis pas métisse mais quarteronne. Comme les gens ne savent généralement pas de quoi il s’agit, ils s’arrêtent net. »

Illana avec sa maman, Maguelone, dans le salon du cocon familial (Photo Stéphanie Marin)

« Il faut savoir en profiter... »

Illana aura-t-elle le même répondant face au taulier du PAF (paysage audiovisuel français), Jean-Pierre Foucault ? On l’espère. Le jeu des questions-réponses n’est pas l’épreuve qu’elle appréhende le plus, contrairement au défilé en maillot de bain comme déjà évoqué supra. Du plus loin que sa mémoire lui permette de se souvenir, elle n’a jamais raté une élection et sait, peu ou prou, à quoi s’attendre. À trop préparer ses éventuelles réponses, la jeune femme craint de perdre de sa spontanéité, de son naturel. Elle n’en reste pas moins une candidate appliquée.

Elle a fait le choix de préparer son master en commerce international par correspondance pour pouvoir conjuguer études et élection sans anicroche. « Je me suis dit que ce serait plus facile et je n’ai pas de regret. Cette semaine, je n’ai eu qu’une journée de libre. » Illana multiplie les séances photos, les essayages de tenues pour le grand soir, etc. « Être candidate à l’élection de Miss France n’arrive qu’une fois dans une vie. Il faut savoir en profiter. » D’autant plus dans ce contexte si particulier. La crise sanitaire est venue chambouler la centième édition de l’événement.

Les assiettes sont désormais vides et « je n’ai pas fait de dessert, s’excuse Illana. Mais il y a des fruits ou des yaourts. » Comme elle, le sucre n’étant pas notre tasse de thé, nous optons pour un simple café. Impuissante face à une cafetière capricieuse, la Gardoise appelle sa mère, Maguelone, à la rescousse. « Ah oui, certaines capsules ne passent pas, effectivement », constate cette dernière. Et la même de s'enquérir : « Alors c’était bon ? »

Nous acquiesçons et la discussion reprend de plus belle. À trois désormais mais toujours sur ce thème qui anime la famille Barry : l’élection de Miss France. Maguelone s’inquiète de ne pouvoir y accompagner sa fille, « à cause des restrictions sanitaires. On attend des nouvelles du comité. » Mais elle s’amuse et se réjouit de voir sa fille multiplier les articles de presse. « Elle en a plus que son grand-père. »

Ledit aïeul, Jean-Marc Allègre, ne vous est peut-être pas inconnu. Le poète et écrivain aigues-mortais, aujourd’hui âgé de 90 ans, a été acteur et cascadeur. Il a notamment été la doublure d’Eddie Constantine et a, entre autres, donné la réplique à Bernadette Lafont et Brigitte Bardot au cinéma. Un coup de coude mutuel remplace la traditionnelle poignée de main au moment des au revoir que nous clôturons par un « merci et m…. », montrant nos doigts croisés et tournant les talons sans attendre de réponse. Surtout pas.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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