Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 18.03.2021 - thierry-allard - 4 min  - vu 438 fois

GARD RHODANIEN Portrait économique d’un territoire atypique

Philippe Saigne-Vialleix (Photo d'archives Objectif Gard)

Il voulait avoir « des éléments tangibles » du contexte économique. Le président de l’Agglo, Jean-Christian Rey, a commandé via l’intercommunalité un panorama économique du territoire à la Banque de France.

Un panorama présenté mardi soir en visioconférence par le directeur départemental de la Banque de France, Philippe Saigne-Vialleix. Le directeur commencera par un point national, pour rappeler qu’actuellement « l’économie tourne à 95 % de son niveau d’avant-crise, ce qui cache d’importantes disparités », certains secteurs, comme la culture ou l’hôtellerie-restauration, tournant au ralenti depuis des mois. Ce qui n’empêche pas la Banque de France de tabler sur une croissance de 5,4 % pour 2021, 3,9 % pour 2022 et 1,8 % pour 2023 à l’échelle nationale.

Au niveau du Gard rhodanien, on note plusieurs chiffres intéressants. Celui de la population active pour commencer, avec 54,3 % sur le territoire de l’Agglo, contre 51,5 % dans le Gard et 56,3 % pour la France métropolitaine. Si le Gard rhodanien est en deçà de la moyenne nationale, il est nettement en dessus de celle du Gard. Le Gard rhodanien se distingue aussi sur la typologie de ses entreprises, avec 12,3 % d’entreprises agricoles contre 7,8 % dans le Gard et 7,1 % en France métropolitaine. La différence est moins flagrante en nombre d’entreprises pour l’industrie, puisque 5,7 % des entreprises du territoire sont de ce secteur d’activité contre 5,6 % dans le Gard et 5,4 % en France métropolitaine.

Du retard sur le commerce

En revanche, ces entreprises industrielles concentrent 28 % des effectifs dans le Gard rhodanien, contre 16,7 % dans le Gard, de quoi conforter l’aspect industriel du territoire. En revanche, le Gard rhodanien est nettement en retard sur les commerces, puisque seuls 12,3 % des effectifs y travaillent, contre 21,5 % dans le Gard. Le Gard rhodanien reste dynamique en créations d’entreprises, puisqu’en 2019, on comptait 49,2 % d’entreprises jeunes, soit plus que la moyenne nationale.

Les chiffres se sont ensuite concentrés sur les entreprises qui font plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires annuel. On y voit que les effectifs sont nettement plus concentrés dans des petites entreprises (de moins de 50 salariés) qu’au niveau national (13,1 % dans le Gard rhodanien contre 7 %). « Ce sont des entreprises plus petites qui font le tissu économique », commente le directeur de la Banque de France. Ces entreprises de plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires sont pour une bonne partie dans l’industrie et le BTP (52,2 %). C’est nettement plus qu’au niveau national (38,3 %).

Quant au tissu industriel, « il est différent du tissu national », avance Philippe Saigne-Vialleix. Les industries « non métalliques », c’est à dire excluant notamment l’automobile et l’aviation, la pharmaceutique et l’agro-alimentaire trustent les premières places sur le territoire, et le Gard rhodanien compte nettement plus d’entreprises de haute technologie que la moyenne nationale (22,4 % contre 15,7 % à l’échelle nationale).

Les entreprises du Gard rhodanien montrent aussi de meilleurs indicateurs qu’au niveau national, avec un taux de valeur ajoutée de 31,8 % sur le territoire contre 24,3 % au niveau national, et 85,3 % de cotations favorables et très favorables de la Banque de France contre 72,4 % au niveau national en 2019. Ce dernier indicateur progresse nettement, de près de 9 %, entre 2015 et 2019, « une augmentation qui ne se retrouve pas au niveau départemental et national », note le directeur de la Banque de France. Les entreprises du Gard rhodanien sont donc plus robustes que la moyenne.

« Des ménages en meilleure situation financière » dans le Gard rhodanien

Est-ce à dire qu’elles ont mieux résisté à la crise sanitaire ? Trop tôt pour le dire, mais pour l’instant, « ce n’est pas significatif sur le nombre d’entreprises », précise Philippe Saigne-Vialleix, qui souligne « des effectifs stables dans le Gard rhodanien alors qu’ils ont tendance à augmenter dans le Gard. » Les entreprises du Gard rhodanien ont plus massivement que la moyenne recouru aux prêts garantis par l’État (PGE), et 61,1 millions d’euros de PGE y ont été accordés.

Quant à la capacité de remboursement des crédits par les entreprises, elle reflète la tendance entrevue plus haut : celles de l’industrie et du BTP sont meilleures que la moyenne gardoise, mais celles du commerce sont bien pires, 7,6 ans dans le Gard rhodanien contre 4 ans dans le Gard. RAS sur les défaillances d’entreprises pour l’instant, grâce aux différentes mesures de soutien de l’économie.

Le Gard rhodanien se distingue également sur ses créations d’entreprises : là où dans le Gard ce chiffre a souffert en 2020, avec près de 300 créations d’entreprises en moins par rapport à 2019, les créations se maintiennent dans le Gard rhodanien, avec 194 nouvelles entreprises en 2020 contre 199 en 2019.

Enfin, sur un aspect plus sociologique, l’Agglo du Gard rhodanien présente « des ménages en meilleure situation financière que la moyenne nationale », avance Philippe Saigne-Vialleix. Ça se retrouve sur le taux de pauvreté monétaire : là où le Gard compte un taux de 19,3 %, le Gard rhodanien en présente un de 16,5 %, en dessous de la moyenne régionale qui est de 16,8 %, et très en dessous des Agglos de Nîmes (22 %) et d’Alès (21,9 %).

Idem sur le RSA : le Gard rhodanien présente un taux de recours de 6,6 % de la population, contre 8,6 % dans le Gard et 6,4 % en Occitanie. Autant d’« éléments tangibles », pour reprendre les propos de Jean-Christian Rey, qui compte dessus pour « pouvoir préparer les politiques publiques les plus efficaces possibles ».

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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