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Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 05.08.2021 - norman-jardin - 4 min  - vu 12390 fois

FAIT DU JOUR 20 ans après la suppression du service militaire, des Gardois se souviennent

Militaires (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

En 2001, le service militaire obligatoire était supprimé, conformément à la décision prise en 1996 par le président de la République française, Jacques Chirac. Vingt ans plus tard, nous avons rencontré des anciens appelés pour recueillir leurs souvenirs de régiment mais aussi leur avis sur la fin de ce que l’on appelé « faire l’armée ».

« Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie » énonce la loi Jourdan qui, le 19 fructidor An VI (5 septembre 1798), institue la conscription et le service militaire obligatoire. Le 22 février 1996, le président de la République française, Jacques Chirac, annonce sa décision de professionnaliser les armées. Il laisse sous-entendre que la seule solution est de supprimer définitivement la conscription obligatoire, et de la remplacer par un volontariat. C'est chose faite en 2001 quand les derniers appelés sont libérés de leur obligations militaires. En 203 ans des millions de français ont été appelés sous les drapeaux.

Des militaires dans les années 1960 (fonds Collignon - Archives municipales de Nîmes)

Pendant deux siècles, le service militaire a touché toutes les familles et presque tous les Français. Il en sortait quelques expressions restées dans les mémoires comme : « Faire ses classes », « La corvée de chiottes » « La quille », « Le trois jours », « Les permissions » et bien d’autres plus ou moins grivoises. Si tout cela est étranger aux nouvelles générations, les plus de 40 ans s’en souviennent. Et pour cause, ils font partie des appelés du contingent. Ces Gardois n’ont pas oublié leur passage sous les drapeaux.

«  Il y avait de la discipline, de l’entraide, et de la camaraderie »

« C’était une bonne expérience, je me suis fait des collègues de régiment et j’ai passé des bons moments. Ça nous mettait du plomb dans la tête » se souvient Yvan. Il a fait son service militaire en 1975 comme Tony qui n’y est pas parti de bon cœur : « L’esprit militaire ce n’est pas ma tasse de thé, mais j’ai gardé des contacts avec des camarades. » Le Vergézois, d’abord réticent a fini par y apprendre quelques valeurs : « C’est un changement de vie, mais Il y avait de la discipline, de l’entraide et de la camaraderie. On disait aussi que c’étaient 12 mois de perdus, mais j’ai eu des bons moments »

« J’en ai profité pour aller à la fête de la bière à Stuttgart  »

Jean-Luc est Nîmois, il fait aussi partie des appelés des seventies et il n’a pas à se plaindre de sa période militaire : « Ils m’ont envoyé à Angers et Je me suis blessé en faisant le parcours du combattant. Du coup j’ai été muté en Allemagne et j’en ai profité pour aller à la fête de la bière à Stuttgart. J’ai été affecté comme secrétaire du capitaine et j’ai fini sergent. » On appelait cela à l’époque un planqué. Dans les années 1970, le service national a été popularisé par la fameuse chanson de Michel Sardou « Le Rire du sergent » (1971) et les films des Charlots « Les Bidasses en folie » (1971) et « Les Bidasses s’en vont en guerre » (1973).

Un certificat du service militaire délivré en 1976 (archives privées JLB)

« Trois jours avant de partir, j’ai reçu une proposition d’embauche que j’ai dû refuser »

Mais le SN ce n’était pas du cinéma et il fallait s’acquitter des corvées, comme le lit au carré, les marches au pas, les réveils à l'aube et les manœuvres. Le tout sans protester. Hugues, un Aveyronnais installé dans le Gard, garde un souvenir particulier de son incorporation en 1986 : « Trois jours avant de partir, j’ai reçu une proposition d’embauche que j’ai dû refuser. » Féru de sport, il trouve son bonheur dans ce domaine dans son régiment de Castelsarrasin. Vingt ans après sa suppression faut-il rétablir le service militaire ? l'ancien sapeur n'y ai pas favorable : « Je n’avais pas besoin d’être encadré pour faire mon lit, mais ça a peut-être utile à d’autres. Alors le rétablir ? Si tu fais quelque chose qui est en rapport avec tes qualifications et tes envies pourquoi pas. Mais pas comme nous l’avons connu dans les années 1980. »

« Je ne pense pas qu’il faut le rétablir de façon obligatoire»

Luc est d’une autre génération, c’est en 1998 qu’il a rempli ses obligations militaires, parmi les derniers appelés. L’Alésien n’est pas favorable au retour du service militaire de son époque « Je ne pense pas qu’il faut le rétablir de façon obligatoire pour tout le monde. Mais laisser la possibilité ou proposer pendant les JAPD (Journée d'Appel de Préparation à la Défense, ndlr) à ceux qui le désirent de passer un certain temps dans l’armée pour une forme de service militaire volontaire. Ça peut permettre à certains de trouver une voie et ça n’impose pas à tout le monde de perdre une année… »

« Ça ferait du bien à certains jeunes, ça les remettrait dans le droit chemin »

Pour d’autres, le service militaire serait aujourd’hui bien utile à la société, c’est le cas de Julien de Bagnols-sur-Cèze « ça ferait du bien à certains jeunes, ça les remettrait dans le droit chemin ». Paroles d’appelés, mais qu’en pensent les jeunes d’aujourd’hui ? Sacha a 23 ans, il habite à Alès et il ne serait pas contre le retour du SN : « Je suis pour sous conditions. Je pense à quelque chose de plus pédagogique avec des thématiques comme  l'environnement, le respect des femmes et le bien-être animal. En quelque sorte ce serait remplacer les parents dépassés dans l'éducation de leurs enfants. Une partie théorique le matin et le sport l’après-midi. Le tout avec de la discipline. Les jeunes qui ne savent pas quoi faire, ça leur trouverait quelque chose et ça leur ferait du bien. » Une formule qui omet totalement l’aspect militaire.

Si le service militaire obligatoire n’existe plus, l’engagement au service de la France est renforcé par d’autres dispositifs comme le Service civique (depuis 2010), le Service militaire volontaire (depuis 2015), le Service militaire adapté (depuis 1961), l’Établissement pour l’insertion dans l’emploi (2005), les Cadets de la Défense (depuis 2008) et les Cadets de la République (depuis 2005).

Norman Jardin

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