Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 13.09.2021 - coralie-mollaret - 6 min  - vu 1562 fois

FAIT DU JOUR La République en marche dans le Gard : deux patrons pour un parti  

Valérie Rouverand et Jérôme Talon sont les deux co-référents de LREM dans le Gard (Photos : Coralie Mollaret, Marie Meunier / Objectif Gard)

Le Gard est l'un des premiers départements où La République en marche a initié une co-direction. D'un côté, l'ancien socialiste, Jérome Talon, actuel directeur général des services de la mairie de Bagnols-sur-Cèze. De l'autre, l'ex-centriste, Valérie Rouverand, enseignante et élue à la ville de Nîmes. Interview croisée des deux responsables politiques à l'approche de la présidentielle 2022. 

Objectif Gard : Pour l'instant, Emmanuel Macron est en bonne position pour décrocher un second mandat. Seulement, sa victoire ne serait pas comparable à 2017. Ce serait une victoire sans l’enthousiasme, non ?

Valérie Rouverand : Ce n’est pas pareil que 2017, c’est vrai. Le président a dû subir et protéger les Français avec cette crise sanitaire pendant deux ans. Il a fait face. Ça nous a touchés au quotidien. Notre vie a complètement changé. Quand vous allez à l’étranger, vous prenez la mesure de la gestion de la France. Mais ne dites pas qu'il n'y a pas d'enthousiasme, au contraire !

Jérôme Talon : D'abord il va présenter un bilan, en plus d'un projet, et il n'a pas à rougir de ce bilan, abstraction faite du covid qu'il a fallu encaisser, et on se rappellera qu'il est en passe de gagner son pari vaccinal, qu'il a pris les bonnes options. L'enthousiasme, je ne sais pas à quoi le mesurer, ce que je sais c'est qu'il y a une majorité silencieuse qui soutient Emmanuel Macron, qui veut reprendre les réformes et qu'on continue d'avancer.

Objectif Gard : Il y a quand même une forte contestation, d’abord avec les Gilets jaunes puis maintenant les antivax. Les manifestants l'accusent d’être autoritaire, « jupitérien » même… 

Valérie Rouverand : En France, on est « anti » beaucoup de choses. Nous savons peu reconnaître les avantages que nous avons. Heureusement que nous avons cette protection qu’est le vaccin ! Je ne trouve pas les manifestations antivax légitimes. C’est révoltant. Aujourd’hui, les enfants ont besoin d’aller à l’école en présentiel, nous avons besoin de travailler…

Jérôme Talon : Je suis persuadé qu'il y a 25 à 30 % des Français très enthousiastes pour qu'Emmanuel Macron poursuive les réformes. On va s'occuper de défendre le bilan dès la semaine prochaine dans l'optique d'une majorité présidentielle large qu'on veut continuer d'élargir.

Objectif Gard : Pour l'heure, Emmanuel Macron n'a pas de vrai rival politique, si ce n'est Marine Le Pen... 

Valérie Rouverand : Justement, laissez-moi apprécier et sourire !

Objectif Gard : Dans la foulée de la présidentielle s’organisent les élections Législatives. Pensez-vous cette fois que ce sera une aussi grosse vague qu’en 2017 ? 

Valérie Rouverand : On le sait bien que ce ne sera pas la même vague que 2017. Lors de ces dernières élections, il y a eu une sorte de révolution où l’on souhaitait faire de la politique différemment. On souhaitait mettre fin aux clivages politiques stériles et avoir plus d’engagement citoyen. Les Français ont envie que les politiques leur ressemblent. Ça a été très manifeste en 2017. Aujourd’hui il faut défendre un bilan, porté également par les députés. 

Jérôme Talon : Ce ne sera pas la même. S'il doit y avoir une vague, il y aura des pertes en ligne, elle sera moins large. C'est pour ça que tout l'enjeu est d'élargir la majorité à des gens de l'UDI, des LR déçus de ce qui se passe avec leurs primaires et je ne désespère pas que tous les réformistes du PS comprennent que le seul à pouvoir réformer le pays est Emmanuel Macron, pas Anne Hidalgo. Il y a des tas de socialistes qui ont fait un choix différent aux Régionales, mais qui sont plus proches d'Emmanuel Macron que d'Anne Hidalgo.

Objectif Gard : La députée élue sous les couleurs d’En Marche, Annie Chapelier, a quitté le mouvement. Elle s’est sentie impuissante à l’Assemblée. Est-ce un échec de l’entrée de la société civile en politique ? 

Valérie Rouverand : Je n’ai pas de jugement à faire. Je ne la connais pas. Quand vous êtes bien quelque part et que vous avez vos convictions, vous allez au bout de la démarche. Des gens viennent de Droite, de Gauche. Ils ne sont pas forcément d’accord, mais ils sont modérés et veulent construire. Ça peut provoquer quelques difficultés mais c’est une grande source de richesse. 

Jérôme Talon : Elle n'est plus chez LREM, la question de son investiture ne se posera pas chez nous. Il faut voir si elle s'inscrit dans la majorité présidentielle, tout ça se discutera avec nos partenaires. Mais s'inscrit-elle dans la majorité présidentielle ? J'ai un doute.

Objectif Gard : Mais est-ce un échec de l'entrée de personnes de la société civile en politique ? 

Valérie Rouverand : Quelques fois oui, mais d'autres s'en sortent très bien comme Anthony Cellier. L'échec serait plutôt sur les élections intermédiaires. Nous sommes un mouvement jeune, nous n'avons pas la même histoire que les autres partis. On a un président qui incarne tout et effectivement les élections intermédiaires n’ont pas été à la hauteur de nos espérances.

Objectif Gard : Après la présidentielle, les Législatives. Un mot sur le mode de désignation des candidats. Quel sera-t-il ? 

Valérie Rouverand : Pour l’instant, on ne sait pas...

Jérôme Talon : C'est une grande question qui doit être tranchée par le bureau exécutif (auquel il appartient, ndlr). Ma position c'est qu'un député sortant, à part s'il a démérité objectivement, s'il a envie de repartir, reçoive l'investiture. Pour moi, il y a une prime au sortant. Il nous faut aussi déterminer le calendrier de désignation, certains prêchent pour qu'elles soient très rapides, d'autres pour le dernier moment.

Objectif Gard : Valérie Rouverand, vous avez réalisé un bon score aux élections départementales de juin sur le canton de Nîmes 3. Serez-vous candidate aux élections Législatives ? 

Valérie Rouverand : Effectivement personne n’imaginait que nous allions faire ce score. Je savais que c’était difficilement gagnable. Je voulais incarner la majorité présidentielle aux élections. Pour moi, le local est quelque chose d’important. Je souhaitais le faire sur la ville centre. Le résultat est bénéfique. Je m’inscris en mon nom sur l’échiquier politique. L’avenir dira ce qu’il va en dérouler. 

Objectif Gard : Le problème, c'est qu'il y a deux députés de la majorité présidentielle qui se représentent sur les deux circonscriptions nîmoises : Françoise Dumas et Philippe Berta. 

Valérie Rouverand : Oui, c'est vrai. Vous savez, se présenter à une élection, c’est comme passer un examen. Je m’étais dit que si je faisais moins de 5%, j’abandonnerai la politique. Finalement j’ai fait 14,5%. J’incarne la modération, je peux travailler avec des gens de la Droite modéré et de Centre Gauche. Moi, je suis mon chemin de façon logique. Je suis présidente du groupe Les Progressistes à la Ville et l'Agglo. Je me suis engagée dans la politique locale et je continuerai.

Objectif Gard : Quel regard portez-vous sur l’ascension fulgurante de la députée nîmoise Françoise Dumas ? 

Valérie Rouverand : On ne peut que l'applaudir. Bravo pour cette ascension ! Elle fait très bien son travail et incarne tout à fait la commission Défense qu'elle préside. 

Jérôme Talon : Je pense que le travail paie. Elle a su travailler dans une commission où elle était déjà, elle connaît les arcanes de l'Assemblée nationale et s'investit énormément dans la présidence de la commission Défense. Elle a fait un choix sur une thématique nationale plutôt que territoriale, c'est tout à son honneur.

Objectif Gard : Sur la deuxième circonscription, le député RN sortant paraît affaibli. Nicolas Meizonnet a été défait aux élections Départementales. Quel candidat choisir sur la deuxième circonscription ? 

Valérie Rouverand : Pour toutes les circonscriptions de France, nous parlons d’abord de défendre le bilan. Nous avons un tract qui va sortir ce week-end. C'est la première grosse mobilisation. En octobre, on organisera notre événement de rentrée à l'Atria avec peut-être quelques invités de marque.

Jérôme Talon : Il faut un candidat qui y croit, pas un candidat par défaut. Il faut, dans le cadre des négociations entre les partenaires, déterminer qui a envie d'y aller, il faut voir la réalité de nos forces sur cette circonscription très difficile. Aux Départementales, il y a eu un sursaut qui a profité au PS. Je préfère qu'il n'y ait pas de candidat LREM sur la circonscription et qu'il n'y ait plus le RN à l'arrivée plutôt que d'en avoir un et une circonscription qui reste au RN.

Objectif Gard : Jérôme Talon, quel regard portez-vous sur le score de Valérie Rouverand aux élections départementales (canton de Nîmes 3) ?

Jérôme Talon : Je suis admiratif de son résultat aux Départementales. Personne ne pensait qu'elle passerait les 10 % et Laurent Burgoa était sûr de gagner. Son score montre que l'investissement en politique compte, et elle a affiché les logos de LREM et de ses partenaires, pas comme nous l'avons fait aux Régionales, qui ont été un échec cuisant.

Objectif Gard : Valérie Rouverand, quel regard portez-vous sur la stratégie de Jérôme Talon et le choix des candidats de La République en marche dans le Gard Rhodanien ? 

Valérie Rouverand : Écoutez, je peux vous dire que l’on est une équipe formidable avec des convictions. Bien évidemment quand j’ai été nommée co-référente, c’était nouveau. Ce temps-là était un peu tendu, chacun portait sa propre candidature. Mais avec Jérôme, nous nous sommes trouvés. Nous sommes complémentaires sur un territoire différent entre le Gard rhodanien et la Ville centre. 

Objectif Gard : LREM dans le Gard, c’est deux patrons pour un parti. Finalement, qui a vraiment le pouvoir ? 

Valérie Rouverand : Nous sommes les deux responsables du Gard. Ensuite, il y a le comité politique avec les élus et celui des territoires regroupant les animateurs de comité. Personne n’a le dessus sur l’autre. 

Jérôme Talon : Les deux ! C'est la réalité, on partage nos décisions. Nous nous sommes parlés et nous avons fait abstraction de ceux qui voulaient que ça ne marche pas.

Propos recueillis par Thierry Allard et Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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