Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 16.10.2021 - thierry-allard - 3 min  - vu 2441 fois

PUJAUT Le barrage du Planas conforté, entre lutte contre les inondations et biodiversité

Le barrage du Planas, à Pujaut (Photo : studio Delestrade Avignon)

Le barrage du Planas, à Pujaut, a été inauguré ce vendredi matin en présence des élus (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Il fut un temps, lointain désormais, où le village de Pujaut, à une dizaine de kilomètres d’Avignon côté gardois, comprenait un grand étang dans sa plaine, asséché au XVIIe siècle par les moines chartreux pour développer l’agriculture. 

Quatre siècles après la construction du barrage du Planas par les moines, le Grand Avignon a mené en 2020 de lourds travaux de rehaussement et de prolongement vers le nord dudit barrage. Il faut dire qu’entre-temps, les inondations de 2002, qui ont submergé une partie de Pujaut, ont changé la donne. « C’est la crue référence, avec plus de 300 mm de pluie en une journée, et plus d’un mètre d’eau au cellier des Chartreux », pose Béatrice Marti, chargée du dossier Gemapi, la gestion de l’eau, des milieux aquatiques et de la protection contre les inondations, une compétence de l’Agglo du Grand Avignon. 

« On se souvient tous de 2002, ça a été un détonateur », note le maire de Saze et vice-président du Grand Avignon délégué à la compétence Gemapi, Yvan Bourelly. De fait, il y a eu un avant et un après 2002, avec l’obligation imposée de mettre sur pied des PAPI (programmes d’actions de prévention des inondations). Les travaux du barrage du Planas s’inscrivent dans la deuxième mouture de PAPI du Grand Avignon, alors que la troisième est engagée. 

Concrètement, ils ont consisté à « rehausser le barrage et prolonger le tronçon nord de la digue pour augmenter le volume de rétention, et parallèlement sécuriser le curage, la vidange et le déversoir », résume Béatrice Marti. Avec ces travaux, la capacité de stockage passe de « 500 000 m3 à 1,2 millions de m3 », ajoute-t-elle. De quoi éviter une inondation de la plaine, notamment du hameau de Saint-Althelme, en cas de crue décennale. 

La protection contre les inondations « devient de plus en plus évidente, avec le dérèglement climatique la fréquence et l’intensité des crues augmente », note Yvan Bourelly. « C’est une nécessité de sécuriser les personnes et les biens », ajoute la conseillère régionale Monique Novaretti. L’idée est aussi de protéger les activités de la plaine, à savoir la viticulture, l’aérodrome, l’agriculture et le tourisme. 

Une zone humide majeure

Autre aspect de cet ouvrage, la préservation de la biodiversité. Sur ce plan, le Grand Avignon a conventionné avec le Conservatoire des espaces naturels d’Occitanie pour dix ans afin de gérer « cette zone humide majeure, il y en a très peu dans le secteur, surtout de cette taille, 50 hectares », note Célia Grillas, chargée de projet au Conservatoire. « C’est un site connu pour sa très grande richesse, une zone humide qui récupère les eaux de ruissellement de la plaine, qui joue un rôle d’éponge, ce qui est très important pour les inondations », poursuit-elle. 

65 espèces à enjeux sont recensées sur la zone humide : 15 espèces d’insectes, 11 espèces de fleurs, 13 espèces d’oiseaux, 14 espèces de mammifères dont 13 de chauves-souris, sept espèces d’amphibiens ou encore cinq espèces de reptiles. La majorité de ces espèces sont protégées et réparties « dans trois grands types de milieux, la prairie humide, des grands espaces boisés et une grande roselière, avec chacun son type de biodiversité », explique Célia Grillas. 

Une « zone d’emprunt » a servi à prélever les matériaux nécessaires aux travaux. Sur cette zone, des mares provisoires ont été creusées et abritent déjà de nombreux amphibiens. Des travaux vont suivre dans le cadre du plan de gestion sur dix ans, avec prochainement l’installation d’un berger dans la zone humide, histoire notamment de freiner la colonisation des peupliers, le défrichement des zones trop denses pour faire émerger de nouvelles espèces, ou encore le développement d’un programme d’activités de pleine nature sur le site. « L’objectif est de conserver cette mosaïque d’habitat », commente Célia Grillas. 

Il va aussi s’agir d’en finir avec le terrain de moto-cross sauvage qui a pris place sur le site, mais aussi de sensibiliser la population. 370 000 euros sont sur la table pour ce plan de gestion. En tout, les travaux du barrage du Planas ont coûté 1,71 million d’euros hors taxes, avec une participation de l’État (676 000 euros HT), de l’Union européenne via les fonds FEDER (338 000 euros HT) et de la Région Occitanie (338 000 euros HT). Le Grand Avignon a assumé le reste, soit 354 000 euros. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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