Publié il y a 1 an - Mise à jour le 18.05.2022 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 1918 fois

JUSTICE L'escroc, la vieille dame, la Porsche et le viager

Sanction diminuée en appel, elle passe de 30 mois de prison à 18 mois dont 6 mois avec sursis
(Photo d'illustration /ObjectifGard)

Un ressortissant Belge, âgé de 54 ans au moment des faits, a été condamné mardi matin devant la cour d'appel correctionnelle de Nîmes pour avoir abusé de la faiblesse psychologique d’une retraitée.

Une septuagénaire avec qui il a entretenu des relations intéressées. Le prévenu a été condamné en première instance, début janvier. Il était poursuivi en justice pour abus de faiblesse et violence par une personne ayant été son conjoint. Le mis en cause qui s'est défendu bec et ongles devant les magistrats en réfutant l'intégralité des infractions, a joué sur la corde sensible en expliquant qu'il "avait de l'affection pour cette dame", et "n'a jamais voulu la manipuler. Je ne suis pas un manipulateur. Elle voulait me faire plaisir en m'offrant ce cadeau car elle savait que c'était mon rêve de petit enfant d'avoir une Porsche", affirme le quinquagénaire la main sur le coeur.

La victime, en état de fragilité psychologique après le décès de son époux, pensait avoir trouvé une oreille à qui se confier. Mais rapidement elle va dépenser sans compter pour cet homme, déjà connu de la justice pour des violences. Les faits se sont déroulés fin 2019 à Pont-Saint-Esprit, avec une rencontre, puis une relation amoureuse et enfin des détournements d’argent. La victime aurait payé près de 12 000 euros de cadeaux en deux mois, mais c’est l’achat d’une voiture de luxe, une Porsche à 236 000 euros qui va déclencher une plainte, puis une enquête. "Il est formidable ce monsieur, il se défend comme une victime alors que dans ce dossier tout est à son bénéfice. Il manipule en permanence la réalité, tacle l'avocat général Bertrand Baboulène. Au bout de cinq semaines de relation, il se voir offrir une Porsche avec toutes les options et il y a en plus ce projet de rente viagère à son bénéfice", s'indigne l'avocat général, certain de la culpabilité du mis en cause qui a réponse à tout. Le prévenu lorgnait aussi sur un appartement de la retraitée. "Il a vu trop gros", estime maître Carolie Gay, pour la victime.

Maître Coralie Gay a défendu les intérêts de la victime. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Même sur des anomalies financières constatées par les enquêteurs sur son compte bancaire, notamment 6 000 euros qu'il a déposé en liquide, il prétend dans la stupéfaction générale qu'il s'agit d'argent versé par les impôts en Belgique. "Ah bon les impôts belges versent en liquide ! C'est surprenant non", interroge la président de la cour d'appel qui reprend : "D'autant que vous avez indiqué il y a quelques minutes à cette audience que vous n'aviez aucun revenu depuis plusieurs années. Comment pouvez-vous percevoir 6 000 euros de trop perçus des impôts...", poursuit la magistrate.
Le mis en cause, arrivé libre à l’audience du tribunal correctionnel de Nîmes le 8 janvier dernier, était reparti entre deux policiers à la maison d’arrêt. Il avait été condamné à 30 mois de prison, dont 12 mois avec un sursis probatoire de 3 ans, mais surtout un mandat d'arrêt à l'audience. Il lui était interdit d’approcher la victime à sa sortie de prison. Le tribunal était allé au-delà des réquisitions en ordonnant un mandat de dépôt à l’audience.
La transaction commerciale d’achat de la Porsche avait été annulée auparavant. En cour d'appel, l'avocat du prévenu, maître Abdelghani Merah, a estimé "qu'on ne devait pas enlever de ce dossier les sentiments entre deux personnes et les relations de couple ". L'avocat nîmois est parvenu à faire baisser nettement la sanction et son client est relaxé sur les infractions de violences. Il pourra effectuer sa peine de un an ferme sous forme de bracelet électronique. 

Boris De la Cruz

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