Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.06.2022 - pierre-havez - 4 min  - vu 947 fois

NÎMES « Elle a dû se cacher sous un bureau pour échapper à son ex ! »

(Photo d'illustration : Anthony Maurin)

Particulièrement agité pendant toute l’audience, Ouassim est condamné à 12 mois de prison avec sursis par le tribunal de Nîmes, ce mardi 31 mai, pour avoir harcelé et menacé sa compagne jusqu’à son lieu de travail, le 11 avril dernier à Nîmes.

Alors que le couple est séparé depuis plus de huit mois et que Ouassim a refait sa vie avec une nouvelle compagne, à Nice, il exige ce jour-là de pouvoir parler sur-le-champ à Elodie, la mère de leur fille de 6 ans. Après des messages d’insultes auxquels Elodie ne répond pas car elle se trouve en pleine réunion, il finit par se rendre devant la porte de ses bureaux. « Je te laisse deux minutes pour sortir sinon je vais niquer tout le monde ! », menace-t-il par texto. Toujours sans réponse, il attend devant l’entrée pendant une heure jusqu’à ce qu’elle sorte fumer une cigarette, puis lui intime de la suivre et finit par tenter de casser la porte d’entrée, lorsqu’elle rentre se réfugier à l’intérieur. Terrorisée, Elodie se cache sous un bureau après avoir fermé la porte à clef, jusqu’à ce que Ouassim se décide à faire demi-tour.

Comme un boxeur

« Je suis loin d’être parfait, mais je ne suis pas mauvais au point qu’elle le dit. Toute cette situation aurait pu être évitée si elle m’avait dit qu’elle ne pouvait pas me répondre. Mais on ne remonte pas le temps », tente-t-il de s’expliquer, d’une voix tendue, dans le box des détenus. Alternativement, il saute d’un pied à l’autre comme un boxeur, croise les bras, se touche la barbe, renifle, puis sourit nerveusement ou lève les yeux au ciel. Le juge lui fait remarquer qu’il semble très agité. « Et croyez-moi, je prends sur moi ! Si j’étais seul, je me serais mis à pleurer ! Ça me chagrine énormément de me retrouver devant elle, ici. », réplique-t-il.

Valium et Dépakine

Traité à 36 mois au Valium et à la Dépakine, le prévenu attribue ses troubles du comportement et de l’agressivité aux médicaments. L’avocate de la victime lui demande comment il parvient à garder le contrôle. Ouassim la regarde en souriant bizarrement. « J’essaie de courir, de faire du sport, de la corde à sauter, des petits hobbies qui me font du bien », réplique-t-il, d’une voix devenue douce. L’avocate tente d’expliquer la démarche de sa cliente. « Avez-vous conscience qu’elle n’est pas là contre vous, mais pour se protéger elle ?» Ouassim redevient soudainement agressif. « Je comprends sa démarche, je suis moins débile que ce que je peux paraître !, s’emporte-t-il. Mais elle me connait mieux que ma mère ! Elle savait que si elle ne voulait pas que ça monte dans les tours, elle devait agir différemment. » L’avocate paraît dépitée. « Du coup, c’est de sa faute ! », conclut-elle. Le juge emboîte. « Vous êtes dans la toute puissante ! », réagit Jean-Michel Perez. « Mais calomniez, calomniez ! Ce n’est pas ce que j’ai dit ! », rétorque Ouassim, de manière théâtrale.

« Ça fait un peu cour de récré »

L’expertise psychiatrique n’a décelé aucun trouble mental chez lui. « Je suis ravi de l’apprendre », réagit-il, en se frappant le bras. Le juge le regarde patiemment. « Vous êtes intenable. Vous avez du potentiel, mais le problème, c’est que vous ne savez pas le gérer ! », pointe Jean-Michel Perez, d’une voix douce.

Le procureur est moins amène. « Devant ma collègue du Parquet, vous vous êtes d’abord excusé avant de lui demander “d’arrêter de de vous casser les couilles“ », explique d’abord Willy Lubin, d’un ton sec. « Quelle pouvait bien être l’urgence à lui parler ce jour-là ? Pourquoi ne pas avoir attendu qu’elle sorte du bureau ? », tente ensuite de comprendre le magistrat. « Vous savez, quand elle demande quelque chose, il faut aussi lui répondre immédiatement, croyez moi !, commence Ouassim, avant de se raviser. Mais ce n’est pas son procès, c’est le mien. Ça fait un peu cour de récré… »

L’avocate d’Elodie demande un bracelet anti-rapprochement pour sa cliente. « Imaginez-vous sa peur et sa honte quand elle a dû se cacher sous un bureau pour échapper à son ex, devant ses collègues ?, pointe Marie Godard. Or, on ne comprend toujours pas pourquoi il la poursuit comme cela. Pour assouvir sa soif d’autorité et de jalousie ? Elle a perdu confiance, du poids et des cheveux. Son état de santé s’est détérioré. Et en plus, il tente de la culpabiliser… »

« Comme un enfant doit obéir… »

Le procureur débute ses réquisitions. « Pour le Parquet, un homme normalement constitué n’aurait pas dû se comporter comme cela, dire ces choses-là, ou traiter quelqu’un qu’il prétend aimer comme cela. C’est pour ces raisons que nous avons demandé une expertise psychiatrique. Mais celle-ci n’a pas déterminé de troubles particuliers, décrit Willy Lubin. Il ne fuit pas ses responsabilités mais il explique que c’est de sa faute à elle. Tout peut fonctionner si elle fait exactement ce qu’il attend, au moment où il l’attend, et de la manière dont il l’attend. Comme un enfant doit obéir… »

Furieux, Ouassim se lève comme une bête en cage, et tressaute en tapant nerveusement des doigts sur le rebord du box. Mais Willy Lubin reprend, imperturbable. « Je ne souhaite à personne d’être dans la situation d’une personne menacée et surveillée, jusque sur son lieu de travail. C’est terrible. S’est-il demandé si elle risquait de perdre son travail ?, questionne-t-il, avant de se tourner vers Ouassim. Vous êtes dangereux ! Je vous vois tressaillir dans le box comme si vous étiez piqué par une abeille… J’ai vraiment peur pour madame aujourd’hui et pour demain. »

En plus de sa peine d’emprisonnement d’un an avec sursis, Ouassime devra se soigner pendant trois ans. Il aura l’interdiction d’entrer en contact avec Elodie et de porter une arme.

Pierre Havez

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