Publié il y a 1 an - Mise à jour le 21.07.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 72661 fois

UN ÉTÉ DANS LE GARD La descente aux enfers du curé d’Uzès

Palais de justice Nîmes 8-9-2020 (photo Norman Jardin)

La cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès

Coup de tonnerre dans l’Évêché gardois : le 8 juin 2012, le père Jacques Castanier est présenté devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour escroquerie et abus de confiance. Retour sur la longue descente aux enfers de l’ancien curé d’Uzès.

Comment une enquête pour trafic de cocaïne de la police judiciaire de Nîmes a-t-elle pu aboutir à la condamnation d’un prêtre uzétien de 68 ans pour escroquerie envers ses fidèles ? En août 2011, aux côtés de cinq autres prévenus, un certain Claudio, travesti et cocaïnomane portugais d’une vingtaine d’années, est condamné à trente mois de prison ferme dans la cadre d’un trafic de drogue à Nîmes. Mais alors que la procédure aurait dû s’achever sur cette condamnation, l’enquête prend une nouvelle tournure lorsque les policiers découvrent que la consommation effrénée du jeune interlope était financée par… un homme d’Église bien établi à Uzès.

 200 000 euros de dons détournés

Alors qu’il est curé d’Uzès entre 2007 et 2009, le père Jacques Castanier a ainsi récolté plus de 200 000 € de dons auprès de ses paroissiens. Mais alors qu’il prétend que l’argent est destiné à aider des personnes dans le besoin, ces sommes servent en fait à entretenir son jeune amant, dont il est tombé éperdument amoureux depuis leur rencontre sur les quais de la Fontaine, à Nîmes, quelques années auparavant… Une improbable relation amicale, puis amoureuse, se noue alors entre le jeune prostitué et le curé qui lui finance ses études, son permis de conduire, son rythme de vie, et, sans s’en douter, un trafic de cocaïne... Outre l’argent, le père réquisitionne même la voiture d’une paroissienne pour son amant, que l’on retrouvera accidentée au Portugal.

« Chemin de croix »

Un mauvais mélange entre « sexe, argent et drogue », résume le vice-procureur de la République de Nîmes de l’époque, Éric Emmanuelidis, avant de requérir trois ans ferme contre Jacques Castanier, ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer comme curé, le 8 juin 2012. Le jour de l’audience judiciaire, le prêtre assure avoir déjà quasiment remboursé toutes ses victimes. « Je reconnais, je ne suis pas fier de cette affaire. Cela me rappelle ma faiblesse, ma fragilité, mon humanité. Je me suis perdu, égaré dans les bas-fonds », déclare le sexagénaire. Son avocat, Francis Trombert, évoquera lui la perte de repère et le « chemin de croix » de l’abbé reclus depuis les faits dans un monastère pour tenter de retrouver « la paix intérieure ». Le père Jacques Castanier est finalement condamné le 2 juillet 2012 à deux ans de prison avec sursis. En cavale pendant plusieurs mois au Portugal à la suite de son propre jugement, Claudio sera finalement arrêté à la terrasse d’un café nîmois en septembre 2014.

À la suite de sa condamnation, le Père Jacques Castanier passera huit ans à l'écart, à l'abbaye cistercienne de Notre-Dame-des-Neiges dans les montagnes ardéchoises, tout en restant prêtre. « Après ces huit années, il a demandé à revenir dans le Gard. Il réside au Grau du Roi dont il n'est pas le curé et où il n'exerce aucune responsabilité. Prêtre, il peut célébrer la messe à la demande du curé, mais il ne peut pas animer des groupes ou prendre des initiatives pastorales. Il a bien conscience des dégâts qu'il a causés et se tient en retrait de la vie paroissiale », précise le vicaire général du Diocèse de Nîmes, Jean-Claude Rodriguez.

Pierre Havez

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