Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.11.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 6061 fois

ALÈS Brahim Aber de retour à l'Agglo : "Je ne veux pas faire les mêmes erreurs que par le passé"

Avant son retour l'Agglo, Brahim Aber (à gauche) a coorganisé le Festival du rire de La Grand'Combe. (Photo Corentin Migoule)

Après un an et demi à la tête du centre social de La Grand'Combe, celui qui avait quitté son poste de chargé de mission "Politique de la ville" d'Alès en 2021 revient à l'Agglo à un poste peu ou prou similaire, en qualité de "responsable de la politique de la ville" auprès de l'élue Soraya Haoues. À la veille de sa prise de fonction, le quadragénaire, qui a fini tambours battants par l'organisation du Festival du rire avec son comparse Sébastien Migliore, revient sur ces 18 mois durant lesquels il a affiné sa compréhension du fonctionnement d'une collectivité territoriale. Interview.

Objectif Gard : Ce samedi soir, pour vos toutes dernières heures en qualité de directeur du centre social de la commune 18 mois après votre arrivée, le maire de la Grand'Combe, Patrick Malavieille, vous a remis la médaille de la ville. Qu'avez-vous ressenti ?

Brahim Aber : Je n'ai pas trop l'habitude de ce genre de chose. J'assiste souvent à des remises de médailles, mais ça fait drôle lorsqu'on te la remet à toi-même. Dans le social, on donne plus que ce que l'on reçoit. C'est d'ailleurs le propre du métier. Mais c'est une belle récompense pour moi. Je suis forcément ému car ça clôture 18 mois de travail. J'ai bien senti que ça avait pris dès le début auprès des élus que sont Patrick Malavieille, Sébastien Migliore et Anissa Kordjani. Ça m'a donné envie de m'arracher pour leur faire plaisir. Mais il ne faut pas oublier que je n'étais que le metteur en scène, ce sont les autres, notamment les animateurs, qui ont bien joué la pièce. Je suis content ! Il y a un vrai contact qui s'est opéré avec la population grand'combienne, même si on ne fait jamais que des heureux.

Vos méthodes et votre énergie débordante n'étaient-elles pas plus appropriées à une commune comme La Grand'Combe, où vous jouissiez d'une liberté que vous n'aviez peut-être pas à Alès ?

À La Grand'Combe, c'est vrai qu'on m'a donné les clés du camion. On savait que j'avais une expérience et on m'a laissé le champ libre pour mener mes actions comme je l'entendais, toujours en concertation avec les élus concernés.

Quelles sont les réalisations marquantes de votre "mandat" grand'combien ?

Quand on finit avec 1 000 personnes pour le Festival du rire à La Grand-Combe, ça n'a pas de prix ! Mon plaisir, c'était de voir les gens sortir de la salle avec le sourire et en disant "c'est bien, La Grand'Combe revit". Ça a été un vrai évènement intergénérationnel. Il y avait des enfants, leurs parents, des jeunes, des vieux. Le bien vivre-ensemble doit se construire comme ça. Un évènement comme ça, la dernière semaine c'est quasiment du 24 heures sur 24. Il y a des moments de tension. Malgré ça, il y a toujours eu des sourires sur les visages des bénévoles. Le projet 100 % inclusion au féminin a aussi été extraordinaire à mes yeux.

La salle polyvalente Denis-Aigon était pleine à craquer (1 000 personnes) ce samedi soir lors de la venue à La Grand'Combe de D'jal. (Photo Corentin Migoule)

Percevez-vous ce retour à Alès Agglo comme une "revanche", sachant que vous aviez quitté votre poste précédent avec un goût d'inachevé ?

Exactement. J'avais un goût d'inachevé car nous avions entamé un gros travail. Peut-être que j'appréhendais mal la collectivité. Je venais du privé et ce n'est pas pareil. Alès Agglo c'est énorme, c'est grand, c'est une grosse machine et il fallait s'adapter. En 2019, je suis arrivé avec mes grands sabots. J'aurais pu avoir un peu plus d'humilité. Il y a aussi eu la crise du Covid au milieu. Moi je suis toujours impatient. J'aime quand c'est action-réaction et là ce n'était pas possible. J'ai peut-être reculé pour mieux sauter. Je reviens avec la confiance de Soraya Haoues qui me voulait à ses côtés mais aussi celle du patron, Christophe Rivenq, qui a accepté sa demande. J'ai senti une réelle volonté de l'Agglo de me récupérer. Pour faire une métaphore footballistique, c'est comme si j'avais été prêté pour m'aguerrir et je reviens dans mon club avec force et conviction pour essayer d'apporter un plus. D'avoir reçu cette médaille de la ville de la Grand'Combe, c'est aussi une reconnaissance. C'est comme si j'avais eu le diplôme (rires).

Après le Festival des Près, puis le Festival du rire de La Grand'Combe auquel vous avez hautement contribué, avez-vous des idées de projets que vous pourriez-mettre à profit de l'Agglo, notamment si celle-ci venait à être élue "capitale française de la culture 2024" ?

Je ne vais pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Je vais d'abord mener une phase de diagnostic pour définir ce qui va et ne va pas dans cette politique de la ville, tout en me demandant comment je pourrais me fondre dans cette agglomération en répondant aux attentes des élus. Je ne veux pas faire les mêmes erreurs que par le passé. Je ne vais pas retomber dans mes travers. Je ne veux pas arriver avec des certitudes. Après j'ai des idées et tout ce qu'il faut. Je suis à l'initiative du Festival des Près qui a quinze ans maintenant. J'ai fait venir des chanteurs qui ont rempli les arènes d'Alès comme Marwa Loud et Claudio Capéo. J'ai fait venir les plus grands artistes de la scène urbaine, de Rim'K en passant par Sinik et Soolking. Sur le bassin alésien, j'ai un vécu. En 2006, quand je parlais de la création de ce festival, tout le monde me riait au nez. Dix ans après j'en ai fait une machine de guerre. Mais je le dis à nouveau, je ne veux pas me lancer dans de grandes manœuvres. Ce territoire a une vraie complexité et il ne faut jamais la perdre de vue.

Propos recueillis par Corentin Migoule

Après Fabrice Éboué et D'Jal (notre photo) cette année, les organisateurs du Festival du rire rêvent de convaincre Gad Elmaleh de jouer à La Grand'Combe. (Photo Corentin Migoule)

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