Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.04.2021 - boris-de-la-cruz - 4 min  - vu 8116 fois

ASSISES Un père de famille tué et brûlé : 12 ans pour la compagne, les deux fils acquittés

Photo. B.DLC/ Objectif Gard, le 10 avril 2021. Juste après le verdict de la cour d'Assises du Gard, Catarina Castro condamné à 12 pour le meurtre de son compagnon, serre dans ses bras ses deux fils acquittés. Au premier plan Me Mihih et Me Kandem

La Cour d'Assises du Gard a condamné, ce samedi 10 avril à 17h45, Catarina Castro à 12 ans de réclusion criminelle. Ses deux fils, accusés d'assassinat, sont acquittés. Après le verdict la mère de famille et ses deux enfants se sont enlacés en pleurs, avant que la mère de famille ne soit victime d'un malaise (voir vidéo sur le Facebook Objectif Gard). Les jurés n'ont pas retenu la préméditation ou le guet-apens pour Catarina Castro qui était elle aussi renvoyée aux Assises pour l'assassinat du père de ses enfants.   

Catarina Castro, en arrière plan condamné à 12 ans. Au premier plan maître Mordacq qui a  obtenu l'acquittement de Jordan et Maître Aoudia qui défendait la mère de famille.

L’avocat général avait réclamé 14 ans contre Catarina Castro pour l’assassinat de son compagnon Badre Fakir. Elle écope donc de 12 ans pour le meurtre de son compagnon. Ce dernier avait été retrouvé carbonisé sous un pont à Nîmes en septembre 2015. Le ministère public avait également réclamé, vendredi soir, 7 ans à l’encontre des deux frères, eux sont blanchis par la Justice après 3 ans et demi de détention provisoire.

Les deux fils accusés d'assassinat nient le crime

« Il n’y a pas de parricide qui tienne dans ce dossier, j’en appelle juste à votre bons sens », affirme, dès le départ de sa plaidoirie, maître Mihih qui défend les intérêts de Mickaël, le fils aîné de la victime accusé de l’assassinat de son père. « Depuis le début de ce procès, j’ai l’impression que ce n’est pas la vérité que l’on recherche, c’est une vérité. Pourtant, le dossier est simple », poursuit-il face aux jurés.

« Pour pouvoir condamner un homme, il faut un minimum d’éléments. Mickaël ne pouvait pas être là le jour où il y a eu strangulation. C’est le dossier d’un gamin qui a dû faire face, dans un contexte de violence, aux carences familiales, complète Maître Jean-Faustin Kandem. Il est simplement venu aider sa mère ».

« J’attends de vous que vous soyez juste », indique le second conseil de Mickaël à l’adresse des jurés. « Et être juste c’est l’acquitter. Il n’a pas participé au crime d’assassinat pour lequel il est jugé, même s’il a participé à la crémation du corps, mais il n’est pas jugé pour ça ».

Pour un avocat de la défense, il y a une coupable et deux innocents

« J’ai tout simplement envie de vous dire, acquittez-le, acquittez Jordan, les éléments objectifs du dossier ne peuvent qu’emmener à son acquittement, reprend maître Mordacq pour Jordan, le « petit » frère de Mickaël. C’est un jeune homme qui s’est réfugié dans un monde virtuel, un monde qui le protège et le met à distance d’un univers de souffrance. » Dans ce dossier criminel : « Il y a une coupable et deux innocents. »

Si la défense fait le forcing pour les deux fils accusés de l’assassinat de leur père, c’est que l’avocat général la veille avait évoqué : « la thèse d’un crime prémédité par les trois et réalisés par les trois ».  « Une thèse qui ne peut pas tenir et pour preuve, si l’on est coupable du terrible crime d’assassinat, l’avocat général ne réclame pas 7 ans mais bien plus », selon un conseil de la défense.

Elle reconnaît avoir tué le père de ses enfants

Badre Fakir a été retrouvé tué et carbonisé sous un pont SNCF en septembre 2015. « Ce n’était pas toujours un tyran domestique". "Mais, les derniers mois de sa vie, il avait totalement changé, pour preuve, trois semaines avant les faits, il va frapper quelqu’un. Quinze jours avant les faits, il va mettre KO deux individus, et, encore quelques jours avant son décès, il va faire parler de lui à la sortie d’une boîte de nuit. Il était en dépression, il exprimait sa souffrance par la violence. Il était capable d’emmener Mickaël dans la garrigue et de lui mettre un pistolet sur la tempe puis le prendre dans les bras une heure après », plaide maître Aoudia pour Catarina Castro recroquevillée sur elle-même ce samedi matin dans le box. Elle pleure en silence.

« Et nous arrivons à ce fameux soir. Comment peut-on parler de guet-apens, de préparation, de mise en scène ? s’insurge maître Aoudia. La préméditation ne peut pas être retenue. Et le crime n’a pu être commis que par Catarina ».

La pénaliste justifie le passage à l’acte de sa cliente par : « Cette somme des peurs, la certitude que ses jours sont comptés face à la violence de son mari. La seule chose qu’elle ne sait pas, c’est quand ça va tomber et qui va en être la victime. Elle est certaine que l’irréparable sera commis ».

Durant l’audience de la Cour d’Assises du Gard qui a duré 5 jours, la thèse selon laquelle madame Castro voulait protéger ses enfants a souvent été mise en avant.

C’est la chronique d’un drame annoncé.

« Avant d’être la criminelle qui se présente devant vous, elle a été victime d’un bourreau, une vie qui l’a brisée éternellement. Il y a des victimes collatérales, deux jeunes enfants qui attendent leur maman (ndlr : le couple avait deux autres enfants qui vivent chez la sœur de l’accusée). Des enfants, petits encore, qui ont perdu leur père et, selon la peine que vous allez lui infliger ce samedi, ils peuvent perdre leur mère », conclut maître Aoudia.

Les faits concernant Jordan et Mickaël s'analyse en recel de cadavre ou modification de scène de crime, estime la cour d'Assises du Gard. Mais comme ils ont été renvoyés aux assises pour le crime d'assassinat ils sont acquittés sans possibilité pour le président de la cour de requalifier. Les deux frères sont donc acquittés par la Justice.

Boris De la Cruz

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