Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 06.06.2015 - thierry-allard - 3 min  - vu 279 fois

BAGNOLS "Au delà des divergences politiques ou religieuses, il n’y a qu’un seul peuple français"

L'imam Mahjoub Mahjoubi, le curé François Abinader, la pasteure Joëlle Wotzstein, le rapporteur de l'Observatoire de la laïcité Nicolas Cadène et le maire de Bagnols Jean-Christian Rey, ce matin à la salle de la Pyramide de Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La ville de Bagnols organisait ce matin une grande conférence débat sur la République et les religions, en présence notamment des représentants des différents cultes représentés dans la ville.

Une initiative née après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l’Hyper Casher, et de la mobilisation du 11 janvier.

« Dans le mot religion, il y a le terme relier »

« Nous avons tenu après les premiers instants d’émotion à réfléchir pour voir comment faire vivre ce souffle », a d’abord rappelé le maire Jean-Christian Rey dans son propos introductif, avant d’estimer que « c’est faire preuve de courage que de s’asseoir autour d’une table pour discuter entre religions » et qu’« il nous a paru important de pouvoir confronter nos idées de manière pacifique pour apprendre à connaître l’autre. »

Les représentants des cultes protestant, catholique et musulman étaient présents, ainsi que le rapporteur de l’Observatoire national de la laïcité le nîmois Nicolas Cadène. Aucun représentant du culte israélite n’a pu se rendre à la conférence, mais un mot a tout de même été adressé à l’assemblée.

Le tirage au sort a désigné la pasteure de l’église protestante unie Joëlle Wotzstein comme première oratrice. Après avoir rappelé que des soldats de toutes les religions avaient participé au débarquement il y a 71 ans jour pour jour, la pasteure a appelé à ne pas oublier « que dans le mot religion, il y a le terme relier » puis à « mettre notre grain de sel dans les rouages de l’ignorance et de l’incompréhension » et enfin à « refuser la banalisation du racisme et de l’antisémitisme. »

« Il est temps d’ouvrir ensemble largement les portes du dialogue et du refus de la violence, a-t-elle poursuivi. Ne désespérons pas, au contraire espérons plus que jamais. »

« Écrire une nouvelle et belle page de coexistence »

Le curé de l’église catholique de Bagnols François Abinader lui a succédé au micro, notant que « cette réunion a une importance capitale, elle signifie le désir profond de vivre ensemble en paix. Nous sommes ici pour écrire une nouvelle et belle page de coexistence entre les religions dans une république laïque et respectueuse de toutes les consciences. »

Le curé, originaire du Liban, a ensuite lourdement insisté sur les fait que « les islamistes massacrent les chrétiens un peu partout », tout en précisant bien que « le vrai islam ne veut pas dire guerre, mais paix. » François Abinader a ensuite posé plusieurs questions aux musulmans, comme celle de la possibilité d’une « remise en question », « d’un recours à une interprétation moderne du texte coranique » ou encore de la « séparation du pouvoir religieux du pouvoir politique ». « Je lance ce cri du cœur et de la raison car nos tous, croyants ou non, nous sommes appelés à vivre ensemble dans la dignité, le respect et la fraternité. »

« Vivre ensemble sous un même toit, la république »

L’imam de la mosquée de Bagnols Mahjoub Mahjoubi a quant à lui tenu à faire « un discours d’apaisement, de rassemblement pour vivre ensemble sous un même toit, la république. » Revenant sur les attentats de janvier, « qui ont touché toute personne digne d’appartenir à cette belle famille humaine », l’imam a rappelé que « l’islam n’est pas la religion de la vengeance » et a condamné « la lâcheté et la barbarie de cette secte, Daesh. »

Dans un geste d’ouverture, Mahjoub Mahjoubi a invité « toutes et tous à visiter nos mosquées où vous serez reçus avec tous les honneurs. »

L’adjointe à l’éducation et à la laïcité Emmanuelle Crépieux a ensuite lu un texte envoyé par les représentants du culte israélite. Un texte où était rappelé que « de quelque religion que nous soyons nous ne devons pas oublier que nous sommes tous des enfants de la république » et où figurait un appel pour « la construction d’une réelle et franche fraternité » et pour « bannir tout acte d’antisémitisme, d’antisionisme, de racisme et d’islamophobie. »

Un olivier du vivre-ensemble

Après les différents cultes, c’était au tour du rapporteur de l’Observatoire national de la laïcité Nicolas Cadène de rappeler que « la laïcité est un élément décisif pour vivre ensemble et faire ensemble. Au delà des divergences politiques ou religieuses, il n’y a qu’un peuple français. » Il a ensuite estimé que « la liberté de culte, de croire ou de ne pas croire est une des clés de la construction de la citoyenneté qui fait de nous tous des citoyens à égalité en droits et en devoirs. »

Les participants ont ensuite planté l'olivier du vivre-ensemble (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La salle, garnie d’environ 150 personnes, a ensuite longuement pris la parole par le biais de multiples interventions au micro. Un large spectre de thèmes a ainsi été balayé, du respect mutuel à la question sociale, en passant par la laïcité, mais toujours dans une ambiance sereine et respectueuse.

Le maire et les différents représentants cultuels ont ensuite symboliquement planté l’olivier du vivre-ensemble devant l’entrée du centre culturel Léo-Lagrange. De quoi marquer le coup, et une ambition résumée par l’imam Mahjoubi : « je voudrais du fond de mon cœur que ce beau projet né à Bagnols soit porté au niveau national. » En attendant, au niveau local, les choses semblent plutôt bien parties.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio