L’INTERVIEW Bernard Blaquart : «Rani Assaf a vendu l'âme du Nîmes Olympique"

Bernard Blaquart revient sur la relégation des Crocos
- Photo Anthony MaurinL'ancien entraîneur emblématique du Nîmes Olympique de 2015 à 2020 revient sur la terrible relégation des Crocos en N2 et critique les décisions prises par Rani Assaf.
Objectif Gard : Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu le club relégué en N2 ?
Bernard Blaquart : Les choses, je les ai ressenties depuis longtemps. Au-delà de la descente, c'est que l’on voit un club complètement s'écrouler et disparaître. À la limite, s’il y avait un projet derrière de reconstruction qui tienne la route, mais là, on ne voit rien.
Quand vous êtes parti en 2020, le club était en Ligue 1. Cinq ans après, il chute en N2. Comment expliquer cette descente aux enfers ?
Si je suis parti à ce moment-là, c’est que je sentais les choses mal tournées. Rani Assaf a vendu les forces vives du club, il a vendu l'âme du Nîmes Olympique. L’ADN du club, c’était déjà un bon président quand il y avait Perdrier, des garçons formés au club qui sont montés en Ligue 1. Ripart, Briançon, Paquiez, Valls, Bobichon, Alakouch avaient un état d’esprit qui collait bien à l’identité Nîmes Olympique. Rani Assaf a vendu tout ce qu’il pouvait vendre après la première saison en Ligue 1. Quelques années après, il supprime le centre de formation. On se sépare de ses forces, de ses compétences. Ensuite, on se fâche avec les supporters qui sont quand même à Nîmes, un atout extrêmement important et qui font partie intégrante du club. Il reste quoi après ? De tout temps, Nîmes a toujours eu au moins 4 000 spectateurs, même en National, quand ça n’allait pas.
Il a manqué de Nîmois dans cette équipe, selon vous ?
Plus on monte de division plus c’est dur d’avoir que des Nîmois, mais en National, l’équipe pourrait être composée que de Nîmois. Des clubs de National 2 ont que des joueurs du cru. Il n’y a plus rien, la réserve est tombée en R1 et il n'y a plus de 19 ans Nationaux.
"Où sont passés les gens qui l'ont soutenu il y a cinq ans ?"
Comment reconstruire Nîmes Olympique ?
Déjà, il faut que Rani Assaf s'en aille. Et qu'il donne les clés à quelqu’un qui a un projet solide, car neuf projets sur dix sont farfelus. Il faut tout reconstruire, ça va mettre du temps. Il y a deux façons : vous mettez de l'argent sur l'équipe première et puis très vite, ça peut remonter, mais le reste ne suivra pas. Ou vous remontez progressivement en mettant des moyens aussi sur le centre de formation. Sans même parler de centre de formation, mais un genre de sport-études, peu coûteux, peut former largement des joueurs d’un certain niveau de National et Ligue 2. Il y a des moyens d’y arriver sans avoir beaucoup d’argent.
On imagine que la situation vous touche forcément…
Cette année, je suis allé deux fois au stade. C'est triste pour tout le monde. Après, tous ceux qui ont soutenu à fond Rani Assaf, il y a cinq ans en arrière, peuvent s’en mordre les doigts. Même si certains ont retourné leur veste. C’était à ce moment-là qu’il fallait réagir parce qu’il y avait des signaux. Où sont passés les gens qui l'ont soutenu il y a cinq ans ? Des gens comme M. Bourdin que l’on ne voit plus. On aimerait les voir en ce moment. On sentait que ça commençait à décliner, mais certains ne voulaient pas le voir. On voyait bien avec Laurent Boissier notamment que le club ne fonctionnait plus comme il fallait.
Si un repreneur vous sollicite pour revenir au club, vous accepteriez ?
La question ne se pose pas. Après, c'est le cœur qui parle. Aider, donner des idées, pourquoi pas. En tout cas, le public nîmois mérite mieux.