Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.01.2022 - corentin-corger - 6 min  - vu 2289 fois

FAIT DU JOUR Nîmes Olympique : qui es-tu Nicolas Usaï ?

Nicolas Usaï, en bleu, sous le maillot d'Alès lors de la saison 2001/2002 (Photo via MaxPPP) - BEP/LE MIDI LIBRE

Nicolas Usaï fête aujourd'hui sa première apparition sur le banc nîmois (Photo Norman Jardin)

Ça ne s’invente pas. À 47 ans, Nicolas Usaï est devenu cette semaine le 47e entraîneur du Nîmes Olympique. Ce soir, il va fêter sa première apparition sur le banc des Crocos face à Dijon pour la 20e journée de Ligue 2. Le Marseillais revient sur son parcours de joueur et d’entraîneur agrémenté des témoignages d’anciens Nîmois qui l’ont côtoyé au cours de sa carrière.

"Je suis né le 1er mai et les mairies sont fermées. J’ai eu ma première licence à l’OM avant d’être déclaré", exagère à peine Nicolas Usaï pour illustrer le fait qu’il a baigné très tôt dans le football. Un gène qui lui vient de son grand-père, Hamlet Setta, président de la section amateur du club phocéen pendant plusieurs années et qui deviendra pendant quatre mois président général de l’OM, en 1981, à l’époque où le club a failli déposer le bilan. C’est au même moment que son petit-fils tape dans ses premiers ballons. Le minot, fan de Maradona, gravit les échelons et reste pendant 15 ans dans le club phare de la ville mais sans parvenir à signer un contrat professionnel.

Nous sommes au début des années 1990 et Marseille domine le foot français et européen. "Je vivais ça plus comme un supporter qu’un futur professionnel de l’OM", confie celui qui vivra des tribunes du stade Olympique de Munich le sacre marseillais en Ligue des Champions, le 26 mai 1993. C’est finalement à Istres, en National, grâce à l’entraîneur René Le Lamer, qu’il paraphe son premier contrat pro. Là-bas Nicolas joue notamment trois ans avec le gardien Cédric Duchesne. "Il aimait se mettre le cul par terre", se souvient celui qui portera de 2002 à 2007 le maillot nîmois. Un défenseur qui se décrit comme un joueur : "besogneux, agressif, passionné et pas très bon."

Un Marseillais vaillant dont le profil pourrait coller à Nîmes d’après un autre de ses anciens coéquipiers. "Humainement c’est une très bonne personne. C’est un Sudiste qui aime la passion et qui correspond aux valeurs du Nîmes Olympique", lâche Laurent Boissier avec qui il a joué à Istres (1997/1998) et qui a récemment pris le poste de coordinateur sportif à Angers. Un joueur qui avait déjà des réflexes de coach. "Il était très à l’écoute des entraîneurs et attentif. S’il sentait un souci tactique et que le coach ne l’avait pas vu, il prenait l’initiative d’essayer de le régler avant la mi-temps", poursuit Cédric Duchesne, gérant aujourd’hui d’un futsal à Bouillargues.

"J'ai failli signer à Nîmes en Ligue 2"

Durant son aventure istréenne, il était sollicité pour rejoindre les Crocos en 1997 mais cela ne s’est pas fait. "Comme j’étais encore en contrat à Istres, j’ai choisi d’y rester". Après un passage d’un an à Valenciennes avec Didier Ollé-Nicolle comme coach - tiens encore un entraîneur passé par Nîmes (2003-2005) ! -, il revient dans le Sud, à Alès, lors de la saison 2001/2002 en National. "Ça a été une belle saison, on avait fini huitième. J’ai apprécié de vivre dans les Cévennes, j’ai trouvé la région très agréable. À l’époque les matches étaient le vendredi soir donc je venais souvent aux Costières", commente le nouvel entraîneur du NO qui a côtoyé à ce moment-là Yannick Liron ou encore Ludovic Gros.

Angoulême puis Cherbourg seront ses derniers clubs d’une carrière essentiellement faite au troisième échelon du football français avant de terminer au niveau régional à Consolat, un club de quartier du Nord de Marseille. "En tant que joueur je suis allé au maximum de mon potentiel en jouant en National. J’ai failli signer à Nîmes en Ligue 2, à Louhans-Cuiseaux, mais j’aurais peut-être été qu’un complément", explique ce joueur de devoir qui, pour Cédric Duchesne aurait pu découvrir la division supérieure. "Oui avec sa patte gauche, il était capable de délivrer de bons centres. Le seul petit souci c’était sa taille (1,69 mètres) qui l’a freiné au centre de formation à l’OM. Et puis comme tous les gauchers, il ne se servait pas trop de son pied droit (rires)."

Richard Goyet, Nicolas Usaï et Jean-Marie Pasqualetti sur le banc d'Istres [Photo via MaxPPP] • PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP
Dès la fin de sa carrière à tout juste 35 ans, il intègre le staff d’Istres à nouveau grâce à la main tendue de René Le Lamer. "Il me disait souvent dans une équipe, il faut des joueurs de piano et des porteurs de piano. Je suis toujours sensible au fait que les porteurs de piano sont très importants dans une équipe", réagit Nicolas Usaï qui devrait donc mettre un point d’honneur à insuffler de la combativité au sein de son équipe.

Sept ans passés dans le club bucco-rhodanien avec Richard Goyet, préparateur physique et qu’il vient de retrouver au Nîmes Olympique. De 2010 à 2014, il occupe le poste d’entraîneur adjoint principalement aux côtés de José Pasqualetti. "Je ne le remercierai jamais assez d’avoir permis à Richard et moi de nous donner beaucoup de responsabilités dans la préparation des entraînements, des séances vidéos et de nous avoir fait confiance. J’ai pour lui une reconnaissance éternelle par rapport à ça."

Deux accessions manquées et une relégation

Nicolas fait ses gammes sans compter ses heures. "Il est très professionnel et pense au football 24h/24h. Il fait ses montages vidéo tout seul et regarde beaucoup de matches. Il est à fond dans ce qu’il fait", précise Fabien Barrillon alors joueur au FC Istres. Le défenseur central ainsi que José Pasqualetti rejoignent les Crocos en 2014 mais pas Nicolas Usaï qui souhaitait pourtant faire partie du voyage. "Quand José se fait virer, 15 minutes après je suis allé voir la direction pour démissionner. On avait une relation très forte et l’idée était de continuer à travailler ensemble mais un adjoint, Hakim Malek, avait déjà signé au club."

Une occasion ratée qu’il ne regrette pas car il a pu lancer sa carrière d’entraîneur principal du côté de Consolat. Après une première saison qu’il n’a pas débuté, le jeune coach se fait remarquer puisque le petit club phocéen est proche d’accéder à la Ligue 2 mais finit à la quatrième place en National avec de loin le plus petit budget (600 000 euros). "On a fait un parcours formidable dans des conditions plus que précaires. J’ai eu fait des veilles de match sur des parkings car à Marseille il n’y a pas beaucoup d’installations sportives", abonde celui qui est désigné meilleur entraîneur de National par la FFF.

La saison suivante, les résultats ne sont pas bons et il quitte le club après huit journées. Le Marseillais prend rapidement la tête de Sedan, toujours en National. Il ne parvient pas à éviter la relégation des Sangliers et l’année suivante, il échoue à la deuxième place en CFA. Après une courte pige à Consolat devenu Athlético Marseille, il découvre la Ligue 2 avec Châteauroux en octobre 2018. Dix-septième à son arrivée, la Berrichone termine 11e puis 15e la saison suivante, où il ne croise que six semaines la route de Sidy Sarr avant qu’il ne débarque au NO, arrêtée prématurément à cause du covid.

"Ce n'est pas un tyran"

Par contre, Nicolas compte dans son effectif un certain Jérémy Cordoval. "C’est un entraîneur avec de la grinta qui vit à fond le match sur le bord du terrain. À la fin de ses causeries, on avait qu’une envie c’était de rentrer sur le terrain et se battre pour lui", assure le latéral droit passé au NO de 2013 à 2016 à propos d’un coach proche de ses joueurs. Ce dernier garde justement un souvenir particulier de ces causeries. "Il avait tellement envie qu’on fasse le match qu’il attendait qu’il tenait un bout de piquet dans ses mains et faisait déjà des allers retours au paperboard." Comme un chef d’orchestre, le Marseillais allie le geste à la parole pour mieux faire passer son message.

Ancien du Nîmes Olympique, Jérémy Cordoval a connu Nicolas Usaï à Châteauroux (Photo Objectif Gard)

L’aventure s’arrête pourtant en décembre 2020 alors que les Castelroussins sont classés 18e. "En toute humilité j’estime avoir fait du bon travail à Châteauroux. J’avais une relation très claire avec le directeur sportif, Jérôme Leroy, qui m’a fait venir. Quand il a quitté le club, ça a été un peu plus compliqué avec la nouvelle direction. Il m’a fallu un peu de temps pour faire le deuil de cette expérience." Pendant un an, le technicien ronge son frein et souhaite retrouver un banc en Ligue 2. Il refuse alors les propositions de clubs étrangers et en National. Des moments de doute jusqu’à cet appel du président Rani Assaf : "Vous savez pourquoi je vous appelle ? J’ai répondu : j’ai une petite idée." Une marche supplémentaire dans sa carrière d’entraîneur avec l’espoir de réussir à Nîmes, ce qui n’est pas une tâche facile dans le contexte actuel.

"Vu l'ambiance qu'il règne au club avec les supporters et les infrastructures, ça risque d’être compliqué malheureusement. Il va falloir qu’il s’impose", s’inquiète Cédric Duchesne. Le 47e entraîneur du Nîmes Olympique est en tout cas enthousiaste et prône plutôt un football porté vers l’avant. "Il aime bien le beau jeu. Avec lui Nîmes ne va pas jouer tous derrière. Il est exigeant mais ce n’est pas quelqu’un qui va gueuler, il va traiter les choses en douceur. Ce n’est pas un tyran", renchérit Fabien Barrillon. Celui qui considère le football comme une drogue est fan des entraîneurs sud-américains comme Marcelo Bielsa et Jorge Sampaoli. S'il n’a pas prévu de s’asseoir sur une glacière, il avoue avoir son caractère : "ça peut m’arriver de temps en temps d’avoir des petits moments de colère mais je ne suis pas rancunier", conclut le fougueux marseillais.

Corentin Corger

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