Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 25.07.2021 - anthony-maurin - 5 min  - vu 1125 fois

FAIT DU SOIR Dans son monde, Jamy nous parle des risques d'incendies

L'équipe du Monde de Jamy est venu tourner un reportage avec les pompiers du Gard (Photo sapeurs-pompiers)

Jamy au milieu des pilotes basés à Garons. Le nouveau numéro du "Monde de Jamy" sera diffusé sur France 3 le mercredi 28 juillet à 21h05. (Photo DR/) • © Elephant

Diffusé le 28 juillet prochain à 21h05 sur France 3, le documentaire le Monde de Jamy sécheresse, incendies : les supers pouvoirs de nos forêts, aura vu venir dans le Gard la star du petit écran pour deux sujets intéressants. L’observation des incendies avec l’ONF et leur extinction avec la sécurité civile. Interview.

Alors Jamy, comment ça va ?

Ça va plutôt bien, on arrive en fin de saison, ça va faire du bien ! Je vais enfin prendre quelques jours de vacances, je n’ai pas pris de congés depuis mars 2020…

Collias, Garons, Générac, le mont Bouquet, Cassagnoles, pourquoi êtes-vous venu tourner dans le Gard ?

Dans le Gard, nous sommes venus tourner juste après la catastrophe de l’incendie de Générac il y a deux ans. Je n’y étais pas mais j’y suis venu un peu plus de deux mois après, en octobre, pour mesurer l’étendue des dégâts et pour que je puisse voir comment la nature reprend ses droits. Un incendie est toujours quelque chose de grave mais l’objectif était de mesurer comment la nature se sort d’un incendie. Oui, la nature a elle aussi ses limites… Quand il n’y a qu’un incendie tous les quinze ans, ça va mais s’ils sont plus rapprochés, c’est plus compliqué pour elle de se régénérer. On voit aussi comment certaines essences essaiment après les incendies, c’est le cas du pin d’Alep par exemple.

Qu’avez-vous fait sur place ? La nature a-t-elle évolué ?

À Générac, nous avons pu simuler la réimplantation de la végétation. Nous sommes partis des petites pousses vertes qui étaient déjà sorties du sol encore calciné et nous avons essayé de vous montrer comment la garrigue va repartir. Toutes les espèces sont adaptées à leur environnement, aux risques qu’il comporte et au climat dans lequel elles évoluent. Les arbres font face mais on ne doit pas trop les solliciter. Les incendies peuvent être trop fréquents, les sols trop secs, les insectes peuvent aussi la ravager… Tout cela affaiblit la forêt.

L’Europe sort de graves inondations, parler d’incendie même en été est-ce encore logique ?

Il est certain que parler d’incendie alors qu’une partie de l’Europe vient de connaître une catastrophe avec des inondations peut sembler en décalage mais nous ne sommes pas à contre-courant ! C’est aussi une manifestation de la nature due, probablement, au dérèglement climatique. La sécheresse est un facteur important, aggravant mais nous devons vraiment faire chuter le thermomètre dans les prochaines années.

Le dérèglement climatique change-t-il notre environnement ?

Certaines espèces d’arbres pourraient très bien remonter vers le nord si le réchauffement climatique continue. Les conditions de l’arc méditerranée sont complexes et pourraient rapidement se retrouver identiques sur 90 % du territoire français ! Les spécialistes disent que nous y allons tout droit, qu’il faut du recul sur la situation et que chaque situation est particulière mais dans l’ensemble, il faut faire baisser le thermomètre le plus rapidement possible !

Concernant la Sécurité civile, qu’avez-vous fait avec les canadairs ?

La sécurité civile est exceptionnelle ! J’ai eu la chance, en hiver, de participer à un exercice car ces gens s’entraînent toute l’année et j’ai compris pourquoi. On a du mal à le comprendre tant qu’on n’est pas monté dans un tel avion ! Voler à bord d’un canadair bombardier d’eau est une chose des plus impressionnantes. C’est un appareil hybride, entre un avion et un bateau. Moitié l’un, moitié l’autre. Il y a même une étrave pour fendre l’eau et l’air. Quand on arrive dans le cockpit, il y a une ancre sous le poste de pilotage, dans le nez de l'appareil.

Écoper est impressionnant n’est-ce pas ?

Oui, la technique d’écopage est impressionnante quand on est à bord ! Déjà, se poser sur l’eau quand on arrive en avion n’a rien d’anodin… Surtout quand il y a de la houle, même petite ! Ensuite, on se rend compte de la finesse et de l’expérience du pilotage qu’il faut avoir pour réussir. C’est une vraie expérience. Puis, on repart avec six tonnes d’eau qu’on doit larguer à 30 mètres au-dessus des flammes pour un tiers de la cuve. Le reste, on le largue sur la végétation qui environne directement l’incendie mais les courants ascendants dus aux flammes perturbent le vol de l’avion, tout se fait au toucher par le pilote. Au moment du largage, le lourd avion se redresse brusquement et là encore il faut faire attention ! Piloter ces engins est un réel savoir-faire. On parle de noria d’avions, comme quand on allait chercher de l’eau.

Quelle formation suivent les pilotes ?

Tous les pilotes sont issus de l’Armée de l’air, certains sont des pilotes de chasse, d’autres transportaient le matériel et les hommes. Ils ont tous cette expérience des terrains complexes, du vol à basse altitude… Ils ont aussi l’expérience du terrain de l’arc méditerranéen. Ils sont 16 pilotes à se relayer toute la saison.

Heureusement que nous avons ces patrouilleurs du ciel !

C’est une bonne chose, grâce à cet arsenal, et là je ne parle pas que des canadairs mais aussi des pompiers et de tout le monde qui veille et surveille la nature, on peut éteindre 95 % des incendies avant qu’ils ne détruisent plus de cinq hectares. Nous devons rester vigilants car 90 % des feux de forêt sont liés à des négligences humaines, et 40 % sont volontaires.

Vous avez tourné en situation réelle, expliquez-nous ce que nous verrons à la télé ?

Nous avons tourné des images spectaculaires d’un départ d’incendie. Tout est extrêmement rapide, en 15 secondes, le feu a déjà pris une belle ampleur et commence à avancer. Pendant ce tournage, les pompiers faisaient des feux dirigés mais quand même, c’est très impressionnant, on ne s’imagine jamais la rapidité d’un incendie mais ça avance comme un homme qui marche, 5km/h sans vent. Les feux dirigés, en hiver, sont très importants justement pour laisser des zones où de futurs et potentiels incendies n’auront plus de carburant pour avancer.

Comme toujours, vous avez droit à une carte blanche ! Qu’avez-vous à dire aux Gardois ?

J’ai vécu des choses pendant ce tournage… Des choses qui m’ont touché, marqué. Un incendie est rapidement immaîtrisable, il vous piège. La règle veut qu’on ne fume pas, on n’allume pas de barbecue à moins de 200 mètres d’une zone plus ou moins boisée comme la garrigue peut l’être. Même proche d’une rivière, on fait toujours attention, rester vigilant est important. Pour les Gardois, il faut débroussailler autour de chez vous sur 50 mètres. Même si le voisin ne veut pas vous aider, faites-le, c’est primordial, surtout chez vous avec le mistral et la tramontane !

Quelle sera votre actualité dans les prochaines semaines ?

Actuellement il y a des rediffusions de C Jamy sur France 5 et je prépare la nouvelle saison. Je travaille aussi sur l’écriture d’un autre Monde de Jamy tourné pour la première fois au cœur d’un volcan. Ce fut éprouvant mais je suis heureux de l’avoir fait. Le sujet sera diffusé pour la rentrée.

Propos recueillis par Anthony Maurin

Anthony Maurin

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