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Mise à jour le 30.05.2025 - Romain F. - 4 min - vu 495 fois
ALÈS EN FERIA De père en fils, la Gardonnenque chevauche les générations
La course dans le Gardon est le moment phare chaque vendredi de la Feria.
- D.R.
C'est le lieu de rassemblement de la Feria chaque vendredi depuis presque 30 ans. La Gardonnenque, course de chevaux spectaculaires au bord et dans le lit du Gardon est à la base une histoire d'amitiés et de cavaliers, passionnés par les chevaux et les traditions.
C’est la course emblématique de la feria d’Alès, un événement unique qui rassemble des milliers de personnes au bord du Gardon depuis déjà 29 ans, et qui reste totalement gratuit et accessible à tous. Cette course, dénommée la Gardonnenque en raison de son passage dans le lit du Gardon, est une course de chevaux montée par un groupe d’amis cavaliers, passionnés par les traditions équestres et les sensations fortes, heureux de créer un événement unique mêlant tout cela.
Le fameux passage dans l'eau est un indispensable de la Gardonnenque.
• Tony Duret
Une bande d’amis cavaliers
Devenue l’animation incontournable du vendredi de la feria, cette course a été créée au départ par une association de cavaliers d’Alès, les Cavaliers Cévenols. Tous ont des surnoms : Bimbo, Peillard, Ricket, Popol, Picon ou encore Le Kike. Cette bande de copains, fans de chevaux et de courses équestres, s’est motivée en 1996 pour créer une course aussi spectaculaire que sensationnelle, dans le but de se faire plaisir à cheval.
« On voulait faire une course qui attire du monde le vendredi, et faire quelque chose de différent, sans taureaux », rapporte Éric, dit Ricket.
Ricket sur son cheval Texas, a remporté six fois la course, il est le deuxième recordman de l'épreuve.
• Les cavaliers cévenol
Accompagné de son fidèle ami Christian Sugier, surnommé le Kike, célèbre boulanger de la petite commune de Molières-sur-Cèze et décédé fin 2024, ils étaient les hommes de l’ombre de l’organisation. Ensemble, ils ont su monter une belle équipe pour cette première édition. « On avait réussi à motiver nos amis cavaliers et même demandé à tous les manadiers de venir. Comme c’était une course ouverte à tous, on pensait qu’il y aurait énormément de monde. Les journaux titraient même "100 cavaliers aujourd’hui dans le lit du Gardon". Au final, on n’était qu’une vingtaine ! (rires) Très peu de manadiers étaient venus. »
Christian Sugier dit le Kike, était l'un des fondateurs de la Gardonnenque, un des hommes de l'ombre de cette tradition alésienne.
• D.R.
Des vainqueurs historiques
Pour cette première édition, c’est leur ami alésien Christian Peillard qui l’emporte. Sur son cheval Bébé, ce viticulteur remporte plusieurs fois la course grâce à un entraînement poussé et une aisance naturelle.« On avait beau rentrer dans le Gardon avant lui, il nous mettait un vent avec son cheval dans la ligne droite », se souvient Serge, un ami cavalier présent lors de la première édition. « J’avais terminé 10e je crois, mais j’étais surtout venu pour m’amuser, pas pour gagner. Le but, c’était de se faire plaisir. »
Soizic, Éric et Gaël sont aux coudes à coude dans le virage en finale.
• Ville d'Alès
Depuis 1996, Christian Peillard a remporté huit fois la course, un record toujours inégalé, devant Éric, l’un des créateurs. « Pour motiver les cavaliers, on avait demandé à la mairie de fournir des lots dans les magasins spécialisés : le premier gagnait une selle, le deuxième une bride, le troisième un licol. Le problème, c’est que c’était souvent Peillard qui repartait avec la selle, donc on a voulu changer ça ensuite ! », plaisante Ricket.
Les organisateurs ont alors proposé que la mairie verse une prime de 50 € minimum à chaque cavalier inscrit, afin de couvrir les frais, notamment pour ceux qui viennent de loin. Cette année, chaque cavalier recevra pour la première fois une indemnité minimum de 80 € (hors podium).
Un pilier indispensable
Chaque année, ils sont entre une douzaine et plus d’une vingtaine de cavaliers à participer. Une dynamique que l’on doit en grande partie à Jean-Pierre Picon, cavalier de Foissac, très influent et apprécié dans le milieu. À 77 ans, il est connu pour avoir participé à toutes les éditions de la Gardonnenque… sauf la première !
« La première, j’étais pas là, mais depuis, je n’en ai pas loupé une ! », rigole-t-il, lui qui est aussi président des cavaliers du Pont-du-Gard.
Jean Pierre Picon (au fond en rouge) est l'un des piliers de cette organisation.
• Ville d'Alès
Malgré son âge, il reste un maillon essentiel de l’organisation, concevant chaque année le parcours avec la mairie. Il a aussi joué un rôle déterminant lors des années où la participation faiblissait. « Picon, c’est Picon. Il connaît beaucoup de monde, il parle, les gens le suivent. Et puis il a des chevaux, il les fait monter et en amène quatre à cinq chaque année. Ça fait venir du monde », reconnaît Serge.
Au fil des générations
Gaëtan Peillard, quadruple vainqueur et favori cette année (au centre en chemise).
• D.R.
L’an prochain, la course fêtera sa 30e édition. En 29 ans, elle a vu passer de nombreux cavaliers… et leurs enfants. Christian Peillard, recordman de victoires, a été suivi par son fils Gaëtan, déjà quadruple vainqueur. Jean-Pierre Picon a transmis la passion à sa fille Sonia. Ricket a vu son fils Romain participer à deux reprises. Quant à Bimbo (Patrick Pagès), connu pour ses chutes annuelles dans l’eau, il a vu son fils Jérémy Pagès se hisser plusieurs fois en finale.
Deux chevaux sans cavaliers, les finales peuvent être sensationnels.
• Pauline Sugier
Et puis il y a Gaël Sugier, fils du regretté Kike. Il n’a participé qu’une fois, en 2015, malgré les craintes de son père :
« Papa n’a jamais voulu que je participe. Il était très craintif. Il aimait voir, mais connaissait le danger. D’ailleurs, pour ma seule participation, il n’est pas venu me voir… Et heureusement, parce que je suis tombé en finale », se rappelle Gaël, qui veut rendre hommage à son père cette année.
Dix ans après sa seule tentative, le défi est relancé : il reviendra l’an prochain, mais avec plus de prudence : « Je la referai, mais cette fois-ci avec un casque ! », rigole Gaël Sugier.
10 ans après sa participation, Gaël Sugier est prêt à remonter pour l'année prochaine afin de fêter les 30 ans et rendre hommage à son père.
• R.F.
Les trophées réalisés par la ferronnerie Pongi d'Alès permettent de garder l'identité de cette course unique.
• R.F.
Gaël Sugier.
• Pauline Sugier
La course Gardonnenque :
15h30 Le coup d'envoi de la course
Pont Vieux – Lit du Gardon
Apéritif de la Course Gardonnenque à 18 heures au jardin de la mairie.