ALÈS Inlassablement, Jacqueline, Pascale et Salima manifestent pour le sort de la Palestine

Salima, Jacqueline et Pascale aimeraient voir l'opinion publique se mobiliser pour la Palestine
- François DesmeuresDepuis qu'Israël applique une politique d'écrasement des populations dans la bande de Gaza, à la suite de la tuerie du 7 octobre perpétrée par le Hamas, Jacqueline, Pascale et Salima participent, tous les samedis matin, au rassemblement devant la mairie d'Alès "contre le génocide à Gaza et le nettoyage ethnique en Cisjordanie", à l'appel de l'association France Palestine solidarité (AFPS). Elles donnent des nouvelles de leur combat et du territoire palestinien, inlassablement et méthodiquement bombardé.
De ce territoire où les journalistes étrangers sont interdits, elles parviennent à obtenir des nouvelles. "Plein", même, "un membre de l'Association France Palestine solidarité (AFPS) étant en contact direct avec les gens, des journalistes et des photo-journalistes qui sont sur place", dans la bande de Gaza. Et le récit du quotidien des habitants qui tente d'y survivre est effrayant. "Les bombardements sont incessants, les transferts de population permanents. Les Israéliens nassent les gens au sud-ouest. Et puis, il y a la famine. Très grave. Tout le monde est touché."
Et ce ne sont pas les camions qui entrent au compte-gouttes dans le territoire qui pourront sauver la situation humanitaire. "25% des gens sont malnutris, poursuivent les trois militantes. De plus, les Israéliens ne laissent passer que des céréales." Aliment qu'il faudrait mélanger avec d'autres pour rendre la portion digeste sur un estomac abîmé par les carences. Depuis l'entretien, le directeur exécutif de la Fondation humanitaire pour Gaza, créée de toutes pièces par les États-Unis et Israël pour livrer l'aide humanitaire, a déjà démissionné...
"La situation est telle qu'il n'est pas possible que seule la parole puisse aider"
Salima, membre de l'association France Palestine solidarité
Alors que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies parle désormais de génocide, et qu'en France, des écrivains ont pris la plume pour le dénoncer dans le quotidien Libération (lire ici), Marie, Salima et Jacqueline s'accrochent à "l'impression que ça bouge un tout petit peu", après les propos récents du ministre des Affaires étrangères français et un début de réaction de l'Europe. Mais surtout "parce que Trump a dit qu'il ne voulait pas voir d'images de gens affamés", souligne Salima.
Mais la militante connaît aussi la capacité à tourner plus vite que le vent de la girouette qui préside les États-Unis. "Cela reste des déclarations, se reprend-elle. Les Britanniques ont suspendu la discussion sur le libre-échange avec Israël, Ursula Von der Leyen est un soutien indéféctible de l'État d'Israël... La situation est telle qu'il n'est pas possible que seule la parole puisse aider."
Une parole dont le ton a bien varié, depuis les amitiés arabes des présidents Mitterrand et Chirac. Mais pour Salima, le ton de l'époque n'était pas totalement révélateur de la politique française au Proche-Orient. "Les Français ont essayé de se démarquer en disant 'on veut une politique arabe'. Mais ce n'était pas totalement vrai. Depuis, la France a perdu du poids au niveau international, elle ne peut plus faire sa propre politique. Les gens au courant de la question arabe ont été marginalisés, et les rapports sur la Palestine jamais pris en compte."
Jacqueline regrette, aussi, le "peu de réaction de l'opinion publique. Dès qu'on fait quelque chose pour la Palestine, c'est de l'antisémitisme. Si on a lu les noms des victimes, le 15 mai devant la mairie, c'est parce que ce sont des humains ! Mais ça n'est couvert par aucun média." "On peut protester comme on veut, on ne pourra pas faire grand chose, regrettent les trois femmes. De plus, nos sociéts sont traversées par des sentiments nationaux". Sentiments qui mettent l'empathie à distance, dans une société qui cherche souvent chez l'étranger les raisons de son mal-être. "Mais aujourd'hui, avec les bombardements qui s'enchaînent, on sent quand même que les chaînes d'info sont mal à l'aise. On a dépassé énormément de limites, c'est allé tellement loin... Comment peut-on dire qu'on ne sait pas ce qui se passe par rapport au manque de journalistes ?"
"Beaucoup de ce qui pourrait changer tient à Trump, se désole Salima. Et les Européens ne prennent pas de véritable position. Mais la pression de l'Union européenne pourrait faire réagir les opinions publiques..." Elle appelle, aussi, à ne pas oublier la Cisjordanie, où les Israéliens "ont vidé deux camps de réfugiés" et où théâtres, écoles et lieux culturels "disparaissent". Ce samedi matin, les militantes ne se retrouveront pas devant la mairie, la place étant dévolue aux animations de la feria de l'Ascension. Mais elles sortiront, inlassablement, les drapeaux palestiniens pour partir, en convoi, du parking de Carrefour et se montrer sur la rocade. Avec, en tête, les plus de 50 000 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Et les visages des personnes affamées.