Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 10.10.2013  - 3 min  - vu 226 fois

ALÈS La discrimination : Dure à vivre et difficile à aborder !

La discrimination, comment trouver les mots justes ? Photo DR/RM

"Même si la justice est très attentive "positivement" à la question de la discrimination, il ne reste pas moins vrai que la société française a du mal à en débattre concrètement" convient le sociologue Bruno Carlon. L'organisation d'une journée complète de formation sur : "La discrimination : la loi, les ressentis" à Alès est donc à plus d'un titre exceptionnelle.

Exceptionnelle dans son contexte.  En effet l'organisation de cette journée est le fruit d'un long travail qui a commencé durant l’année scolaire 2011-2012. En lien avec le Programme de Réussite Educative de la Ville d’Alès un partenariat s'est mis en place entre les parents d’élèves du quartier des Près-Saint-Jean et les  professionnels des mondes éducatif, sanitaire et social. Dans un premier temps, une démarche sur des thèmes communs s’est déroulée en parallèle au sein des deux groupes, qui se sont ensuite retrouvés afin d’inventer ensemble un espace  de médiation. Tous ont alors  affirmé leur volonté d’aller vers la construction de rapports de confiance en organisant des rencontres à thème. Après un premier thème sur "le conflit", parents et professionnels ont décidé d'aborder le thème des discriminations.

Un contenu très riche

Les discriminations, qu’est-ce que c’est ? Quel cadre légal aux discriminations ? Pourquoi on se sent discriminé ? Comment pour lutter contre les discriminations ? Aucune question n'est éludée et l'organisation de la journée permet de proposer de nombreuses approches très différentes. Ainsi la  matinée a débuté par la projection du film « le plafond de verre » avant l'intervention du sociologue Bruno Carlon qui va "instruire" le sujet et proposer le débat. Un débat d'ailleurs revisité parles improvisations clownesques du duo des comédiens du Nez au vent.  Tout en rappelant des faits : "la première discrimination en France repose sur l'origine ethnique supposé de la personne" et en proposant des constats "la discrimination positive qui a permis en France de développer des politiques d'intervention sur des zones d'actions prioritaires n'a pas permis de réduire les situations d'inégalités", Bruno Carlon interroge le public présent sur la nature "systémique" de la discrimination. "Discriminer c'est simplement avoir une représentation négative de l'autre et cela se passe au plus profond de l'individu".

Un processus difficile à cerner

Un processus qui peut être, parfois, non intentionnel mais qui n'est jamais sans conséquences. Sur le terrain cette discrimination est souvent difficile à cerner : il cite le cas d'un professionnel de l'emploi qui ne présenterait pas un jeune dans une entreprise parce qu'il sait que le jeune ne sera pas pris à cause de ses origines et devient ainsi lui même un acteur de la discrimination.  Enfin il montre combien le fait insidieux d'isoler ou de regrouper des populations organise de fait une ségrégation qui ne permet pas aux individus d'expérimenter une société métissée et donc de vivre toutes les composantes de l'altérité. Ce qui s'applique notamment dans le cas de l'école.

Plusieurs publics, mais tous acteurs engagés

Quelque soit l'approche, le  public qui réunit des parents, des jeunes ou de professionnels est complètement acteur de la journée. Chacun participe ainsi soit de ses émotions : "La discrimination est-elle donc inscrite au fond de chaque individu face à l'autre, comme un sentiment ?", s'inquiète une maman. Des ses affirmations : "La généralisation et les stéréotypes (véhiculés notamment par les médias) sont  les grands alliés de la discrimination" expliquent un jeune en formation et une autre mère. De ses questions : "Où est la différence entre communautés et communautarismes ?" interroge  un jeune homme ou encore "Qui peut aller en justice ? demande une assistante sociale. Et même le clown, François Nicolas Dupont ("avec un nom comme celui là j'ai toutes mes chances" dit-il), n'est pas très à l'aise dans ses "baskets". Coincé dans un espace vide qu' il appelle "l'universalisme français" entre le "métissage social" de la salle, et le "wikipédia" de la discrimination de l'autre...  il doit chercher ses mots justes. Parler de la discrimination est beaucoup plus qu'un exercice de style !

Le public de la matinée à l'auditorium de Rochebelle. Photo DR/RM

Raphaël MOTTE

raphael.motte@objectifgard.com

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