Magali, représentante du collectif, explique que cette mobilisation s’inscrit dans la continuité des Rencontres nationales du travail social d’octobre dernier. Plutôt que des grèves éparses, le collectif a choisi de concentrer ses actions sur trois jours, organisés par secteur géographique. « L’idée, c’est de créer un ‘village du social en lutte’, un espace où professionnels, citoyens et familles peuvent échanger sur les réalités du terrain et formuler des doléances », précise-t-elle.
Ces doléances, recueillies sous forme d’écrits, seront ensuite transmises aux élus, du local au national. « On veut que les décideurs entendent ce que vivent ceux qui accompagnent les publics vulnérables au quotidien », insiste Magali.
Des moyens humains et financiers en berne
Le cœur des revendications porte sur le manque criant de moyens :
- Salaires indignes : « Sortir d’un bac+3 pour toucher le SMIC, c’est une aberration, surtout quand on travaille avec des publics en grande difficulté », dénonce Magali. Le gel du point d’indice depuis des années aggrave la précarité des professionnels.
- Restrictions budgétaires : Les coupes dans les budgets de l’État, des départements et de l’ARS (Agence Régionale de Santé) se répercutent sur le terrain. « Moins de moyens, c’est moins d’éducateurs, moins d’accompagnement de qualité pour les enfants, les adultes et les personnes âgées », résume-t-elle.
- Licenciements et surcharge : Dans les missions locales ou les foyers, les réductions de personnel contrastent avec l’augmentation des besoins. Résultat : des équipes épuisées, des arrêts maladie en hausse, et des risques accrus de burn-out.
« Si nous, professionnels, ne allons pas bien, comment pouvons-nous accompagner correctement des publics vulnérables ? », interroge Magali.
Un manque de vision globale
Au-delà des questions budgétaires, les participants évoquent des violences institutionnelles : des logiques gestionnaires qui privilégient les économies à l’humain, des décisions prises sans concertation avec les acteurs de terrain.
Magali souligne aussi un manque de réflexion sociétale. « Beaucoup de parents sont débordés. Plutôt que de placer systématiquement les enfants, il faudrait renforcer l’accompagnement à domicile ». Concernant les inclusions des personnes en situation de handicap, pour la représentante du collectif, « elles ont leur place dans la société, pas seulement dans les institutions. Il faut leur permettre de sortir, de participer à la vie citoyenne. »
Une mobilisation ouverte et solidaire
Depuis hier, le village du social en lutte attire surtout des professionnels — éducateurs, AES (Aides Éducatives et Sociales), moniteurs — mais aussi des citoyens sensibles à ces enjeux. « On espère voir plus de familles, car elles sont les premières concernées par les décisions qui impactent l’accompagnement de leurs proches », confie Magali.
La mobilisation s’organise en roulement : certains posent une journée de grève, d’autres débrayent une ou deux heures, pour limiter la perte de salaire. « On est déjà mal payés, on ne peut pas se permettre de tout perdre », explique-t-elle.
Prochaines étapes
Ce mercredi à Alès, et jeudi à Nîmes, le collectif terminera sa mobilisation en rejoignant la marche des migrants à 18h. « Ces publics, nous les accompagnons aussi. Leur marche est la nôtre », affirme Magali.
Le collectif, qui se définit comme un rassemblement de travailleurs sociaux — et non un syndicat — appelle à une prise de conscience collective : « On ne peut plus accepter que des jeunes sortent de la protection de l’enfance à 21 ans sans rien, ou que des personnes en situation de handicap restent invisibles. Il faut repenser notre société pour qu’elle soit plus inclusive et plus humaine. »