Portant un harnais réfléchissant, le chien d'assistance émotionnel du tribunal judiciaire de Nîmes entre dans la salle d'audience aux côtés de Marina*. Le regard fixé au sol, la jeune fille de 15 ans s'installe au premier rang, accompagnée de sa mère.
"Quand je me suis réveillée, j'avais une main sur ma poitrine et une autre sur le bas du ventre. Les larmes coulaient", retranscrit l'avocate des parties civiles, en prêtant sa voix à la jeune fille. C'est lors d'une "soirée séries" entre le père et sa fille, durant l'hiver 2024, que l'agression sexuelle incestueuse se serait produite. À la barre, à quelques mètres de la jeune fille, le père secoue la tête, comme pour refuser le chef de prévention qui lui est reproché. Des agissements qui feraient suite à des "tapes sur les fesses" récurrentes, une poitrine pincée à de nombreuses reprises et également la découverte, dans le téléphone du prévenu, de photos de jeunes filles dénudées, "pouvant être mineures", précise la présidente, Anne-Carine David. S'appuyant sur l'absence de clarté des faits et sur le caractère "anodin de s'endormir sur le canapé", la défense demande la relaxe. La main [du prévenu] a peut-être glissé sur la poitrine [de sa fille]", ajoute l'avocate du père de famille.
"Ce dossier est très gênant"
Lors de ses réquisitions, le procureur avoue être "embarrassé" par l'affaire présentée devant lui. "Ce dossier est très gênant", précise le représentant du ministère public. Son scepticisme repose sur l'ancienneté des premiers faits reprochés au prévenu. En effet, Marina fait état de souvenirs qu'elle aurait depuis ses 8 ans, où son père aurait déjà eu des gestes ambigus et lui aurait touché la poitrine. "Il y a des doutes dans ce dossier, souligne Arnaud Massip, le procureur. Je vous laisse trancher", conclut-il en s'adressant aux trois juges.
Comme un signe d'espoir, Marina a confié à son avocate : "Je ne pensais pas vivre jusqu'à aujourd'hui. Purée, j'aurais peut-être un avenir." Le délibéré sera rendu le 17 octobre prochain, un point de départ pour la reconstruction de la jeune fille.
*Pour respecter l'anonymat de la victime, son prénom a été modifié.