Joël, 61 ans, n’est pas un retraité ordinaire. C’est à La Roque-sur-Cèze que la gendarmerie est intervenue, le 16 août 2023, pour interpeller un homme qui aurait été surpris en train de photographier les seins et les fesses de très jeunes femmes en maillot de bain. Face aux gendarmes, le prévenu reconnaît les faits, mais sans en mesurer la gravité : « Je ne savais pas que c’était interdit », a-t-il déclaré aux forces de l’ordre. Deux téléphones et un appareil photo ont été retrouvés sur lui, comportant de nombreuses photos volées de femmes et d’enfants, la plupart du temps nus ou en maillot de bain.
7 000 vidéos et 4 000 clichés
« Vous avez cumulé énormément de fichiers », souligne Jérôme Reynes, président de l’audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Pas moins de 7 000 vidéos pédopornographiques et 4 000 photos de mineurs en maillot de bain ou dénudés, pris par ses soins, ont été retrouvées dans ses différents appareils électroniques, lors de la perquisition de son domicile. « Des scènes avec des enfants de moins de 10 ans se faisant violer », décrit le président, faisant état de la violence des vidéos téléchargées par le prévenu.
D’autant que l’homme ne s’est pas limité à photographier des enfants. Une vidéo de près de 2 heures a été retrouvée chez lui. Y est visible une femme couchée dans son lit, visiblement nue et n'ayant aucune idée qu'elle est filmée. « Je ne la connaissais pas », dit-il. Même la fille de son meilleur ami a été prise en photo. Le portrait de sa poitrine, imprimé au format A4, a d’ailleurs été affiché dans sa chambre, tout près de son lit. « Vous n’avez pas de limites à ce moment-là », lance le président, sans attendre de réponse.
Des pièces aménagées
La perquisition a également pu mettre au jour l’existence d’une pièce aménagée dans le logement du prévenu. Cette dernière, équipée d’un fauteuil orienté en direction de la fenêtre et de jumelles, permettait de rentrer dans l’intimité de ses voisins. Assis en direction de la salle de bain voisine, Joël a pu observer les trois membres de la famille, nus, tout en restant chez lui. « Vous avez de quoi vous installer, vous asseoir… », décrit le président, les images sous les yeux. La chambre de Joël a aussi subi quelques modifications pour qu’il puisse s’adonner à ses pulsions sur grand écran. La souris permettant de faire défiler les photos et les vidéos se trouvait d’ailleurs dans son lit, lors de la perquisition.
Interrogé sur la raison de la présence d’autant de fichiers à caractère pédopornographiques sur ses appareils, le prévenu répond : « Je suis tombé dessus par hasard. » Un hasard qui peine à convaincre au vu des vingt-neuf sites Internet en favoris sur son moteur de recherche, tous proposant au téléchargement des images pédopornographiques. Quant aux clichés pris dans des lieux publics, il précise qu’il ne pensait pas faire de mal à qui que ce soit. « Je les prends en photo, je les regarde chez moi, je ne les aurais jamais accostées ces filles », explique le sexagénaire. « Il y a des personnes derrière », lui fait tout de même remarquer Jérôme Reynes.
Une peine de prison ferme
« À écouter monsieur, le mot qui m’est apparu est la nausée », lance Frédéric Kocher, procureur de la République. « Il se régalait à prendre des parties intimes en photo », ajoute-t-il, avant de requérir 3 ans d’emprisonnement à son encontre, dont 2 avec sursis. « Il a construit sa sexualité comme il a pu », plaide Maître Charlène Moussavou, avocate de la défense.
Au vu de la gravité des faits, le tribunal l’a condamné à 3 ans d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis, assorti d’un mandat de dépôt. Est également prononcé à son encontre un suivi socio-judiciaire de 5 ans, assorti d’une obligation de soins, d’une interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des enfants et une inscription au Fichier des délinquants sexuels (Figes). Concrètement, Joël va être incarcéré pour 18 mois. Une peine juste, mais sévère, pour un primodélinquant.