Publié il y a 1 an - Mise à jour le 23.03.2023 - Marie Meunier - 3 min  - vu 844 fois

BAGNOLS/CÈZE Le marché devient "zéro déchet" mais cela ne fait pas l'unanimité

marché bagnols placiers

Les deux placiers du marché : Michaël Gelas et Armando Rezzano, auprès des étaliers. 

- photo Marie Meunier

Cette année, le marché hebdomadaire de Bagnols-sur-Cèze fête son 800e anniversaire. Année qui marque aussi un tournant dans son histoire puisque depuis le 1er février, le marché est devenu "zéro déchet". Une démarche qui a du mal à passer chez certains commerçants non-sédentaires.

Aujourd'hui, le marché du mercredi matin s'étend sur les places Mallet, Pierre-Boulot et Jean-Jaurès, la rue Crémieux, le boulevard Lacombe, et le Posterlon. Il y a au total 160 emplacements pour accueillir les commerçants chaque semaine. Et chacun laisse derrière lui des sacs, cagettes... Ces déchets générés sur le marché bagnolais représentaient 123,560 tonnes en 2019. Le chiffre est descendu à 78,270 tonnes en 2022. En 2023, ce sera zéro.

marché zéro déchet bagnols
Depuis le 1er février, le marché hebdomadaire de Bagnols-sur-Cèze est passé en mode "zéro déchet".  • photo Marie Meunier

En effet, depuis le 1er février, le marché de Bagnols-sur-Cèze est devenu "zéro déchet". La municipalité ne met plus à disposition les gros containers en tri sélectif : "Les jours de mistral, les sacs volaient de partout. (...) La société chargée de nettoyer passait une première fois, puis une deuxième car tout n'avait pas été encore jeté. Des fois, les déchets n'étaient pas bien triés", argumente le premier adjoint, Maxime Couston. 

Des compensations financières pour les commerçants

Il assure que maintenant "dès 13h, les places et avenues sont nickels." Désormais, les commerçants non-sédentaires doivent remporter leurs déchets avec eux quand ils quittent le marché. Bien consciente que cela peut être contraignant, la municipalité a instauré une compensation financière. Les commerçants abonnés payeront 1 € le mètre linéaire de stand au lieu de 1,50 €. Et les commerçants passagers ainsi que le titulaires non-abonnés payeront 1,50 € au lieu de 2 €. "Cette réduction leur permettra de payer leur accès à la déchetterie", raisonne Maxime Couston. 

Que dit l'arrêté ?

Selon ce nouvel arrêté municipal visant le "zéro déchet", les exposants doivent maintenant respecter plusieurs consignes : tenir leurs emplacements propres durant toute la totalité du marché; laisser les passages situés devant et à côté de l’étal nets de tous ordres; être responsables du maintien de l’emplacement en parfait état de propreté; prendre les précautions utiles pour empêcher les envols; laisser les emplacements nets de tout déchet; emporter la totalité des déchets produits; respecter le processus de collecte mis en place par l’Agglomération du Gard rhodanien. 

Pour la ville de Bagnols-sur-Cèze, cette décision va aussi générer des économies. Car il en coûterait 270 €/ tonne pour enlever les déchets. "On fait aussi cela pour conserver la qualité du marché, le cadre de vie", pointe le premier adjoint. Si l'idée a fait son cheminement au sein de la municipalité, la réalité a été plus difficile à accepter du côté des commerçants du marché. 

Le SCAMP (Syndicat des commerçants des marchés de Provence) préfère employer l'expression "zéro collecte" que "zéro déchet", et a participé à la négociation avec la mairie pour obtenir la compensation financière. Toutefois, l'organisation professionnelle du syndicat rappelle "qu'elle a toujours défendu le principe d'une collecte assumée par la collectivité". Mais ce n'est plus le cas à Bagnols-sur-Cèze. "On a bien compris les enjeux sur le tri des déchets. On sait qu'on ne peut plus se permettre des tas d'ordures sur les marchés. Ce n'est pas bon pour l'attractivité", concède Nicolas Rostaing, président du SCAMP.

"Il y a des fruits qui ont pourri ou se sont abîmés qui coulent dans le camion..."

Sur le boulevard Lacombe, cette nouvelle mesure ne convainc pas. "Je préfèrerais qu'ils conservent les emplois et qu'ils continuent le ramassage des déchets", lance un primeur, derrière son étal. Il poursuit : "Au-delà de l'aspect financier, on manque de temps. On se lève tôt, on rentre du marché, il est 14h. On doit s'occuper de l'exploitation. Et en plus, il faudrait aller à la déchetterie ?" Le commerçant craint que certains étaliers ne prennent pas cette peine et que des dépôts sauvages essaiment dans la nature. "On veut bien faire des efforts mais ils s'y prennent mal", conclut-il. La mesure du "zéro déchet" devrait pourtant être généralisée en 2024.

Le poissonnier d'à côté trouve la décision absurde : "Quand je vends mon poisson, je dois enlever les tripes. Je suis obligé de les mettre dans un sac plastique que je remets dans le frigo de mon camion et que je ramène. Un frigo alimenté par une énergie que je paie." À la fin du marché, des personnes ayant de petits moyens venaient aussi se servir en fruits et légumes abîmés mais consommables, laissés de côté par les étaliers. "Là on peut plus", déplore le poissonnier. 

marché bagnols
Le marché de Bagnols-sur-Cèze est composé de 160 emplacements pour les étaliers.  • photo Marie Meunier

"C'est vraiment la cata", renchérit un autre commerçant qui vend des fruits et légumes. "Ces déchets, je ne sais pas où les mettre. On est censé ne pas croiser avec du propre mais là, il y a des fruits qui ont pourri ou se sont abîmés qui coulent dans le camion... Beaucoup de marchés font ça maintenant", atteste-t-il. Autre problème : en repartant le camion plein, le commerçant ne peut plus s'arrêter au retour de marché chez ses fournisseurs : "Je suis obligé de faire un aller-retour maintenant. Il va me falloir un gros poids-lourd si ça continue."

Marie Meunier

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