Les projets d'avenir pour les îlots des Pêcheurs et des Bijoutiers, deux immeubles en déshérence, ont été débattus ce mardi lors du conseil municipal de Beaucaire. Ce dernier a été marqué par le départ des élus Unis pour Beaucaire au moment où plusieurs délibérations concernant le personnel communal devaient être votées. 

Sans surprise, la campagne électorale s'est invitée dans les débats du conseil municipal. Julien Sanchez, maire de Beaucaire, également suppléant de son directeur de cabinet, Yoann Gillet, candidat Rassemblement national sur la 1ère circonscription, et Charles Menard, élu d'opposition et candidat de la Nupes, l'ont accueillie à bras ouverts. Après avoir entonné l'hymne national et ayant aperçu un confrère filmer la scène, le premier édile beaucairois a été le premier à lancer les hostilités.

"Chanter la Marseillaise le poing levé, pour un futur parlementaire, ce n'est pas terrible. Et je remarque M. Menard que vous la chantez uniquement lorsque vous êtes filmé !" Le conseiller municipal Beaucaire en commun de répondre : "C'est faux !" Pendant une heure et demie, les deux hommes se sont affrontés en joute verbale, des séquences ponctuées de rires dans les deux camps. C'est tout de même fort dommage que le grand tournoi de joutes nautiques de Beaucaire ne soit pas organisé en pleine campagne électorale, on aurait bien imaginé ces deux-là sur un bateau, la lance braquée sur l'autre. Il faudra attendre le 12 et le 19 juin pour savoir lequel des deux est tombé à l'eau le premier.

Parmi les 26 délibérations soumises au vote du conseil municipal, deux dossiers d'importance pour la ville de Beaucaire sur le thème de l'urbanisme et de l'habitat. Après un travail de longue haleine, la municipalité beaucairoise a reçu l'autorisation des architectes des Bâtiments de France et des services de l'État pour intervenir sur la mise en sécurité de l'îlot des Pêcheurs, une verrue de 1 500 m2 située en cœur de ville, dans le secteur sauvegardé.

"Assurer la sécurité des habitants qui empruntent les rues adjacentes à l’îlot des Pêcheurs"

Les travaux estimés à 50 000 €, devraient commencer dans les semaines à venir "afin que nous puissions tous dormir tranquilles et d'assurer la sécurité des habitants qui empruntent les rues adjacentes à l'îlot des Pêcheurs", a commenté le maire. Il faudra ensuite attendre la fin de la révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du site patrimonial de Beaucaire, pour connaître le sort réservé à ce bâtiment. En septembre dernier et alors que la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, constatait l'ampleur des dégradations, la Mairie optait pour la démolition de l'immeuble.

L'avenir de l'îlot des Bijoutiers, lui aussi dégradé et propriété de la commune, a également été abordé lors de cette séance. Ce dernier a été identifié parmi les ensembles d’immeubles prioritaires à requalifier dans le cadre de l’opération programmée d’amélioration de l’habitat – renouvellement urbain (OPAH-RU). "Nous avons pu trouver des investisseurs intéressés pour revaloriser les bâtiments (coût de l'opération : 153 000 €, NDLR) et créer des logements et donc du stationnement. C'est obligatoire dans les règles du PSMV. Donc si on veut que cette requalification puisse avoir lieu, il faut permettre d'avoir du stationnement lié à ces immeubles pour pouvoir créer des logements", a insisté Julien Sanchez.

Ainsi les investisseurs, prévoient d'acheter pour un moment de 77 900 € une parcelle de 320 m2 appartenant au domaine public communal situé à l’angle des rues de la Placette et des Bijoutiers. Cet espace qui faisait office de parking public, mais où le stationnement était souvent anarchique, sera donc prochainement privé et dédié aux futurs résidents de l'îlot des Bijoutiers. Pour Luc Perrin, "il y avait peut-être mieux à faire que des parkings". L'an dernier, alors que ce sujet avait déjà été évoqué lors d'un conseil municipal, l'élu d'opposition Unis pour Beaucaire avait imaginé "un projet plus global d’aération et de verdissement du centre-ville. Il aurait aussi éventuellement pu être utilisé pour enterrer des containers à ordures".

Charles Menard a quant à lui réagi sur la règlementation du PSMV. "Elle est obsolète à quelques années, parce que la part de la voiture individuelle est vouée à diminuer. Mais au-delà de cela, je suis opposé à la privatisation du domaine public et deuxièmement comment les acquéreurs (SCI Macha Immo, NDLR) ont-ils été choisis ? Je trouve qu'il y a une certaine opacité dans cette politique foncière de la ville." Une question à laquelle le maire a répondu non sans ironie : "Oh la la, mon Dieu, les extraterrestres s'approprient Beaucaire, qui sont ces gens qui achètent ?" Et de reprendre plus sérieusement :"Ça a été délibéré en conseil municipal. On s'est prononcé et on aura à se prononcer là encore. Vous pouvez voir le nom des acquéreurs dans les délibérations."

Et le sujet du logement social est revenu sur la table, les deux protagonistes s'opposant sur ce thème et reprenant quasiment mot pour mot leur discours du 27 juillet 2021. (Pour relire notre article, cliquez ici.) Les deux hommes se sont au moins entendus sur un point, la pertinence du "permis de louer" entré en vigueur le 1er novembre 2021 à Beaucaire. La Ville en a la compétence, ce qui pour Julien Sanchez est "une aberration. Elle doit revenir à la communauté de communes". Charles Menard a voté contre les délibérations portant sur le parking de l'îlot des Bijoutiers, les quatre élus d'Unis pour Beaucaire se sont abstenus.

Les élus UPB quittent la séance avant la fin

Ces derniers ont créé la surprise au moment où le conseil s'apprêtait à voter plusieurs délibérations concernant le personnel communal. "Nous ne pouvons continuer à voter les délibérations relatives au personnel sans que toutes les informations (au sujet de l'audit sur les risques psychosociaux des agents municipaux, NDLR) que vous êtes en devoir de communiquer aux élus n'aient été fournies et sans qu'un vrai débat n'ait eu lieu", a déclaré Luc Perrin aux côté de Dominique Pierre et Jacqueline Le Spegagne. Et le même d'ajouter : "Pour protester contre un déni de démocratie patent et par solidarité avec le personnel municipal en souffrance, les élus d'Unis pour Beaucaire quittent maintenant la séance en espérant que cette action symbolique vous ramène à la raison."

La séance a aussitôt repris non sans un commentaire du maire. "C'est un coup politique. La politique de la chaise vide. Je trouve ça ridicule. J'aurais pu leur répondre, ils se sont ridiculisés", a-t-il rétorqué. La création d'un comité social et territorial, issu de la fusion du comité technique et du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a donc été votée sans les représentants de UPB et à la majorité. Charge aux organisations syndicales de présenter une liste de six titulaires et six suppléants pour représenter le personnel communal au sein de cette nouvelle instance de concertation lancée en janvier 2023.

Stéphanie Marin