CULTURE Fontaines D.C., true Romance à Arles

Grian Chatten
- Photo Yannick PonsAprès Tokyo, Brisbane, Atlanta, New York, Dublin, Barcelone ou Lyon, c’est à Arles que Fontaines D.C. a posé sa Romance, avec un R majuscule, en escale du Cargo.
Dans le cadre du festival Les escales du Cargo, le groupe irlandais est venu défendre sa Romance, son quatrième album, bien reçu par la critique internationale, sur les pierres du théâtre antique.
Une escale arlésienne qui, une fois encore, prouve le talent de Jean-Marc Pailhole, directeur du Cargo, pour dénicher les pépites du moment. Ce soir-là, le sang irlandais a irrigué le Rhône.
Planant
Un public cosmopolite et familial, plus âgé qu’on ne l’aurait cru, mais conquis dès les premiers accords de guitare. Car Fontaines D.C., devenu en dix ans une machine rock implacable, a délivré un set entre furie punk et bangers pop. De ces morceaux puissants et dansants qui secouent les basses et mobilisent les foules.
Un set planant qui tape bien fort, soutenu par un dispositif scénique professionnel. Guitares changées à chaque morceau, échanges d’instruments, précision chirurgicale des transitions. Peu de regards, peu d’échanges entre eux, face à face glacial ou super-pro. Épuisés par une tournée mondiale, ils étaient hier à Lyon, les Dublinois ont brillé par leur rigueur, tout en enchantant le théâtre antique d'Arles, plein comme un œuf.
Au centre de ce tourbillon, Grian Chatten, le chanteur, arpente la scène en agitant les bras, prêcheur sombre et intense. Sur la pointe des pieds ou les pieds sur les baffles, il fait le job. Mais sa voix exceptionnelle, grave et incantatoire, transcende les pierres bimillénaires de l'édifice romain.
Furie irlandaise
Il faudra attendre un petit moment avant que le concert décolle vraiment. Après quelques volutes de rock progressif et des gentilles balades, le groupe resserre les rangs, et commence à cogner. Les baffles ont du mal à suivre. Les cordes des guitares deviennent tranchantes et les compositions plus directes. Le public, déjà acquis à leur cause, exulte pendant 70 minutes. En rappel, c’est un autre visage, plus spontané… Les lunettes noires sont tombées. Enfin !
Derrière la sophistication de Romance, dernier album plus accessible, se cache toujours ce groupe Indie-punk irlandais, brut et sincère. On les a découverts à Tinals, sur la scène Mosquito, lors de sa dernière édition le 1er juin 2019, bien avant le retour du festival nîmois Beauweekend à Paloma prévu pour la fin du mois de juin 2025.
Depuis, leur ascension fulgurante, nourrie par une prestation rageuse et planante, semble au plus haut. Prochaine étape, probablement le grand écran.