ÉCONOMIE Budget 2026 : le sénateur Denis Bouad réagit

Denis Bouad au Sénat
- Photo DR"Le budget 2026 s'inscrira donc dans la continuité des politiques menées depuis 2017, et cela, malgré le désaveu exprimé par les Français lors des dernières élections législatives."
Mi-juillet, François Bayrou, Premier ministre, a présenté les grandes orientations pour le budget 2026. Des annonces qui continuent de faire réagir, à l'image du sénateur gardois socialiste Denis Bouad :
"Le 12 juin dernier, la droite sénatoriale - à présent alliée avec le gouvernement - rejetait la proposition de loi visant à instaurer un impôt plancher sur le patrimoine des ultra-riches. Ce dispositif surnommé taxe Zucman aurait pu rapporter plus de 20 milliards d'euros au budget de la Nation. Seulement un mois après le rejet de cette taxe Zucman, le Premier ministre présentait les principales mesures de son « plan d'économie » dans l'optique de la préparation du budget 2026. Dans ce plan d'économie évalué à 43 milliards d'euros, François Bayrou appelle l'ensemble des Français à faire un effort sans proposer aucune mesure significative de justice fiscale.
Malgré ce plan d'austérité, l'endettement de la France se poursuit et aucune perspective pluriannuelle n'a été présentée pour mettre fin à cette spirale. Selon toute vraisemblance, le budget 2026 s'inscrira donc dans la continuité des politiques menées depuis 2017, et cela, malgré le désaveu exprimé par les Français lors des dernières élections législatives. L'expression démocratique est entièrement reniée et n'aura donc connu pour seule réponse un jeu d'alliances entre les petits et les grands perdants des élections.
Le plus grave étant peut-être que ce sont ces mêmes politiques menées depuis 2017 qui ont contribué à plonger le pays dans la situation budgétaire que l'on connait aujourd'hui avec plus de 1 000 milliards d'euros de dettes supplémentaires et un déficit public qui a atteint 5,8% du PIB pour l'exercice 2024. Les ultra-riches potentiellement concernés par la taxe Zucman ont vu leur patrimoine croitre de manière considérable au cours des dernières années. En 10 ans, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes françaises
est passé de 200 milliards d'euros à 1 200 milliards d'euros. Les politiques économiques et fiscales portées par Emmanuel Macron y ont largement contribué.
Dans le même temps, de plus en plus de français se trouvent en situation de précarité. Travailler ne suffit plus à s'assurer des ressources permettant de vivre dignement. La situation des travailleurs pauvres devrait être aujourd'hui la préoccupation politique centrale. Avec le recul des services publics sur les territoires et un système de santé au bord de la saturation, la politique de l'offre appliquée de manière inconsidérée et la théorie du ruissellement ont clairement montré leur limite. Une nouvelle fois, il est prévu de ponctionner 5,3 milliards d'euros aux collectivités. Une telle mesure entrainera nécessairement des effets récessifs avec un recul de l'investissement local et un appauvrissement des territoires.
Comment ne pas penser que les mêmes politiques produiront les mêmes effets ?
Comment prétendre solutionner la situation budgétaire actuelle sans même prendre le temps d'en analyser les causes ? Comment penser puiser dans les ressources des collectivités sans impacter les territoires et ceux qui y vivent ? Comment demander à tous les Français de faire un effort pour combler un déficit creusé par des politiques qui ont principalement servi les intérêts de quelques-uns ?"