FAIT DU JOUR Au château de Montalet, 40 ans d'une restauration qui s'accélère en été

Bénévoles et volontaires réunis pour le château de Montalet
- François DesmeuresEn plus des bénévoles, huit personnes sont présentes toute la semaine pour aider à la restauration du château de Montalet, qui avance depuis 41 ans. Depuis 1984, l'association pour la sauvegarde du château de Montalet se démène pour mettre l'édifice en sécurité et le restaurer, pierre par pierre. Après les adolescents du pôle jeunesse de Saint-Ambroix, en juillet, l'association Rempart a donc dirigé huit bénévoles vers Montalet, qui accélèrent le travail d'été.
L'association a eu pitié d'eux. Tradionnellement, "les chantiers de Rempart durent deux semaines, explique Gérard Naud, président de l'association pour la sauvegarde du château de Montalet. Mais quand on a vu la météo en début d'été, on s'est dit qu'on allait mettre qu'une semaine." Bien en a pris au président. Car lundi, sur le toit du donjon découvert, il était encore possible de travailler. Mardi (hier), déjà, l'histoire était bien différente.
Ils sont huit, cette année, à venir aider à la restauration du château de Montalet, à Molières-sur-Cèze, en provenance de Toulouse, du Var ou encore de Blois. Le pouvoir de l'enceinte de la famille Bérard de Montalet, stratégiquement orientée est-ouest, entre le Vivarais et le mont Lozère, a irrigué plus bas dans la plaine, donnant même à Alès les ailes qui lui servent aujourd'hui d'emblême. Une histoire presque oubliée quand s'est effondré un mur de l'enceinte, en 1983, qui fit l'effet d'un électrochoc.
Ce qui était un amas de pierre, au milieu des ronces, a alors pris une valeur patrimoniale et la région a regardé son passé, celui d'un château meyrannais au départ, puis sur la commune de Molières-sur-Cèze à la création de celle-ci, en 1882. "Les gens du village et des environs ont eu peur de se retrouver devant un tas de pierres. Sans savoir à qui était le château, on avait alors commencé à sécuriser les lieux", rembobine Gérard Naud.
Au fur et à mesure, le propriétaire est retrouvé. Et il voit d'un très bon oeil la volonté d'une intervention extérieure. "On a commencé à débroussailler, puis à on a fait quelques chantiers pendant cinq ou six ans, en fonction de qui était libre. En 1997, on a été obligé de demander le classement pour obtenir des conseils d'architectes des Bâtiments de France." Le château est, depuis, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. L'association gagne en expertise, au contact des spécialistes, mais se voit, forcément, plus contrainte dans le type de travaux à mener et le matériel à employer.
Mais peu importe, l'essentiel est dans le fait de pouvoir agir, alors que les arbres ont déjà atteint une belle hauteur dans certains vestiges. "J'ai fait des stages avec l'architecte en chef des Bâtiments de France, à Portes. Étudiant, j'avais travaillé la pierre avec un artisan, se remémore Gérard Naud. Et puis, on a introduit le chantier Rempart dans l'aventure. Au départ, notre idée était commencer par remonter le mur tombé. Mais l'architecte nous a dit "non", il faut d'abord consolider autour et à côté."
"Les premiers sacs de ciment, on les a montés sur le dos !, se souvient Gérard Naud. Ensuite, on a tamisé certaines ruines pour garder les sables et faire du ciment. Il a nous a, aussi, fallu quatre ans pour faire l'accès, alors que l'ancien chemin n'était qu'un passage à gué depuis Meyrannes." Une "vraie" route a finalement vu le jour "il y a une dizaine d'années". Le maire d'alors eut la bonne idée de proposer de créer une piste DFCI (défense de la forêt contre l'incendie) qui aboutissait au château. Ensuite, l'association l'a cimentée pour ne pas la voir glisser. La commune a fini par apporter eau et électricité sur place.
"Mais il fallait voir dans quel état c'était !, reprend Claude Nunez, depuis 18 ans dans l'association. Dans la tour d'entrée, il y avait des failles, les deux murs étaient séparés... On a même dû démonter un étage pour la consolider, jusqu'à la toiture qui a été refaite." Car si, du bord de la Cèze, le château de Montalet apparaît comme un bâtiment uniforme de type blockhaus, il est bien plus subtil qu'il n'y paraît, une fois à ses côtés, et la répartition de ses pièces soulève encore beaucoup de questions. Certaines avait même brûlé, car l'édifice, bâti aux 11e et 12e siècles, fut assiégé, en 1220, par Amaury de Montfort. Le Montalet d'alors prit le parti de fuir en incendiant une partie du château. Et les bénévoles de l'association pensent même avoir retrouvé, sous quelques mètres de terres et de ruines, la porte qui lui servit alors, semi-enterrée.
En 41 ans d'activité, le travail acharné de l'association laisse pantois. Des salles sont totalement hors d'eau, fermées par des vitraux dont Gérard Naud a fait son violon d'Ingres. Des fermes en châtaignier ou chêne soutiennent des toits en tuile. "À certains endroits, on a mis de la ferraille et des tirants", détaille Claude Nunez. Les déblaiements au coeur du château, abandonné au 16e siècle, ont permis de mettre au jour une citerne "de 150 m3". Et de confirmer que le château disposait de neuf tours.
Les Montalet, puis les Bérard de Montalet, se sont diffusés dans la région et en Europe. Un fut ambassadeur à Rome, un autre commandant des mousquetaires du roi. Louis de Bérard fut maire d'Alès. Et les ailes ont volé jusqu'au blason de la capitale cévenole. Sur place, il reste encore beaucoup à découvrir, notamment la partie "villageoise", au bas du château, dont l'enceinte devait abriter des maisons, comme au château d'Allègre.
Mais pour l'instant, c'est le corps du bâti qui intéresse les stagiaires d'été venus via Rempart. Comme Maxime, qui a déjà aidé des chantiers dans le Bordelais, à Castelroc dans le Tarn, ou à l'ancienne cité fortifiée de Peyrusse-le-Roc, en Aveyron. Un parcours patrimonial pour ce Toulousain qui se destine pourtant à des études scientifiques. "À Pâques, on accueille aussi un chantier famille. On a aussi eu un chantier d'une semaine de la CAF, deux heures par jour, pour des jeunes entre 10 et 15 ans. Pour venir, il suffit d'être majeur ou d'avoir une utorisation parentale." Les candidats, quels qu'ils soient, sont donc les bienvenus....