Ordre du jour dont le maire Valère Segal a rappelé, en introduction, que seuls les débats le concernant feraient l’objet de débats, avant lui-même d’aborder deux sujets qui n’y figuraient pas : sa présence lors du vote pour la création du poste de directeur de cabinet, et les derniers rebondissements sur le terrain du collège. Deux sujets qui ont fait l’objet soit d’une conférence de presse, soit d’un communiqué de presse, d’une part pour affirmer que le maire avait bien le droit de participer au vote de la création du poste, d’autre part pour affirmer que le Tribunal judiciaire s’étant déclaré incompétent sur le terrain du collège et le contentieux qui oppose la mairie à l’Établissement public foncier Occitanie (EPF O) à son sujet, « l’EPF O reste propriétaire du terrain, si Mme Lapeyronie (ex-maire de Pont, présidente de l’EPF O, ndlr) souhaite le donner au Département ou à la commune, personne n’y verra d’inconvénient », lancera le maire.
Évidemment, il fallait s’attendre à ce que cette prise de parole relance un énième débat sur le terrain du collège, et cette fois c’est l’opposant et député RN Pierre Meurin qui s’est dévoué, accusant le maire d’être « un service contentieux à (lui) tout seul », qui « passe (son) temps à rejeter la faute sur les autres » et n’a « aucune vision pour la commune ». Le maire rappellera qu’il n’était « pas contre un nouveau collège, mais pas sur le dos des Spiripontains », et accusera le député de faire du conseil « une tribune politique parce qu’il y a les élections. »
« Entre deux contentieux, on a de gros projets »
Voilà une séance qui démarrait sous les auspices habituels, ce qui ne s’est pas démenti malgré l’ordre du jour peu affriolant. Ainsi, l’inoffensive délibération 8, qui visait à créer un tarif pour la vente des produits issus de la machine à pop-corn du cinéma municipal, a fait débat. Pas sur le prix (2 euros pour la cup de 32 grammes, soit un litre de pop-corn), mais sur la nature de la délibération. « Je ne peux pas résister au plaisir de dire qu’il s’agit de la délibération la plus importante de la soirée, le spectacle des petites mesquineries spiripontaines nécessite du pop-corn », grincera Pierre Meurin.
« C’est un projet qui apparaît à vos yeux si crucial pour l’avenir de Pont-Saint-Esprit », moquera l’opposante Françoise Savelli (« Pont d’Abord »), avant de demander plus de précisions sur l’engin. L’adjointe aux Finances Karine Bommenel lui répondra le plus sérieusement du monde que la machine avait été achetée 7 000 euros, et qu’une délibération était nécessaire pour fixer le prix de vente des pop-corn. « Entre deux contentieux, on a de gros projets », s’amusera Pierre Meurin, avant que la conseillère municipale éjectée de la majorité début octobre Olivia Gemtu-Chantry n’affirme que « la majorité était contre, c’est un caprice du maire. »
Maire qui répondra que lors de la première présentation du projet en commission, « l’équilibre financier n’avait pas été présenté », ce qui justifiait le vote contre, mais qu’ensuite, une deuxième présentation « montrait un amortissement de la machine en un an », machine « qui est une demande des gens du cinéma depuis longtemps. Beaucoup préfèrent aller au cinéma à Bagnols ou à Bollène pour ça. »
Pierre Meurin reviendra à la charge en affirmant que « c’est la délibération qui suscite le plus de débat, c’est dire à quel point vous avez une vision pour Pont-Saint-Esprit », avant que Françoise Savelli ne demande si le maire et son équipe allaient « continuer à sauter comme du pop-corn. » « Et que ça saute, on va voter alors », glissera le maire dans un sourire. Vote à l’unanimité.
Les autres sujets
Sinon, le conseil a voté à l’unanimité l’actualisation des demandes de subventions pour l’aménagement de la rue des Capucins, alors que l’État a décidé de ne pas attribuer de Dotation d’équipement des territoires ruraux sur ce chantier. Un chantier à 1,5 million d’euros tout de même, qui devrait être subventionné à hauteur de 38 % par le Département, l’Agglomération et Territoire d’énergie Gard.
Puis le conseil a voté une demande de prolongation de la convention qui approuve la subvention « Fonds friches » au dispositif de résorption de l’habitat indigne. De quoi faire dire à l’ancienne maire Claire Lapeyronie que la majorité n’a « rien fait » sur ce dossier, tout en rappelant que « l’EPF a été écarté du dispositif, l’ensemble des 2 millions d’euros repose désormais sur la commune. » Karine Bommenel répondra que « l’année n’est pas terminée » et que des projets peuvent encore rentrer dans le dispositif, avant d’assumer le choix de ne pas recourir à l’EPF. Claire Lapeyronie estimera toujours qu’il y avait « de la procrastination » sur le dossier, avant que le maire ne lance que « si on avait eu l’étude sur l’eau, on aurait avancé plus vite. » La délibération sera votée avec les abstentions de Claire Lapeyronie et Françoise Savelli.
Et aussi
Comme à chaque conseil, nous avons reçu des réactions par communiqué, que voici :
La section PS de Pont-Saint-Esprit : « À l’issue du conseil municipal de ce mercredi 12 novembre 2025, notre groupe tient à exprimer sa profonde inquiétude concernant la dégradation continue du fonctionnement démocratiquede notre assemblée.
Depuis plusieurs mois, nous constatons un repli préoccupant du Maire, qui choisit désormais de conduire les débats seul, sans accepter la contradiction, ni même la parole de celles et ceux qui ont pourtant contribué à son élection au sein de sa propre majorité. Cette attitude, régulièrement observée en séance, empêche tout échange constructif et nuit gravement à la qualité du débat public, pourtant indispensable au bon fonctionnement d’une commune.
Nous alertons sur le risque institutionnel et politique que représente cette concentration excessive de la parole et du pouvoir. Lorsqu’un maire refuse systématiquement d’entendre les élus, d’écouter les arguments et de permettre l’expression démocratique légitime de chacun, c’est le fonctionnement normal de la collectivité qui se trouve fragilisé. Notre démarche n’est pas de polémiquer, elle vise à rappeler qu’un conseil municipal ne peut fonctionner que dans le dialogue, la transparence et le respect mutuel. L’autoritarisme, même latent, n’a pas sa place au sein d’une instance démocratique locale. Nous appelons donc le maire à rouvrir un espace de discussion apaisé, à permettre à l’ensemble des élus de s’exprimer pleinement et à garantir un fonctionnement conforme aux principes républicains.
Dans l’intérêt de la commune et de ses habitants, nous resterons vigilants et continuerons à défendre un fonctionnement démocratique clair, équilibré et respectueux de toutes les sensibilités représentées au sein du Conseil municipal.
Que les habitants de Pont-St-Esprit soient rassurés, bientôt un avenir va s’ouvrir pour eux : Un Pont vers l’avenir ! »
Aurélie Delwarte, conseillère municipale d’opposition « Simplement Pont » : « Le conseil municipal de ce mercredi a une nouvelle fois illustré le manque d’ambition et de vision de l’équipe municipale en place.
Alors que les Spiripontains attendent des réponses sur les grands enjeux du quotidien — sécurité, cadre de vie, attractivité, jeunesse, développement économique —, la majorité de M. le Maire préfère soumettre au vote… la tarification du pot de pop-corn.
Cette délibération, aussi anecdotique qu’incongrue, en dit long sur l’absence de projet structurant et sur le décalage entre les priorités municipales et les attentes réelles des habitants.
Pont-Saint-Esprit mérite un avenir clair et ambitieux, pas une gestion réduite à des détails administratifs sans perspective.
Plus inquiétant encore, le maire n’a pas laissé la parole à ses deux élues qu’il a délibérément placées dans l’opposition, une attitude contraire à l’esprit démocratique et au respect du pluralisme au sein du conseil municipal.
Je rappelle également que ma requête au fond concernant la délibération d’embauche du collaborateur de cabinet est toujours en cours d’instruction devant le tribunal administratif.
Une affaire qui, au-delà de sa portée juridique, illustre le fonctionnement opaque et les “petits arrangements” d’une majorité en fin de souffle.
Les Spiripontains méritent mieux qu’une politique du symbole creux et des décisions accessoires.
Ils méritent une véritable vision pour l’avenir de notre commune. »
Olivia Gemtu-Chantry, conseillère municipale d’opposition : « Une fois de plus, c’est en arrivant au conseil municipal que je découvre que je siège désormais dans l’opposition. Aucune communication en amont, aucun respect.
Et le comble, c’est de ne pas pouvoir m’exprimer sur le sujet en fin de séance, une censure qui caractérise bien la méthode Segal.
Je tiens à rappeler que je suis élue sur la même liste, avec la même volonté de servir notre commune. Je déplore aujourd’hui une décision injuste, arbitraire et unilatérale du maire, qui m’écarte de la majorité municipale.
Le maire a le droit de me retirer ma délégation, bien qu’il me laisse toutes mes commissions, incompréhensible !
Je rappelle que les citoyens ont voté pour une équipe, pas pour un seul nom et encore moins le sien. Nous avons tous contribué à remporter les élections municipales. Personne ne détient le monopole de la légitimité et de la compétence.
Mais qu’il se rassure : ce n’est pas en m’évinçant qu’il brillera davantage. On ne gagne pas en lumière en éteignant celle des autres.
Je n’ai pas changé de cap ni de valeurs, j’ai simplement refusé de confondre loyauté et soumission. Être conseiller municipal, c’est défendre l’intérêt général sans céder à un pouvoir personnel.
L’exemplarité se prouve par la transparence, la cohérence et le respect à commencer par celui de ses colistiers. Le spectacle d’hier soir illustre encore une fois un penchant marqué par le cabotinage. Il va jusqu’à se gargariser de faire travailler le personnel communal dans les meilleures conditions alors qu’il suffit de faire le tour des services pour voir les difficultés que les agents rencontrent.
Je resterai fidèle à mon engagement initial : servir la commune avant de servir un ego. Dans la majorité ou dans l’opposition, mon cap reste le même : celui de l’intérêt des habitants avant tout.
Je tiens à lui rappeler que dans le règlement intérieur du CM il n’y a rien qui assigne des places assises aux conseillers, une fois de plus le roi décide, la dictature continue ! »