FAIT DU JOUR Coup de filet à Saint-Gilles : en immersion dans l'hélicoptère de la gendarmerie
Hier, une opération de grande ampleur a été menée par la gendarmerie du Gard dans le quartier Sabatot de Saint-Gilles. Objectif Gard est monté dans l'hélicoptère des militaires. Récit.
Dans le Gard, le trafic de drogue est plus que jamais au coeur des préoccupations de la police, de la gendarmerie et de la préfecture. "J'ai sorti mon joker", aurait même déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en nommant Jérôme Bonet, ancien directeur central de la police judiciaire, en tant que préfet du Gard. L'État oeuvre particulièrement avec les forces de sécurité dans le quartier nîmois de Pissevin mais pas seulement.
Hier, c'est dans le quartier Sabatot de Saint-Gilles, connu pour son trafic de stupéfiants, qu'une vaste opération a été menée. À 6 heures, ce quartier peuplé de 2 000 habitants a vu débarquer plus de 160 gendarmes. Des militaires venus du Gard (Nîmes, Vauvert et Bagnols-sur-Cèze), mais aussi du Psig de Lunel et de l'escadron "Guépard". Une force mobile basée en région parisienne et composée de 70 hommes.
"Zoomer sur des individus qui tenteraient de fuir"
C'est le déploiement localement de cette force dédiée aux opérations sensibles qui permet de pouvoir mener ces interventions de grande ampleur. Sur ordre du parquet de Nîmes, trois principales têtes de réseau étaient visées. Au total, dix personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Pour l'occasion, un appui aérien a été déployé. À 7 heures, un hélicoptère de la gendarmerie a décollé depuis Toulouse, celui de Montpellier n'étant pas disponible, pour arriver, après un crochet par l'aérodrome de Courbessac, vers 9 heures sur zone.
"C'est une réelle plus-value au niveau de la vidéo. Une caméra thermique est installée sur l'avant de l'appareil, elle permet de faire de la détection à distance sans être vu. On peut zoomer sur des individus qui tenteraient de fuir et lire des plaques d'immatriculation", explique le capitaine Bruno Surin, commandant de la brigade de Marguerittes qui a opéré plusieurs années à Saint-Gilles (voir ci-dessus).
À environ 200 mètres du sol, il suit l'opération accompagné par deux pilotes. Après un survol de la zone, l'appareil est resté stationnaire plusieurs dizaines de minutes. Dans le cockpit, les images filmées sont visibles en direct sur un moniteur. La précision du zoom est incroyable. Cette fois-ci, les images ne sont pas retransmises en direct aux équipes au sol car cela nécessite une autorisation préfectorale.
Caves inspectées, automobilistes contrôlés
En revanche, la moindre information suspecte est transmise par radio. "Ça progresse dans les escaliers", est un exemple du type d'information divulguée. Après les interpellations, c'est une action de sécurisation des lieux et de recherche de produits stupéfiants qui a été menée qualifiée de "réappropriation de l'espace public". En octobre, plusieurs caillassages de véhicules de gendarmes ou de policiers municipaux ont au lieu dans ce quartier. Des commerces, des parties communes d'immeubles ou encore des caves, que certains dealers s'attribuent sans droit, ont été minutieusement inspectés grâce à la présence de huit équipes cynophiles (chiens).
Des automobilistes ont aussi été contrôlés pour cette opération qui s'est terminée vers 10h30. Muni d'un puissant phare, qui n'a pas été utilisé hier, l'hélicoptère peut permettre d'éclairer comme en plein jour. Une aide précieuse pour les militaires au sol exploitée uniquement pour les missions de grande ampleur. De nombreux moyens déployés pour réaffirmer la présence de l'État dans un quartier où la population subit des nuisances liées au trafic de drogue.
Construit dans les années 1970, Sabatot a d'abord accueilli les employés de la base de Nîmes-Garons. Des résidents progressivement remplacés par des ouvriers agricoles venus d'Afrique du Nord avec l'aménagement du Bas-Rhône permettant de développer l'agriculture. Un quartier devenu zone de sécurité prioritaire avec la présence d'une forte économie souterraine liée au trafic de stupéfiants.
"En dix ans, la délinquance a malgré tout été divisée par deux grâce à la réfection de la voirie, le réaménagement du quartier avec la suppression de barres et la mise en place de la vidéosurveillance", souligne Bruno Surin qui a suivi ce changement par rapport aux années 2000 dans un quartier qui connaît un taux de chômage de 40 %.
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