Publié il y a 1 h - Mise à jour le 04.09.2025 - Norman Jardin - 4 min  - vu 260 fois

FAIT DU JOUR Courbessac recherche médecin désespérément

À Courbessac, les habitants et les professionnels de santé locaux s’inquiètent.

- Photo : Norman Jardin.

Le quartier nîmois va perdre son dernier médecin à partir du 1er janvier 2026. Les habitants et les professionnels de santé locaux s’inquiètent et ils ont lancé une pétition en ligne afin d’attirer l’attention face à cette situation aux multiples conséquences.

C’est un compte à rebours qui est déclenché à Courbessac. À partir du 1er janvier 2026, le quartier nîmois se retrouvera sans médecin. « Nous nous retrouvons sans la solution de rechange et sans médecin disponible à proximité », explique la pétition en ligne qui a déjà récolté plus de 300 signatures. À ce chiffre, il faut rajouter les 80 consignées dans une pétition en format papier à la pharmacie, au cabinet des infirmiers, de la kiné et une au bureau de tabac. Le temps presse et aucune perspective ne semble se présenter pour éviter à Courbessac de se retrouver sans médecin.

« J’ai même envoyé un e-mail à la fac de Roumanie, mais je n’ai pas eu de réponse »

« La situation est critique. Il y a des gens de passage qui vont voir la médecin, mais qui ne sont pas de Courbessac. Ceux-là ne viendront plus à la pharmacie ou dans les commerces. Nous avons installé une borne de téléconsultation, mais nous avons besoin d’une relation avec un médecin », souligne Coralie Martin. La responsable de la pharmacie du quartier multiplie les démarches pour trouver une solution. C’est elle qui est à l’origine de la pétition : « J’ai même envoyé un e-mail à la fac de Roumanie, mais je n’ai pas eu de réponse ».

« Je soigne environ 1 200 personnes »

Emmanuelle Mommeja-Couton est la médecin de Courbessac depuis 2005 et elle va légitimement faire valoir ses droits à la retraite : « J’ai posté des annonces sur des sites dédiés, mais je n’ai jamais eu d’appel », regrette-t-elle en s’inquiétant pour les habitants de son quartier : « Je soigne environ 1 200 personnes. Ils me parlent régulièrement de mon départ et certains d'entre eux sont très âgés, ne prendront pas le bus. Ils risquent de rencontrer des difficultés à se soigner », abonde la médecin. Chez les autres professionnels de santé, l’inquiétude monte également : « Un médecin sur place, c’est l’assurance d’avoir des prescriptions rapides et un référent. Si on a un souci, on peut lui demander un conseil et c’est rassurant en cas d’urgence », rappelle Pamela, la kiné de Courbessac.

« Nous allons devenir un désert médical »

Les préoccupations sont les mêmes pour Sandrine : « Nous allons devenir un désert médical. Nous avons une population vieillissante avec certaines qui ne peuvent pas se déplacer. Quand vous avez une personne de 97 ans, vous ne pouvez pas l'amener aux urgences. » L’infirmière du quartier s’insurge et propose une solution : « Il faudrait faire sortir des structures, les internes qui sont à six mois de leur thèse. Dans un service d’hôpital, il y a parfois six internes, on se dit que cinq pourraient suffire ».

« À Nîmes, les médecins ne prennent plus de patients, idem à Marguerittes, Poulx, Cabrières, Rodilhan et Saint-Gervasy »

Chez les patients, aussi, on se pose des questions. Jean-Noël habite Courbessac depuis 1990 et il cherche en vain un nouveau docteur : « J’ai fait des demandes à Nîmes, mais les médecins ne prennent plus de patients, idem à Marguerittes, Poulx, Cabrières, Rodilhan et Saint-Gervasy. » C’est un quartier de plus de 3 000 habitants qui va se retrouver sans médecin dans un peu moins de quatre mois.

« J’ai l'espoir de trouver une solution »

Du côté de la ville de Nîmes, Frédéric Pastor, le président du Conseil de quartier Mas de Mingue / Courbessac, travaille sur ce dossier : « Le grand souci de notre société est de se rendre compte que bon nombre de nos citoyens ne disposent pas d’un médecin traitant. Je travaille avec ma collègue Corinne Ponce qui est l’élue à la santé qui suit aussi le dossier. On cherche par tous les moyens. C’est compliqué à Courbessac, mais c’est compliqué partout. J’ai l'espoir de trouver une solution rapidement. »

Une page longue de 20 ans va se tourner à l’est de Nîmes : « C’est difficile de partir, mais il faut bien partir un jour », conclut Emmanuelle Mommeja-Couton, la médecin de Courbessac qui n’est pas encore partie, mais qui est déjà regrettée.

138 médecins pour 100 000 Gardois

Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, qui est le service statistique ministériel dans les domaines de la santé et du social), il y avait au 1er janvier 2025, 237 200 médecins en activé en France, quant aux chiffres de l’INSSE, ils indiquent qu’en 2023, le Gard était doté de 138 médecins pour 100 000 habitants, un chiffre en baisse chaque année depuis que les données de L'Institut national de la statistique et des études économiques les publie, c'est-à-dire 2012.

Norman Jardin

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