Un rideau de pluie. Le décor de la rentrée est planté. Au domaine Belle d’Argence, le temps n’est pas à la contemplation, les vendanges sont en cours, et cela, depuis deux semaines. La production de ce domaine qui s’étend sur 46 hectares en AOP Costières de Nîmes, devrait atteindre les 2 000 hectolitres dont 60 % de rouge, 30 % de blanc et 10 % de rosé. L’équipe de cette exploitation viticole en agriculture biologique depuis les années 90, a reçu la visite du sénateur (PS) Denis Bouad, venu prendre le pouls d’une profession en pleine mutation, confrontée aux défis climatiques, économiques et réglementaires. Le premier rendez-vous d’une série. Le parlementaire connaissait déjà cette cave particulière et ses anciens propriétaires, Jeanne et Michel Pastouret, rejoints par leurs enfants, Virginie et Mathieu. Depuis le domaine a été racheté, en juillet 2023, par la famille Aubery associée à Pascal Ferrier, fondateurs de la société Bellagarda.

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« Aujourd’hui l’objectif est de valoriser au mieux le terroir et la superficie donc faire plus de cuvées, plus de bouteilles mieux vendues », indique Pascal Ferrier. Si le domaine est bien implanté sur le marché national avec 40 % de ses ventes dans le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et un solide réseau en Bretagne notamment, franchir les frontières est incontournable. « En France, on perd entre 5 et 10 % de consommateurs de vin chaque année. On ne peut pas se contenter du marché intérieur », souligne le directeur.

Ce travail-là a déjà été engagé et cela suite à la cession de la prestigieuse maison de négoce SAS Xavier Vins fondée en 1999 par Xavier Vignon, œnologue à Châteauneuf-du-Pape ; à la famille Aubery. Un acteur bien implanté à l’international, qui devrait permettre au domaine Belle d’Argence de déployer ses cuvées sur de nouveaux marchés : États-Unis, Antilles, Europe du Nord, Asie, Afrique… « Le vin, on en consomme sur toute la planète. Si un marché se ferme, un autre s’ouvre, tempère Pascal Ferrier, interrogé sur la taxe Trump. Il faut voir comment ça va réagir là-bas, ce n’est pas sûr que les Américains arrêtent de consommer européen. » L’ambition du groupe est en route, un premier conteneur de vin est en partance pour le Brésil. Mais cela demande de l’adaptabilité et de la patience. « Il n’y a aucune ligne directrice entre les pays, regrette Mathieu Pastouret, responsable d’exploitation. Monter une palette nécessite une demi-journée de travail, la paperasse prend trois mois. »

Les lourdeurs administratives, normatives, réglementaires sont pointées du doigt, « elles pèsent sur la profession et nous freinent parce qu’on passe beaucoup de temps à regarder si on est dans les normes, à présenter des documents, à se justifier. Et en étant des petits opérateurs, on prend encore plus lourdement le poids de toute cette normalisation européenne, nationale, locale, interprofessionnelle etc », insiste Pascal Ferrier. Le message a été transmis au sénateur Bouad. Le maire de Bellegarde et président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence, Juan Martinez, accompagné de son vice-président et maire de Jonquières-Saint-Vincent, Jean-Marie Fournier, a participé à la visite. « Les gens qui investissent, qui produisent de la qualité, doivent être accompagnés plutôt que réprimandés pour valoriser leur travail », a-t-il martelé. Le même insiste aussi sur l’importance de consommer local et de valoriser les appellations du territoire, l’AOP Clairette de Bellegarde, un vin fabriqué par six producteurs sur la commune, dont le domaine Belle d’Argence avec une production de 150 hectolitres par an.