Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 07.12.2020 - anthony-maurin - 5 min  - vu 4349 fois

FAIT DU JOUR Inquiétudes sur l'avenir de l'ancien collège Bigot à Nîmes

Les riverains, plus nombreux quelques instants après cette photo sont contre le programme immobilier (Photo Anthony Maurin).

Un permis de construire que les riverains ne veulent pas (Photo Anthony Maurin).

Ce sont six nouveaux bâtiments de trois étages qui devraient accueillir 121 logements qui seront construits en lieu et place du terrain de sport et du gymnase de l'ancien collège Bigot à Nîmes. De l'autre côté de la rue d'Oran, un Ehpad de la Croix-Rouge devait être construit (le permis serait en cours d'instruction, NDLR) mais un permis de construire de 127 autres logements vient d'être affiché. Inquiétude et colère montent au sein du quartier nîmois.

L'association Le Droit au soleil, le comité de quartier Beausoleil, le conseil syndical du Stella et les riverains du quartier s'insurgent contre un projet immobilier. En septembre 2019, deux permis de construire sont déposés pour réhabiliter l'ancien site du collège Bigot à Nîmes.

Le plan des futures constructions (Photo Anthony Maurin).

Fermé en 2016, le collège a vécu quelques années palpitantes ou déconcertantes, tout dépend du point du vue. D'abord il a été un lieu de tournage, mais avant cela il aurait dû accueillir Epide, un établissement pour l'insertion dans l'emploi dédié aux jeunes âgés de 18 à 25 ans. Mais voilà plus d'un an, le collège Bigot a été acheté pour 2,2 millions d'euros par la société STS. En collaboration avec la Croix-Rouge, le promoteur immobilier comptait créer un Ehpad, une maison en partage ainsi que des résidences en primo-accession et de nombreux logements.

Pour le président de l'association Le Droit au soleil, Bernard Mullier, " l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes était prévu sur le terrain de l'actuel gymnase puis, comme c'est en zone inondable, il a été déplacé en face mais c'est un autre permis de construire que celui auquel nous nous attendions qui est affiché. On s'affole car il y a deux permis et on ne comprend pas pourquoi. En tout, ça ferait près de 250 logements supplémentaires (dont 146 sociaux, NDLR) dans ce quartier enclavé dont la seule issue est la petite rue d'Oran et au sein duquel on compte déjà plus de 30 % de logements sociaux ! Toutes les règles de l'urbanises sont bafouées. "

Créée en 2001 par Stéphanie Sagnard, STS réalise les premières années des opérations de taille "raisonnable" avec méthode, application et respect des acteurs. Ses projets en cours ? L'ancien cinéma le K7, la Porte Auguste, le Carré noir, les Justices vieilles ou encore le bâtiment de Riciotti (en jean sur le périph) qui abrite des agents du Conseil départemental.... Pas mal de choses à Nîmes ces derniers temps.

La Ville devait, de son côté en en compagnie de STS, présenter le nouveau plan de circulation à la population en novembre dernier mais crise sanitaire oblige, la réunion a été reporté. " On a envoyé de nombreuses lettres aux élus mais nous n'avons aucune réponse. " Alors les riverains se mobilisent.

Un mètre d'eau dans la rue en octobre 1988 (Photo Anthony Maurin).

" Le nouveau programme supprime l'aire de retournement qui est le seul moyen pour un gros véhicule de faire demi-tour dans cette rue. On se demande comment on va faire !, ajoute le collectif. Visiblement il y aurait deux accès qui rejoindraient le boulevard Salvador-Allende, les rues de Rivoli et d'Arcole mais rien n'est fait. Toutes les deux seraient à sens unique. Autre problème, le stationnement... Il n'y aurait que dix places sur la totalité de la rue alors qu'il va y avoir des centaines de personnes en plus et des visiteurs qui viendront s'ajouter aux habitants. Même si les bâtiments de trois étages auront leur parking en sous-sol, chaque famille a plusieurs voitures et reçoit des amis donc nous allons très vite être dépassés. "

(Photo Anthony Maurin).

À la place du gymnase, il devait y avoir donc l'Ehpad fort de 137 logements pour un effectif, personnel compris, de 234 personnes. Il devait aussi y avoir une maison en partage de 20 logements de 50 m², le tout représentant une surface de plancher de plus de 8 600 m². Sur le site de l'ancien collège, en face, 127 logements en R+3 en quatre bâtiments devaient sortir de terre pour une surface de plancher de près de 8 600 m² avec en prime 145 places de parking en sous-sol.

L'aire de retournement sera-t-elle supprimée ? (Photo Anthony Maurin).

Pour les riverains, cela n'est plus tenable. " En décembre 2019 nous avions posé un recours gracieux pour un premier projet de 121 logements (dont 55 en logements sociaux, NDLR) en six blocs R+3. Nous sommes par la suite passés en contentieux en février 2020. Maintenant nous avons déposé un autre recours pour le nouveau projet de 127 logements sur le futur emplacement de l'Ehpad. Tout est bloqué car la surface de plancher est passé de 8 600 m² à 9 159 m². Ce permis serait annulé et remplacé par un nouveau. Nous ne sommes pas contre l'Ehpad, au contraire on l'a même souhaité mais à Nîmes 10 000 appartements attendent d'être rénovés pour être loués. Pourquoi ajouter des logements à un quartier qui a déjà de nombreux logements sociaux ? Ça doublerait le logement collectif existant, notre quartier n'est pas adapté à cela. "

Le gymnase et le terrain qui va avec (Photo Anthony Maurin).

Ces deux permis ont été demandé par deux sociétés civiles fraîchement créées. Les SSCV Arthur Rimbaud et la SAS Bigot et Charles-Baudelaire se substitueraient à la SAS Bigot initialement prévue. " On espère que ça va bouger. Nous sommes sur un autre recours contre le projet portant sur le terrain du gymnase. Le Stella, l'immeuble qui est juste derrière, n'en veut pas du tout. Le comité de quartier de Beausoleil nous soutient en tout. Nous sommes une centaine de personnes dans les maisons individuelles et 300 au Stella à être opposés à ce projet. De plus, en 1988 lors des inondations, il y avait un mètre d'eau dans la rue ! "

Pour ne rien arranger à l'affaire, l'ancien collège est, selon les riverains, squatté depuis six mois. Le gymnase se dégrade à vue d'oeil et les abords du secteur sont loin d'être mis en valeur. À la place du gymnase, pourquoi ne pas faire un parc ou réutiliser le terrain pour apporter une bouffée d'air pur au quartier ? Voilà ce à quoi pensent les riverains. " Avant, on y faisait des vide-greniers. On y amenait les enfants faire du vélo, jouer au foot... "

L'entrée de l'ancien collège Bigot (Photo Anthony Maurin).

Un passant voyant les voisins se rassembler pour une réunion improvisée est en plein doute. " On nous met devant le fait accompli ! Cet Ehpad ne me dérange pas mais 130 logements sociaux en plus ici, oui. Le quartier était calme mais depuis trois ou quatre ans il s'est détérioré. Je suis là depuis 1996 et je vois tout ça... Les jeunes des Jonquilles (bâtiments proches, NDLR) viennent boire et fumer sur le parking. La police municipale ne vient jamais. Si tout ce projet voit le jour, je n'aurai plus d'ensoleillement. Je pense déjà à partir m'installer à Bouillargues ! " Et une autre riveraine d'ajouter " Et moi à La Calmette. Je ne me sens pas en sécurité ici. J'ai déjà été cambriolé. Je suis seule et tous ces logements ne me plaisent pas. " Mais pourront-ils revendre leur bien ? À quel prix ?

" On espère le dialogue et le désenclavement du quartier. On préfèreraient des maisons individuelles à la place de ces six blocs d'habitation. La ville se verticalise et on ne peut pas rester sans rien faire. Nous voulons plus de concertation. Mais, puisqu'ils ont décidé de faire ça un matin en se levant, nous allons nous battre contre ce projet car le quartier ne mérite pas cela. "

Le fameux avant/après (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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