Parmi les fruits à grains, la grenade est son préféré. Depuis 1991, Jacques Beraud a voué son temps libre à développer son activité de producteur. Après avoir repris l'exploitation de ses parents, le sexagénaire a voulu se diversifier. La grenade, c'est un fruit rare dont il a depuis le secret. Cette exploitation agricole familiale, héritée de son père, se situe plein sud, sur les collines dominant la vallée de la Cèze, à Bagnols-sur-Cèze. Celui qui s'est reconverti comme agriculteur, combinée à une activité dans une centrale nucléaire, s'est construit un véritable havre de paix : "Une entreprise biologique" de cinq hectares de chênes à truffiers, quatre hectares de vignes, mais surtout, trois hectares recouverts de grenadiers.

De la transmission à la révélation

Le Bagnolais raconte pourquoi il s'est lancé dans ce projet atypique : "J'avais pas mal modifié la propriété. Je me suis retrouvé avec une partie du foncier. J'ai présenté un projet à ma fille mariée à l'époque. Je leur ai dit qu'il était peut-être temps de penser à une transmission du patrimoine. Que l'on pouvait partir d'une page blanche, en cherchant une culture pour utiliser le foncier restant. Nous avons cherché pendant plus d'un an. Nous sommes tombés sur la grenade, grâce à un ami qui travaille à la chambre d'Agriculture. Il savait que je recherchais ce style de fruits exotiques. Tout est parti de là", expose-t-il.

"C'est très peu consommateur d'eau"

Ce fruit, aux 300 variétés qui poussent dans le monde, a de nombreux avantages pour en recueillir le jus : "Les vertus me plaisent. Le mode de conduite et la façon de le travailler : très peu de pesticides et de traitements. C'est très peu consommateur d'eau". Une aubaine pour ce producteur, qui ramasse en moyenne 20 tonnes de grenades par an. Les conditions climatiques, le soleil ou les épisodes de gel, la taille des arbustes, impactent positivement ou négativement la quantité de fruits ramassés. "Comme l'olivier, cela va alterner. La production est variable", reconnaît-il. Pour augmenter le volume, le producteur gardois s'adapte : "J'ai recherché les variétés qui pouvaient se développer chez moi. Je travaille sur la Wonderful", confie-t-il, passionné même plus de 30 ans plus tard. Avec un slogan qui ne prend pas une ride : "Pour faire des bons produits, il faut utiliser de bons ingrédients."

Jacques Beraud est un transmetteur dans l'âme et souhaite faire goûter ses produits, raconter des histoires, pour pousser les consommateurs à l'ajouter dans la corbeille à fruits. Celui-ci conçoit des jus de grenade 100 % biologique, tout en restant dans sa ligne de conduite : la saveur avant le sucre : "Très peu de sucres ajoutés. Mes gelées sont 40 % moins sucrées qu'une gelée ou confiture traditionnelle", vante-t-il, en évoquant le granatus, formule latine qui signifie "abondant en grains". "Il faut pousser la maturité du fruit au maximum", recommande-t-il.

Des ventes de fruits et visites guidées sur l'exploitation

Sur réservation, ce pédagogue anime des visites guidées, pour faire découvrir ces 1 500 grenadiers, en donnant des conseils pour puiser tout le potentiel de ce fruit, composé à 81 % d'eau pour 100g. Surtout, à l'approche des fêtes, il possède de multiples bienfaits pour la santé. Des ventes de fruits sont réalisées sur place, à partir de fin août jusqu'à novembre. Des jus de grenade biologique sont vendus sous la forme de bouteilles de 75 cl et 25 cl.

Attaché à son terroir et à son métier passion, Jacques Beraud a intégré la Fédération des producteurs Sud de France. Avec la volonté de garder ses bonnes intentions : transmettre le fruit de son travail à ses petits-enfants, "qui se régalent des grenades oubliées", les futurs héritiers des Vergers de Milanoa.