Quand le CMPEA du Vigan a fermé, en septembre 2023, il dépendait alors totalement du centre hospitalier Alès-Cévennes. Mais pour le dernier psychiatre qui assurait son fonctionnement, les trajets étaient devenus trop difficiles. Et, depuis deux ans, seules les urgences étaient assurées. "On prenait les situations les plus graves pour ne pas laisser les parents au bord de la bande d'arrêt d'urgence, explique Jean-Luc Sauvaire, directeur de l'Association éducative du Mas Cavaillac (AEMC). Les parents avaient besoin d'un certificat ; les enfants avaient besoin d'une prise en charge médicale pour essayer de soulager leurs souffrances."
"Certaines prises en charge étaient menées par l'hôpital de jour de Saint-Hippolyte (*), enchaîne Christian Cataldo, directeur de l'hôpital alésien. On en voyait aussi descendre sur l'hôpital d'Alès mais les structures ne nous permettaint pas de tout absorber." En ancien infirmier psychiatrique, Christian Cataldo relevait six mois après sa nomination, auprès d'Objectif Gard, l'urgence qu'il y avait à trouver une solution, mise au même rang des priorités que la restructuration de l'hôpital d'Alès.
"L'Agence régionale de santé nous a confirmé le financement à 99,9%"
"Avec Jean-Luc Sauvaire, on s'est rencontré il y a 15 ou 16 mois, rembobine Christian Cataldo, pour faire le point sur la relation entre l'association et l'hôpital. Pour le CMPEA, la situation était complexe du point de vue administratif : on ne retrouvait pas les autorisations. Et il fallait un financement." L'hôpital d'Alès a donc déposé une nouvelle demande d'autorisation, qu'il a obtenue. "On a lancé un appel à candidature et confié, en délégation de service public, la mission au Mas Cavaillac qui disposait du personnel. Le 6 novembre, on signe donc une convention pour une mise en route rapide. L'Agence régionale de santé (ARS) nous a confirmé le financement à 99,9%."
"La solution a été trouvée en peu de temps, ç'a été une belle rencontre avec M. Cataldo", confirme Jean-Luc Sauvaire. Alors que l'hôpital d'Alès gérait la zone complète jusqu'en 2023, la convention repose sur une partition géographique entre centre hospitalier et AEMC : à cette dernière revient la charge du bassin Ganges - Le Vigan. Tandis que "l'hôpital viendra sur les secteurs de Saint-Hippolyte-du-Fort, Sauve et Quissac", détaille Jean-Luc Sauvaire. "La mairie du Vigan était inquiète de voir l'hôpital de jour descendre vers Saint-Hippolyte, enchaîne Chrisltian Cataldo. Mais St-Hippo et Le Vigan, ce sont deux vallées vraiment séparées. On a plus de facilité à avoir un médecin d'Alès qui monte à Saint-Hippo plutôt qu'au Vigan. Au final, la solution va renforcer les deux zones."
"Ganges et Le Vigan, c'est un secteur qui a un fort besoin, exponentiel au fil des mois et des années"
"Au Mas, on dispose de deux infirmières, un psychologue du développement, un médecin-psychiatre (le médecin-chef de l'association) et on a trouvé un autre médecin pour soulager tout le monde, clarifie Jean-Luc Sauvaire. Ganges et Le Vigan, c'est un secteur qui a un fort besoin, exponentiel au fil des mois et des années." 700 à 800 enfants seraient concernés, "des gamins de 3-4 ans jusqu'à la tranche pré-ados et ados, en pleine évolution. Un schéma d'hospitalisation sera complémentaire sur Alès pour les adolescents."
Quand le sénateur du Gard, Laurent Burgoa, avait évoqué le problème de la disparition du CMPEA lors des questions au Gouvernement, en mars 2024, il avançait le chiffre de 500 enfants concernés entre Saint-Hippolyte-du-Fort et Le Vigan. Ils seraient, donc, au moins 200 de plus désormais, confirmant les besoins "exponentiels" soulignés par Jean-Luc Sauvaire. La faute, selon lui, "à l'environnement familial, au fait que le respect se perd, à une évolution de la société qui mène à la déliquescence des règles, et surtout aux outils numériques". Des outils omniprésents dans la vie des adolescents qui tendent à les isoler dans une période de leur vie où la confrontation directe, avec leurs homologues, les aide à grandir.
"Merci à l'ARS du département, qui a apporté son soutien, se réjouit le directeur de l'AEMC. Trouver les sommes n'était pas facile. On va démarrer dans la foulée du 6 novembre." Avec l'hôpital local du Vigan comme point d'ancrage, comme c'était déjà le cas avant septembre 2023. La satisfaction est réelle pour Jean-Luc Sauvaire, qui connaît l'aboutissement de voir ce dossier réglé alors qu'il s'apprête à prendre sa retraite, le 31 décembre. "Ça me fait bien plaisir qu'on y arrive là, maintenant", avoue-t-il. Tandis que Christian Cataldo lâche, sous forme de boutade : "On n'est pas satisfaits de ce départ". Mais sans doute bien plus d'avoir pu faire aboutir le dossier avant de changer d'interlocuteur...
(*) L'hôpital de jour de Saint-Hippolyte-du-Fort dépend du Mas Careiron, sous la tutelle du centre hospitalier d'Uzès