C’est sur d'anciens jardins ouvriers que la rue Marcel-Pagnol a été installée il y a plusieurs décennies. Cet axe atypique est étroit. Il n'est pas rectiligne et il est parsemé de petites impasses. Cette particularité fait aussi le charme du lieu et jusqu’ici tout se passait bien. « Cela fait 18 ans que j’habite le Clos d’Orville et quatre ans que je suis dans cette maison. C’est un super quartier et mes voisins sont gentils », explique Philippe.
« Je ne peux plus sortir ma voiture avec la remorque »
Mais la tranquillité des riverains a été mise à mal il y a quelques semaines. La rue, dont la circulation était à double sens, est devenue à sens unique avec l’instauration d’un sens interdit à l’intersection de la rue Maurice-Privat. « Je ne peux plus sortir ma voiture avec la remorque, car je ne peux plus manœuvrer. Je ne peux plus effectuer des travaux chez moi, tailler l’arbre de ma voisine ou aider mes voisins parce que ma remorque est bloquée. Les gros camions sont désormais obligés de traverser la rue en marche arrière », regrette Philippe.
« Il n’est pas sorti de son bureau, celui qui a décidé ça »
Dans la rue Marcel-Pagnol, ils sont plusieurs à subir ce désagrément. Jean-Pierre, par exemple, voit son quotidien compliqué : « Si je respecte le Code de la route, je ne peux ni entrer, ni sortir ma Nissan Micra. On est obligé de prendre la rue en marche arrière. Il n’est pas sorti de son bureau, celui qui a décidé ça. » Cette rue singulière a été conçue d’une telle manière qu'elle favorise l’entrée et les sorties des logements dans un sens de circulation qui se trouve désormais interdit avec la nouvelle signalisation. « Je suis obligée de faire un gros détour pour aller faire des courses à Leclerc. Avant, tout allait bien et on n’a jamais eu de soucis. On est laissés pour compte alors que nous sommes les premiers concernés », abonde Viviane.
« On m’a aussi conseillé de faire casser le mur de mon voisin et de ne plus rendre service »
Tout cela mérite quelques explications. Jean-Philippe en a cherché et il a obtenu des réponses surprenantes : « La mairie m’a répondu qu’il fallait que je demande à mon voisin de casser son mur pour élargir le passage. On m’a aussi conseillé de ne plus rendre service à mes voisins comme ça je n’aurais pas à sortir ma remorque. J’ai demandé à la mairie de me communiquer l’arrêté municipal mais ils sont incapables de me le fournir. »
La ville de Nîmes évoque « une démarche qui vise à réduire la vitesse et sécuriser les déplacements »
Mais en insistant, le riverain de la rue Marcel-Pagnol a enfin eu une réponse sérieuse via le pôle signalements usagers ville de Nîmes. La voici : « Nous vous informons que le plan de circulation dans le quartier de la route de Beaucaire - Clos d'Orville a été modifié en concertation avec les comités de quartier à l'occasion de la mise en zone 30 du quartier, démarche qui vise à réduire la vitesse et sécuriser les déplacements. Les rues les plus étroites, dont la rue Marcel Pagnol, ont été mises à sens unique pour faciliter la circulation. Le sens retenu permet également d'éviter le débouché sur la route de Beaucaire qui se fait sans aucune visibilité. »
« Depuis presque 40 ans que je suis là, il n'y a jamais eu d'accident ».
L’argument peut s'entendre, mais il est contesté par Jean-Philippe : « Depuis l’installation du sens interdit, les automobilistes roulent plus vite, car ils savent qu’aucun véhicule n’arrivera en face. De plus, pour rejoindre la route de Beaucaire, je suis obligé de passer devant l’école Léo-Rousson, ce qui n’était pas le cas avant. Enfin, si on veut aller en centre-ville, nous devons passer par la rue Charles-Liotard. Là, nous sommes confrontés à un cédez le passage et au bon vouloir des véhicules, sans compter que la visibilité est mauvaise avec les bus et les véhicules qui sont garés. » Jean-Pierre est aussi dans l'incompréhension : « Depuis presque 40 ans que je suis là, il n'y a jamais eu d'accident. »
Les riverains concernés ne comptent pas baisser les bras et Jean-Philippe continue ses démarches, avec notamment une pétition en ligne, pour inverser le cours des choses en étant reçu en mairie. En attendant, les habitants de la rue Marcel-Pagnol espèrent que le bon sens finira par l’emporter.