FAIT DU JOUR La reinette du Vigan vouée à disparaître
Véritable symbole de l'agriculture cévenole, la Reinette du Vigan est remplacée par des variétés moins coûteuses et disparaît peu à peu des vergers.
Elle a l'aspect du terroir, meurtrie par les coups de branches des vergers "pleins vents". Pendant des décennies, elle représentait une part importante de l'économie locale, considérée comme un produit phare de la région. Mais son déclin a commencé il y a déjà bien longtemps, au milieu des années 60 lorsque sans le savoir, les agriculteurs plantèrent les derniers vergers de la variété. D'autres s'y sont risqués depuis, mais dans des quantités confidentielles. La raison : très contraignante à cultiver, peu rentable, et des qualités gustatives moins riches que ses cousines Dalinette, Crimson Crisp ou l'Opal. "Les producteurs ne se sont plus impliquées dans son implantation et les vergers ont vieillis" ajoute Bruno Ruas, vice-président de la coopérative des Cévennes. Comme beaucoup d'autres, il n'a pas hésité à sauter le pas dans les années 2 000 pour repartir de zéro. "J'ai tout arraché et je suis reparti sur des parcelles neuves avec des variétés bio".
La Reinette est trop capricieuse
Elle demande à être cultivée à 500 mètres d'altitudes minimum pour garder ses qualités gustatives optimums. Hors, la plupart des vergers cévenols se trouvent à hauteur insuffisante, environ 250 mètres. Les changements climatiques ne lui ont pas été favorables non plus. Avec des étés de plus en plus chauds, sa chair est devenue trop farineuse. Son aspect a même fini par repousser une clientèle qui lui préfère d'autres variétés à la peau lisse et aux couleurs vives. La Reinette parait bien pâle dans les rayons, on l'a croit malade, ou trop mûre. Pourtant, elle conserve ses spécificités pour ceux qui la connaissent : "C'est une pomme à cuire et pour faire du jus de pomme, c'est là qu'elle est la meilleure" reconnait Bruno Ruas. Mais à grande quantité, la transformation est trop coûteuse et la Reinette ne trouve preneur quand chez les foyers environnants qui l'achètent 1,60 € au kilo directement en coopérative, un prix dérisoire.
La Reinette est aussi difficilement cultivable en "bio", alors que les agriculteurs Cévenols s'y convertissent de façon notable. Un virage qui lui sera certainement fatal, même si quelques vergers indépendants perpétueront toujours la tradition d'une pomme originaire du Canada qui a gagné ses lettres de noblesses en parti grâce aux Viganais.
Baptiste Manzinali
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