Au cœur de la zone de Bruèges, à Alès, l’abattoir D'Alès en Cévennes renaît. Comme annoncé par Objectif Gard vendredi dernier, l'abattoir est de nouveau en activité. Les salles ont été réorganisées, les équipements frigorifiques renforcés, et la stabulation entièrement repensée. « Nous avons investi 200 000 €, dont 100 000 € dans le groupe froid et 100 000 € dans la modernisation des installations. C’est ce qu’il fallait pour disposer d’un très bel outil local et régional », explique Olivier Roux, patron d’ASV (Atelier spécialisé viande) et repreneur de la structure.
L’abattoir, qui tourne pour l’instant à 50 % de ses capacités, vise 1 800 tonnes de production annuelle, avec une montée en puissance prévue à 2 500 tonnes d’ici deux ans.
Miser sur le bien-être animal et la transparence
Parmi les principales évolutions, la stabulation a été revue. Fini les logettes individuelles obligeant les bêtes à reculer pour entrer à l’abattage. « Désormais, les animaux se retournent naturellement pour avancer vers le couloir. C’est moins de stress pour eux, et une meilleure qualité de viande pour nous », insiste Olivier Roux.
L’établissement s’est aussi équipé de treize caméras, dont huit dans le secteur vif. « Les animaux sont en permanence sous vidéosurveillance, avec des enregistrements consultables. Ici, impossible de voir surgir des vidéos comme celles de L214 sorties de leur contexte », affirme le repreneur, qui n'est pas contre la venue d'une association de ce type, sous certaines conditions, « Ce sont des anti-abattoirs, donc je ne sais pas si cela les intéresse, mais s’ils veulent venir, ils sont les bienvenus chez moi, à condition qu’ils m’appellent et qu’on dialogue ».
« Une renaissance pour les éleveurs gardois »
Côté producteurs, la satisfaction est palpable. Patrick Gravil, éleveur à Saint-Privat-des-Vieux et président de Bovigard, n’a pas caché son soulagement :
« C’est une renaissance pour l’ensemble des éleveurs gardois. Pendant neuf mois, nous avons dû nous tourner vers Tarascon, Aubenas ou Le Vigan. Cela a été compliqué. Aujourd’hui, nous avons à nouveau un outil sur place, moderne, fonctionnel, et c’est essentiel pour la survie de nos élevages. »
L’abattoir emploie pour l’instant 11 salariés, avec un objectif rapide de monter à 15. Une équipe qui, selon son directeur, « s’est mobilisée pendant la fermeture pour nettoyer, rénover et se réapproprier leur outil de travail ».
Un enjeu politique et économique local
Si la mairie a accompagné la relance en rénovant la station de traitement et en mettant à disposition un bail amphithéotique, le capital reste entièrement privé, avec une ouverture aux éleveurs, syndicats et partenaires du secteur. « C’est important que tout le monde soit impliqué dans le fonctionnement de l’abattoir, car c’est un outil collectif », souligne Olivier Roux.
Patrick Gravil appelle de son côté à la mobilisation des professionnels :
« L’avenir de l’abattoir dépendra de la volonté des éleveurs et du soutien politique. Si l’on veut défendre le local, il faut défendre nos outils locaux. »
Après plusieurs mois d’incertitude, l’abattoir d’Alès redémarre donc sous de nouveaux auspices. Entre modernisation technique, transparence sur le bien-être animal, caméras de surveillance renforcés et implication des éleveurs, les bases semblent posées pour relancer une économie importante dans le secteur et dans le département.