FAIT DU JOUR Le pèlerinage de Santa Cruz : émotionnel et solennel

Bon nombre de fidèles ont répondu présent
- Sacha VirgaComme chaque année depuis 1965, année d'instauration de la tradition, le pèlerinage de Santa Cruz attire des milliers de fidèles, pour un moment riche en émotion.
Le 10 mai 1965, les évêques de Nîmes et d’Oran ramènent à Nîmes la statue de la Vierge « Notre-Dame du Salut », présente à la base dans la chapelle de Santa Cruz d'Oran (Algérie). Chaque année, le jour de l'Ascension, environ 3 000 fidèles se rassemblent au sanctuaire pour une messe solennelle et une procession mariale. Lieu de mémoire pour les rapatriés d'Algérie, notamment ceux originaires d'Oranie, il incarne la continuité culturelle et spirituelle de cette communauté en France. Le sanctuaire est ouvert toute l'année, accueillant fidèles et visiteurs. Des messes y sont célébrées chaque dimanche et jour de fête à 11h.
Cette cérémonie puise ses origines en 1849. Une procession vers le fort de Santa Cruz à Oran mit fin à une épidémie de choléra. Ce "miracle de la pluie" renforça la dévotion envers la Vierge Marie, conduisant à la construction d'une chapelle dédiée. Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, la statue de la Vierge fut rapatriée à Nîmes. Un sanctuaire, réplique de celui d'Oran, fut édifié entre 1968 et 1969 dans le quartier du Mas de Mingue.
Ce jeudi 29 mai, marquant l'Ascension, a continué à rassembler la communauté des Pieds Noirs de Nîmes, mais aussi tous ceux qui ont souhaité assister à une tradition qui fête cette année son 60e anniversaire, dans le quartier du Mas de Mingue. Entre 3000 et 4000 personnes se sont rendus au Sanctuaire Notre Dame de Santa Cruz. Sur les coups de 14h30, un cortège étoffé par de nombreux fidèles et représentants religieux a circulé, alimenté par de nombreux chants d'hommage.
Roger Pessoles, président de l'association nationale Les Amis de Notre-Dame de Santa Cruz, ne pouvait pas manquer ce rendez-vous. Avec un peu plus de 400 membres, un chiffre en baisse, l'association vit à 100% de dons. "Il y avait un peu plus de monde que l'an dernier, il faut dire que le temps s'y prêtait. Il y a quand même des jeunes qui viennent, certains découvrent. Il ne faut pas forcer les gens, ils viennent mais d'eux-mêmes. Pour eux c'est un tremplin pour l'avenir et ils sont à la recherche de leurs origines", dévoile-t-il. Près de 80 bénévoles ont permis le bon déroulement de la journée.
La librairie Pied Noir du Vaucluse, tenue par Pierre Belmontet, est venu pour la deuxième fois exposer ses livres, après être venu il y a quelques temps en tant que citoyen. "Notre but est de transmettre la culture pied noir, qui a souvent été malmenée depuis 1962". Santa Cruz c'est aussi une histoire de famille pour lui : "Mes ancètres sont arrivés en Oranie au moment de l'épidémie de choléra et où la statut de Santa Cruz a été installée".
Rendez-vous en famille
Chaque année, le pèlerinage de Santa Cruz est un moment très attendu pour les familles, qui n'hésitent pas à venir pour perpétuer un lien très fort. Carine, est venue pour la première fois, pour accompagner son papa André, de 88 ans. "On vient d'Oran. J'y suis né mais je n'ai pas de souvenirs. Mon papa a vécu en Algérie, il est venu en France et a fait plusieurs fois ce pèlerinage avec des amis pieds noirs qu'il connaissait. Il n'était plus revenu depuis longtemps, et c'était l'occasion pour moi de reconnaître un peu mes origines", explique-t-elle.
"Ah je suis vraiment heureux qu'elle soit là !", s'exclame le papa, qui vient presque tous les ans, quand la santé le lui permet. "Ça me permet de revoir certains aussi, et de profiter de l'ambiance. C'est catholique aussi, on est né avec cette religion", ajoute-t-il. L'aspect familial était également une très bonne raison pour Henri, de venir ce jeudi après-midi : "J'ai toute ma famille qui est pied noir. Ça fait plusieurs années que je viens, c'est festif et agréable, on rencontre de nombreuses personnes sympathiques". Sa maman faisait un pèlerinage à Sidi Bel Abbès (Algérie) il y a quelques décennies. Pour lui et bon nombre d'autres personnes, venir est une manière de continuer cette transmission.