Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 24.03.2017 - philippe-gavillet-de-peney - 4 min  - vu 730 fois

FAIT DU JOUR Licenciement du directeur du lycée de Meynes : le bras de fer est engagé

Habituellement calme et tranquille, le lycée de Meynes a perdu de sa quiétude habituelle ces derniers jours (Photo : DR)

Depuis quelques jours le Lycée privé d'enseignement général et technologique agricole de Meynes connaît une inhabituelle agitation. Réuni le 9 mars dernier, le Conseil d'administration a décidé de la mise à pied conservatoire pour '' faute grave'' de Thierry Grésin, le directeur de cet établissement, où sont scolarisés plus de deux cents élèves.  Avant de le convoquer mercredi dernier pour un entretien préalable au licenciement... Une décision qui est loin de faire l'unanimité chez les élèves et leurs parents.

Convoqué mercredi 22 mars pour s'entendre signifier son licenciement, le principal concerné compte bien défendre ses droits et porter l'affaire devant la juridiction prud’homale. À moins que d'ici là le CA ne décide de le réintégrer, ce qui n'en prend pas le chemin... "Lors du CA du 9 mars, on m'a demandé de quitter la salle. Plus tard, on m'a notifié ma mise à pied conservatoire pour faute grave", détaille Thierry Grésin, en poste depuis 2011. "Quand j'ai demandé des explications, on m'a répondu que cela concernait un problème avec des salariés mais on n'a pas voulu répondre à mes questions. Hier (mercredi 22 mars, NDR), lors de mon entretien préalable au licenciement, les arguments évoqués n'étaient déjà plus les mêmes. On me reproche désormais d'avoir déclaré 150 lits dans l'internat de l'établissement alors qu'il y en a 154. Je tiens à préciser que s'il y a bien 154 lits, il n'y a pas autant d'internes au sein de l'établissement".

Une centaine d'élèves manifestent devant l'établissement

Pour Thierry Grésin, les raison invoquées par le CA présidé par Jean-Louis Portal, par ailleurs président de la FDSEA gardoise ( Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles), relèvent plus de l'argutie que de l'argument. "Je n'ai pas failli à mes obligations déclaratives auprès des Pompiers et de la Gendarmerie de secteur. La loi précise que l'on doit prendre en compte une occupation ''simultanée'' de l'internat. Or, actuellement, il compte plus ou moins 146 élèves. Je n'ai pas le chiffre exact car, entre entrants et sortants, il varie chaque trimestre."

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Mais là n'est pas le seul grief fait au chef d'établissement par le Conseil d'Administration : "On me reproche par ailleurs de laisser des élèves seuls, sans surveillance, au lycée durant certains week-ends. C'est faux ! ", poursuit le mis en cause. "Inscrits par roulement, deux par deux et sur la base du volontariat, les élèves, qui suivent un cursus de Bac professionnel Conduite et Gestion d'une Entreprise du Secteur Canin et Félin (CGESCF), ne sont présents le week-end que lorsque nous avons de nouvelles portées de chiots dans notre chenil pédagogique. Chargés d'apporter des soins aux chiots, les élèves ne sont pas seuls. Pendant les week-ends, il y a un surveillant d'internat à demeure 24h/24h. La professeure en charge de la section vient une ou deux fois par jour."

Une nouvelle réunion du CA programmée avec une délégation parentale

Quoi qu'il en soit, que ce soit du côté des élèves ou de leurs parents, on n'a pas mis longtemps à réagir. Alors qu'est programmée une journée portes-ouvertes samedi 25 mars, les premiers ont créé une page sur un réseau social pour réclamer le retour de Thierry Grésin et se relaient devant les portes de l'établissement pour manifester pacifiquement leur mécontentement. Jeudi 23 mars, ils étaient ainsi une centaine à battre le pavé et laissaient entendre qu'ils persisteraient jusqu'à la réintégration du directeur. Les parents sont eux-aussi mobilisés au sein d'un Comité de soutien coordonné par la mère d'un élève scolarisé l'an passé dans la structure, Magali Philippe, et par un parent d'élève, Laurence Raoux, qui se sont fendus d'un courrier de protestation expédié derechef au ministère de l'Agriculture.

Taper au porte-monnaie comme ultime recours ?

Jeudi 23 mars, vers 16 heures, une délégation d'une douzaine de parents et d'autant d'élèves à pu rencontrer Jean-Louis Portal et deux membres du CA. "Nous avons exprimé notre désarroi, en tant que parents, d'avoir été tenus à l'écart de cette décision", relate Laurence Raoux. "Nos enfants ont été avertis avant nous ! Nous avons obtenu que le CA (9 personnes, NDR) se réunisse à nouveau -le plus rapidement possible, nous à promis M. Portal- et qu'exceptionnellement quatre parents puissent assister aux débats. Il va sans dire que l'on nous demandera de quitter la séance à l'heure des délibérations... Nous envisageons éventuellement de placer sous séquestre nos règlements à la Caisse des Dépôts et Consignations en attendant de connaître la décision du CA. Nous demandons la réintégration de M. Grésier. Tout ça pour pour quatre lits !"

De son côté, aux dires de Thierry Grésin, "la communauté éducative s'est réunie avant d'envoyer une délégation rencontrer le président Portal pour réclamer ma réintégration". Le même fait valoir le soutien de la grande majorité du personnel privé du lycée. Quant à Jean-Louis Portal, il campe sur sa position, et celle d'un Conseil qui a pris cette décision à l'unanimité, et ne souhaite pas s'épancher plus avant dans la presse : "Pour le moment, je ne souhaite faire aucun commentaire. La presse sera informée en temps voulu... Si ça plaît à M. Grésin de parler à la presse, qu'il le fasse... Pour nous, c'est comme ça ! " Dont acte.

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard.com

Philippe Gavillet de Peney

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