« Devant le formalisme de certains administratifs qui ne veulent pas le reconnaître. Je suis désolé de le dire, le loup, on l'a trouvé, pas très loin d'ici, mort sur la route à Caissargues. Donc ça veut dire qu'il circule de partout. Mes dernières informations me disent que, sur l’Aigoual, on aurait une meute », lance le sénateur du Gard Laurent Burgoa. Le loup, comme l'allégorie de tous les dangers qui guettent les éleveurs gardois.

Le berger

Ainsi, les deux éleveurs d’ovins, Pierrick Garmath (Valleraugues) et Thibault Dombry, président du syndicat et éleveur de Mérinos d'Arles à Meynes, ont présenté officiellement Pastre au Mas des agriculteurs. Cette marque incarne à la fois une ambition collective, un engagement profond en faveur de la valorisation de notre filière et de nos territoires. Une initiative portée par le syndicat ovin du Gard qui constitue un véritable outil collectif de développement, en fédérant les professionnels autour d'un objectif commun.

La marque Pastre, c'est la rencontre entre les consommateurs et leurs agriculteurs. Pastre signifie berger en occitan, comme le rappelle Cathy Chaulet, conseillère départementale du canton de Rousson. L'appellation affirme un ancrage territorial ainsi qu’une volonté de rassembler une filière fragilisée.

La démarche revêt une dimension politique. Pastre arrive à un moment où l’élevage ovin doit se défendre face à la prédation, au recul du nombre de troupeaux, à la crise agricole qui freine les installations. La marque veut apporter un vent d’espoir, en montrant qu’un projet collectif structuré peut encore fédérer des éleveurs de races diverses, sur des systèmes extensifs ou semi-extensifs, des Cévennes aux zones périurbaines en écopâturage.

L'élevage entretient le paysage

Ils sont 280 éleveurs dans le Gard, dont 180 de plus de 100 brebis, près de 45 000 têtes en tout. Une trentaine d'entre eux suivent le concept de très près. Environ 52 000 agneaux naissent chaque année. Du piémont cévenol aux zones littorales, en passant par les garrigues ou les Costières, l’élevage ovin entretient les paysages, limite les risques d’incendie, maintient des espaces ouverts accessibles à la randonnée, à la chasse, au tourisme vert. Malgré ce rôle, la filière se heurte à la sécheresse récurrente, aux attaques du loup, aux prix tirés vers le bas par les importations et au manque d’installations de jeunes bergers. Même si un jeune couple vient de s’installer à Thézan.

À la tête d’un troupeau de 600 brebis, un bélier et 50 moutons, Julie et Fred du Gaec l’agneau du Gardon (Poulx), présentent un produit exceptionnel, le saucisson de brebis ! La marque Pastre naît dans ce contexte. Objectif affiché, offrir un repère clair aux consommateurs, garantir un revenu plus juste aux éleveurs gardois. Dans les rayons des supermarchés, l’agneau venu de l’étranger se vend autour de 9 ou 10 euros le kilo, quand l’agneau local se situe plutôt entre 16 et 18 euros.

La marque se doit d’expliquer cette différence. Elle met en avant un élevage local, des pratiques encadrées et un réseau d’abattoirs de proximité à Alès et au Vigan, indispensables à une identité gardoise. Les éleveurs implantés dans le sud du Gard vont à Tarascon.

Cahier des charges

Un cahier des charges encadre la marque. Les animaux doivent être nés et élevés dans le Gard. Il s’agit d’agneaux de lait, d’agneaux de bergerie, d’agneaux d’herbe, de brebis de plus de douze mois, de béliers reproducteurs non castrés de plus de douze mois, de moutons castrés de plus de douze mois. En bâtiment, les surfaces minimales sont fixées à 1,5 m² par couple mère agneau, 2 m² par couple mère deux agneaux, 1 m² par brebis, 2 m² par bélier, 0,5 m² par agneau. Le bâtiment doit assurer une bonne aération, un curage efficace et un paillage régulier.

La ration de base se compose d’herbe, de fourrage, de ressources naturelles du territoire comme les glands ou les châtaignes. L’aliment acheté est garanti sans OGM. 

Sous la marque Pastre, l’offre se décline en viande ovine fraîche présentée en carcasse, en colis ou à l’unité. Une gamme de produits transformés complète l'offre. Terrines, préparations charcutières, plats cuisinés contenant au minimum cinquante pour cent de viande ovine Pastre. Le syndicat fournit un kit de bienvenue aux éleveurs qui rejoignent la démarche, scotch de marquage, autocollants, étiquettes, affiches, panneaux à installer sur les fermes ou dans les boucheries. L’ensemble vise une identification immédiate, quel que soit le point de vente, Mas des Agriculteurs, marchés, boucheries traditionnelles ou magasins spécialisés.

Un contrôle annuel est prévu chez chaque adhérent. Il porte sur le bien-être animal, la conformité au cahier des charges, la qualité et la quantité de produits mis sur le marché sous le logo Pastre.

En conclusion, Pastre se présente comme beaucoup plus qu’un simple logo sur une étiquette. Les acteurs réunis à la chambre d’agriculture la semaine dernière y voient une promesse. Celle d’un agneau gardois identifié, né et élevé sur le territoire. Celle d’un élevage exigeant, durable, attaché à un savoir-faire ancien. Celle d’une filière ovine qui revendique sa place dans le paysage agricole du département et qui choisit de se projeter à long terme.

Contact : Thibault Dombry au 06 40 34 98 91