Le concours de Miss Agricole, créé par une éleveuse cantalienne, n'avait pas vocation à perdurer. "C'était un pied de nez aux Miss France, un concours auquel nous ne sommes pas opposés, il faut des jolies filles, des strass et des paillettes, mais on ne peut pas résumer la femme à cette image. Il y a aussi celles qui travaillent les mains dans la terre, aussi jolies", explique Émilie Marin. Cette Bucco-Rhodanienne âgée de 44 ans, est la première à avoir décroché l'écharpe de Miss Agricole, c'était en 2014. "Ça avait fait le buzz, se souvient la maraîchère. Nous avions ainsi pu communiquer autour de l'agriculture dans les médias locaux et nationaux."

"L'objectif final est de mettre en lien direct les producteurs et les consommateurs. Ce sont eux qui feront la différence, la politique il faut la laisser de côté."

Émilie Marin

La graine était semée, Émilie Marin s'est appliquée à la faire germer, devenant, dès 2015, la présidente et l'organisatrice de Miss Agricole. Un concours qu'elle a fait évoluer en l'ouvrant aux hommes et aux adolescent(e)s en 2016. "Nous ne sommes pas des féministes, dans l'agriculture, il y a des femmes - en France, plus de 30% des fermes sont dirigées par des femmes - et des hommes, les uns ont besoin des autres et réciproquement. Quant aux jeunes, ils représentent l'avenir de l'agriculture, il faut les encourager, les soutenir, eux qui rencontrent notamment des problèmes d’installation ou de transmission."

Pour ce concours organisé en très grande partie sur les réseaux sociaux, ce n'est pas le critère de beauté qui prime, mais la motivation, l'envie de transmettre le goût du métier et la disponibilité pour le faire. "On sent une grosse dépression chez les agriculteurs et agricultrices, ils ne croient plus aux promesses de l'État. À travers cet événement, nous parlons positivement de l’agriculture et l'objectif final est de mettre en lien direct les producteurs et les consommateurs. Ce sont eux qui feront la différence, la politique, il faut la laisser de côté."

Après une pré-sélection des internautes, Gabrielle Priolo et Matthieu Hamel ont remporté les suffrages des cinq membres du jury - le Gardois Mathieu Ceschin et Cathy Héraud, tous deux anciens candidats de L'Amour est dans le pré, Jérôme Reboul, directeur de Mutualia, Charlotte Salat, fromagère dans le Cantal et Jérôme Baye, visage de la révolte agricole -  et ainsi été élus Miss et Mister Agricole 2025. Chez les Juniors, parmi les 200 candidatures, Jean-René, 17 ans, élève en Bac CGEA élevage bovin en Ardèche et la Gardoise Lorine Denat-Pépin, 17 ans, étudiante en BTS Production Animal (PA) à Rodez dans l’Aveyron, ont remporté le titre dans leur catégorie respective. La jeune femme qui rêve d'une carrière de vétérinaire rurale, "sinon je m'installerai en élevage caprin", confie-t-elle ; a appris la nouvelle alors qu'elle était invitée à dîner chez son maître de stage et sa compagne. "J'étais un peu gênée, je me disais que tout le monde serait déçu si je ne gagnais pas." 

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Mais à 22h30, l'annonce tombe sur les réseaux sociaux, Lorine voit sa photo sous le titre de Miss Junior Agricole 2025. "J'ai ressenti une immense joie. C'est ma mère qui m'avait parlé de ce concours, et je m'étais dit "pourquoi pas. J'aime les nouvelles expériences", souligne-t-elle. Parce qu'elle aura 18 ans le 24 décembre, la Vicoise pourra accompagner l'association de Miss et Mister Agri au prochain Salon international de l'Agriculture à Paris (du 22 février au 2 mars), entre autres événements. Quant à la suite, Lorine ne serait pas contre participer à l'élection de Miss France. "Tant qu'on m'ouvre des portes, je fonce !", s'amuse-t-elle. Une Miss France agricultrice, et pourquoi pas !