Publié il y a 4 h - Mise à jour le 07.06.2025 - R.F. - 3 min  - vu 234 fois

FAIT DU SOIR Une première Marche des fiertés à Alès pour briser le silence dans les Cévennes

Marche des fiertés

Du monde étaient présents sur la place des Martyrs, plus de 300 personnes selon l'organisation. 

- R.F.

Ce samedi 7 juin 2025, les rues d’Alès ont été traversées par une marée de drapeaux arc-en-ciel. Une centaine de personnes ont répondu à l’appel du tout nouveau collectif LGBTQIA+ local pour la toute première édition de la Marche des fiertés dans la ville. Une grande première, dans un territoire où la visibilité de cette communauté reste encore très fragile.

Florent, alésien d’origine et l’un des organisateurs, ne cache pas son émotion. « On a commencé à préparer ça en mars. On s’est réunis au Planning familial, il n’y avait pas de structure existante, alors on a monté un collectif sans nom, juste des gens motivés. » Une initiative locale, militante et surtout indépendante. Ici, pas de récupération politique, pas de logos de partis, mais des revendications bien claires : visibilité, droits pour les personnes trans et intersexes, meilleure prise en charge du VIH et de la santé LGBTQIA+ dans les zones rurales.

Marche des fiertés
Florent, un des organisateurs de la journée.  • R.F.

Une organisation militante et inclusive

Le cortège est parti ce samedi à 15h de la place des Martyrs de la Résistance, après l’ouverture d’un village associatif à 12h30. Malgré une météo capricieuse, la détermination était au rendez-vous. « La pluie n’a pas entamé notre motivation. C’était important de montrer que nous sommes là, même sous les gouttes », souligne Florent.

Le village associatif a rassemblé plusieurs structures engagées : le Planning familial du Gard, AIDES, l’association OST pour la lutte des personnes trans, ainsi qu’une structure proposant des livres et des lectures LGBTQIA+ en milieu rural. Une association d’accueil pour les réfugiés LGBTQIA+ était également présente, témoignant de la diversité des soutiens mobilisés.

Marche des fiertés
Des stands étaient disponible toute la journée pour informer les gens, avec le planning familial, AIDES, OST pour la lutte des personnes trans. Puis une association pour accueillir en Asile les étrangers LGBT qui peuvent être accueillis ici en France. • R.F.

Visibilité et isolement en milieu rural

Dans les zones rurales comme les Cévennes, l’isolement des personnes LGBTQIA+ est une réalité. « Ici, c’est plus compliqué. Beaucoup partent, on ne se connaît pas entre nous, on se sent isolés », confie Florent. Pourtant, l’accueil a été plutôt bon : « Les gens étaient curieux, certains sont venus nous dire bravo. C’est aussi pour ça qu’on est là, pour qu’on arrête de croire qu’on n’existe pas dans les campagnes. »

Une marche revendicative et apolitique

La marche d’Alès se voulait avant tout revendicative. « On a voulu que ce soit une Pride avec nos revendications : les droits pour les personnes trans, les droits pour les personnes intersexes, une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIH. » Les organisateurs ont aussi pointé du doigt les manques criants de formation dans les services médicaux de proximité : « Il y a des médecins qui ne savent même pas comment parler aux personnes concernées, et ça peut conduire à du rejet, du retard de diagnostic, voire à des refus de soins. »

Marche des fiertés
Des pancartes avec des slogans étaient au rendez-vous.  • R.F.

Les organisateurs ont tenu à ce que l’événement reste apolitique. « Pas de discours politique. On range les drapeaux politiques et tout ça. On ne voulait pas que ce soit repris politiquement. Même s’il existe des personnes politisées, on ne voulait pas être affilié à la CGT où autres organisations similaires. Cela a été crucial, car cela a permis d’éviter une reprise politique des partis. Nous ne voulons pas que des partis politiques profitent de la situation pour se présenter comme étant ouverts d’esprit et tolérants. Je ne parle pas seulement de la mairie. Par exemple, il n’y a pas de panneaux LGBT à Alès. De plus, il y a aussi des antifascistes, un mouvement qui est plus une idéologie qu'une idée politique. », insiste Florent.

Une première édition prometteuse

Malgré les défis, cette première Marche des fiertés à Alès a été un succès. « La marche s’est bien passée, et les gens ont été assez collaboratifs, notamment les services de police qui ont bien encadré le déroulement de la journée », se réjouit Florent.

Marche des fiertés
Malgré la manifestation apolitique, certains ont voulu faire passer un message.  • R.F.

Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de visibilisation des personnes LGBTQIA+ en milieu rural. En 2024, Le Vigan avait déjà organisé une marche similaire. En 2025, Alès prend le relais. Le signal est clair : les fiertés ne sont pas réservées aux grandes métropoles.

« On existe aussi ici, dans les Cévennes » rappellent les manifestants.

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Le cortège est partie de la place des Martyrs sous la pluie, avant de retrouver le soleil.  • R.F.

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