Publié il y a 1 an - Mise à jour le 10.11.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 500 fois

GANGES Plus de 500 personnes ont manifesté pour garder la maternité

Beaucoup d'élus parmi les manifestants, ce jeudi soir, devant la polyclinique Saint-Louis de Ganges (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Les manifestants ont effectué un flash-mob avant les prises de paroles (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Beaucoup d'écharpes tricolores, quelques poussettes et surtout une foule de citoyens mécontents, de tous âges, s'étaient donné rendez-vous ce jeudi devant la polyclinique Saint-Louis de Ganges. Les élus ont dit avec force l'impossibilité de voir partir la maternité. Présent dans l'assemblée, le président de Cap Santé, Lamine Gharbi, affirme qu'il n'a pas de personnel pour maintenir l'activité.

Maires des quatre communautés de communes concernées (relire ici), députés de la 4e circonscription de l'Hérault et de la 5e circonscription du Gard, président des communautés de communes, etc. Les écharpes tricolores étaient nombreuses, ce jeudi soir, devant la porte automatique de la clinique Saint-Louis. C'est d'ailleurs ce qu'attendaient les manifestants présents, que le soutien soit sans faille de la part des élus du territoire.

"On vit une vie un peu folle où les femmes accouchent dans leur bagnole"

"Parce qu'on vit une vie un peu folle où les femmes accouchent dans leur bagnole". Sur l'air de Elle a fait un bébé toute seule de Jean-Jacques Goldman, un flash-mob a lancé la soirée, avant la prise de parole des élus, parfois interrompus pour demander plus de femmes à la tribune ou pour demander une intervention de la Région quand le président du Pays Viganais, Régis Bayle, a pris la parole ceint de son écharpe tricolore. "Nous ne pouvons pas laisser nos jeunes couples dans l'angoisse, clame le maire de Brissac, Jean-Claude Rodriguez. Si la manifestation ne suffit pas, nous irons investir l'ARS ! (l'Agence régionale de santé, NDLR)"

À côté du député héraultais de la zone, Sébastien Rome, Michel Sala, député gardois du territoire qui entoure Ganges (tous deux de la France insoumise) a souligné le problème que posait la fermeture de la maternité en matière d'interruption volontaire de grossesse. "On rouvrira la maternité, c'est indispensable."

"Le ministre a dit qu'il nous recevrait"

Seule solution envisageable pour les élus, le passage de la structure dans le giron public, au sein de la clinique privée. "Le ministre nous a dit qu'il nous recevrait, poursuit Michel Sala. Il faut mettre le fait que la maternité soit sauvée dans les projets au niveau national." Les maires présents se sont engagés à faire avancer le sujet lors du congrès national de l'association des maires, qui commencera le 22 novembre. Une mère a ensuite pris la parole, le ventre rond, précisant qu'elle devait accoucher dans un mois. "Quand on choisit de faire un accouchement physiologique, on a besoin d'être au calme", souligne celle qui sera sans doute l'une des dernières à accoucher dans la maternité privée.

Lamine Gharbi a sollicité les élus pour une petite réunion après la manifestation, tous n'y sont pas allés craignant, pour certains, un exercice de communication de la part du président de Cap Santé (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Une maternité dévolue au public, Lamine Gharbi n'a rien contre. Présent dans les auditeurs ce jeudi soir, il n'a pas pris la parole, alors qu'il l'avait fait lors de la mobilisation du 6 octobre. Mais ce jeudi soir, l'information ayant été relayée, l'assistance n'était pas forcément disposée à entendre les arguments du président de Cap Santé de la Fédération nationale de l'hospitalisation privée (FHP). "Il me manque huit médecins", lâche Lamine Gharbi en aparté. Six sont les anesthésistes associés, qui ont démissionné en même temps, jugeant trop dangereux, selon Lamine Gharbi, d'assurer une garde de maternité quand une péritonite peut subvenir sur une autre garde qu'ils assurent.

"Je leur cède volontiers la maternité"

Quant aux deux gynécologues, ils ont souhaité mettre fin à l'obstétrique mais conservent un cabinet en ville. Selon Lamine Gharbi, d'autres gynécologues ont pris contact avec la clinique pour connaître les conditions. Mais cette concurrence sur les rendez-vous hors clinique empêcherait les professionnels de franchir le pas. "Je leur cède volontiers l'autorisation pour la maternité, poursuit Lamine Gharbi en évoquant le secteur public. Mais le public sera, lui aussi, dans l'impossibilité de trouver des médecins. Par écrit, le secteur public nous a déjà répondu qu'il était dans l'incapacité de nous aider. Je prends les critiques, les regards méchants, mais j'assure qu'il n'y a pas de médecins !" Quant aux intérimaires, que Lamine Ghrabi appelle "mercenaires", ils poseraient des problèmes de sécurité. Pour le président de la FHP, c'est bien le numerus clausus qui continue de poser problème, et son retrait ne se fera sentir que dans une dizaine d'années.

Si Lamine Gharbi a invité les élus à discuter à la suite de la manifestation, tous ne s'y sont pas rendus alors que les manifestants s'éloignaient dans le calme. Croisée en fin de manifestation, Céline tient sa petite Diana dans les bras, née à Ganges le 1er mai dernier. "J'ai été très bien soignée, sourit-elle, sinon il aurait fallu que j'aille à Montpellier." Son compagnon, Bilal, complète : "En plus, on revenait alors de l'étranger, on n'avait ni voiture ni permis. Je suis né ici en 1993 (alors qu'une première menace avait plané sur la maternité en 1992, NDLR) et ma mère y était aussi née en 1965." Une façon de rappeler qu'une maternité, c'est avant tout une histoire de famille...

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

(Photo François Desmeures / Objectif Gard)

François Desmeures

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