GARD Loi travail : pas "fainéants" pour aller dans la rue !
Première manifestation de rentrée, ce mardi, contre la réforme du code du travail. Plusieurs milliers de personnes sont descendus battre le pavé à Alès, Bagnols et Nîmes.
Après la pause estivale, les opposants à la réforme du code du travail n’ont pas perdu la main. A Alès, ils ont repris avec détermination leurs bonnes vieilles habitudes : dès 10h30, le camion de la CGT crachait ses habituelles chansons de protestation, laissant le temps aux manifestants de se rassembler en agitant leurs banderoles et leurs pancartes noircies de slogans accrocheurs. Les prises de paroles des différents représentants syndicaux se sont enchaînées devant la sous-préfecture, avec toujours le même fil rouge : « le massacre du code du travail ».
« Avec les ordonnances de Macron, nous serons tous démunis de protection sociale et juridique ! », lâche une militante pour Solidaires. « Ce n’est pas en baissant les droits des salariés et en dénigrant le peuple que l’économie va être relancée », ajoute Martine Sagit pour la CGT. Alain Perrod, pour FSU, cite quelques exemples de mesures « qui vont peser » : « les congés pour enfants malades ou encore l’allègement de temps de travail pour les femmes enceintes pourraient être remis en cause. », répète-t-il devant une foule dissipée et très nombreuse : 1400 manifestants selon la Police, plus de 2 000 selon les syndicats. Tout ce beau monde a ensuite traversé bruyamment le centre-ville.
À Bagnols, « plus de 300 » personnes, d’après la CGT, ont manifesté à la mi-journée devant la Poste. On y retrouvait des membres de la CGT donc, mais aussi de FO. Côté politiques, plusieurs militants PS étaient présents, dont l’adjointe Bagnolaise Emmanuelle Crépieux. « Quand Philippe Martinez (numéro un de la CGT, ndlr) est venu dans le Gard la semaine dernière, les journalistes me demandaient si on ne se sentait pas un peu seuls. Eh bien, je ne me sens pas seul du tout ! », a lancé le secrétaire l’union locale CGT de Bagnols, Patrick Lescure, en guise de propos liminaire.
Et si au niveau national FO n’appelait pas à manifester et semble retenir ses coups contre la réforme, le secrétaire de l’union locale FO Jacques Massador n’y est pas allé de main morte : « cette réforme, c’est travailler plus pour moins d’argent, moins de sécurité, moins de reconnaissance et de dignité. Ça s’appelle de l’esclavage ! »
Son homologue CGT dénoncera le « peu de considération (du président Macron, ndlr) envers les salariés, les retraités et les privés d’emploi. » Un président que le cégétiste affublera du sobriquet de « Perlimpinpin Ier » avant d’affirmer que « le 31 août, lorsque les ordonnances ont été dévoilées, aucun syndicat de salarié n’a crié victoire. Par contre, Gattaz (le président du MEDEF, ndlr) était tellement satisfait, qu’il était à la limite du priapisme aigu. » Passant aux ordonnances, Patrick Lescure a dénoncé un texte ne faisant preuve « d’aucune modernité » et constituant selon lui « un permis de licencier à tout va, et la précarisation à tous les étages. »
"Vous êtes 2 000 fainéants ! Et d'autres arrivent encore", crachait le mégaphone de la CGT. De mémoire de Nîmois, cela faisait bien longtemps qu'une telle mobilisation ne s'était faite jour. Militants syndicaux et politiques (Sud territoriaux, CGT, SNES, FSU, FO,Solidaires, France insoumise, PC, PS, CNT...) ou simple quidams, ils étaient finalement certainement beaucoup plus que ça hier après-midi à se rassembler devant la Maison carrée de Nîmes pour protester contre la loi travail version gouvernement Édouard Philippe.
Parmi les slogans on remarquait "je suis un fainéant", "En marche ou crève", et un poétique "Nuit debout, rêve général" qui résumait l'état d'esprit qui régnait dans le cortège.
"Je ne suis pas très objective car je ne suis pas très au courant", racontait Jeanne, une Nîmoise de 24 ans venue manifester avec une amie. "Je suis venue pour m'informer sur la loi, me tenir au courant et par solidarité pour défendre les acquis sociaux. Avec ce gouvernement, je trouve qu'on régresse."
Accouru de Vergèze avec son fils, Farid, un jeune éducateur spécialisé de 31 ans dressait son propre constat : "Dans ma famille, nous sommes plutôt de Gauche mais les partis qui la représentent n'appliquent pas une politique de Gauche. Ce à quoi on assiste, c'est l'accumulation des pratiques des gouvernements qui se sont succédé ces dernières années. Je viens défendre le principe de solidarité. Je reste progressiste et attaché à une évolution mais taper sur les plus faibles n'est pas la bonne voie. Cette loi travail en est la parfaite illustration."
Après une longue litanie de prises de parole, c'est au son du canon que le long cortège polychrome s'est mis...en marche (sans point d'exclamation) pour emprunter le parcours « Canal historique » des manifestations nîmoises (Boulevard Victor-Hugo, angle Cité Foulcq, square du 11 nombre, avenue Feuchères) pour gagner la préfecture où une délégation devait être reçue...
Reportage : Élodie BOSCHET, Thierry ALLARD, Philippe GAVILLET de PENEY
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