Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 20.05.2024 - Propos recueillis par Sacha Virga - 3 min  - vu 333 fois

INTERVIEW Jeanne Pham Tran : "Je pense qu'il serait temps de revenir à la civilisation du bambou"

Jeanne Pham Tran

Jeanne Pham Tran, autrice de "Révolution Bambou"

- Sacha Virga

Née d'un père d'origine sino-vietnamienne et d'une mère française, Jeanne Pham Tran a sorti le 24 avril 2024 son deuxième livre "Révolution Bambou" aux éditions des Equateurs. Ce dimanche, elle était présente à la Bambouseraie pour le présenter et le dédicacer.

Objectif Gard : Bonjour Jeanne Pham Tran ! Dans votre nouveau livre "Révolution Bambou", vous évoquez que cette plante peut sauver le monde. Qu'est-ce qui vous a poussé à l'écrire ?

Jeanne Pham Tran : Pour revenir sur le titre, "Révolution" c'est à la fois un retour sur quelque chose, mais aussi un bouleversement. Je pense qu'il serait temps de revenir à la civilisation du bambou, ce qui était pratiqué notamment par nos ancêtres en Asie. C'était à la fois un végétal, un matériau, un outil technique et quelque chose qui inspirait les arts et la spiritualité. Aujourd'hui ça s'est beaucoup perdu en Asie, on gagnerait au vu du changement climatique à revenir vers cette civilisation. L'avenir de la planète en dépend. Peut-être que cela peut nous aider en tant qu'humain et qu'on a un peu oublié tout ce qu'on pourrait faire avec cela. Révolution aussi parce qu'il faudrait aussi que l'on arrête de tout penser en béton, en acier et en plastique pour modifier nos habitudes et être un peu plus conscient dans notre façon de regarder. Quand je suis dans la bambouseraie, je suis émerveillée de regarder comment fonctionne un bambou. Il ne fonctionne jamais tout seul, mais en collectivité, comme une famille. Et cela peut être un modèle symbolique pour être humain.

De manière générale, qu'est-ce qui vous a passionné dans le bambou ?

C'était un peu comme un rhizome. Je m'intéressais d'abord à ça sur le plan écologique, puis je suis arrivé à l'aspect pratique, alimentaire, médicinal mais aussi à la pédagogie parce que c'est un super outil pédagogique, les enfants adorent. J'ai développé après la symbolique, la spiritualité et la philosophie qui inspirent le bambou. Par exemple j'ai adoré les facteurs de flûtes que j'ai rencontré en France et qui me disaient que lorsqu'ils taillaient les bambous pour faire des flûtes et lorsqu'ils en jouent, ils ont l'impression d'être en communication avec le divin. 

Est-ce que vous connaissiez un peu la Bambouseraie, et qu'est-ce que vous pensez de cet endroit ?

C'est quasiment un acteur du livre (sourires) ! Je suis venue la visiter au début de mon enquête, puisque dans mon livre je vais voir les différents acteurs et pratiquants du bambou dans le monde, c'était donc important pour moi de venir et de parler à la directrice de la Bambouseraie et cette grande famille. De comprendre aussi avec les jardiniers, les guides et autres personnes comment est-ce qu'ils vivaient le fait d'être là. J'ai été très bien accueillie, j'ai eu des retours et des réponses magnifiques qui m'ont permis d'écrire le livre.

Vous avez pu échanger avec de nombreuses personnes à l'occasion de la présentation et du temps de dédicace de votre ouvrage. Quelle a été la teneur de vos échanges ?

J'ai adoré les enfants qui venaient me poser des questions sur ce que je faisais. Je leur expliquais, et je leur demandais par exemple s'ils avaient déjà vu un bambou tout seul dans un champ. Ils me disaient que non, alors on a réfléchi à la notion du collectif chez cette plante. Ils m'ont aussi questionné sur les différentes couleurs des bambous et je trouvais ça très intéressant, parce que les adultes parlent souvent de leur côté envahissant. Les enfants voient les choses différemment et ils sont plus émerveillés je trouve. C'est très intéressant de rencontrer des personnes qui sont des habitués des lieux et qui sentent le bien presque théapeutique que ça leur fait. Mais à côté ils ne sont pas toujours renseigné sur ce qu'est le bambou, ils sont souvent intéressés pour acheter le livre.

Quand on écrit un premier livre, est-ce qu'il est plus facile d'écrire le deuxième ?

Ce n'est jamais facile, à chaque fois on a l'impression de tout recommencer à zéro. D'autant plus que mon premier livre était un roman, et là c'est plutôt une enquête ou un essai. Ce sont deux travaux différents même si ça reste de l'écriture. Chacun des acteurs et pratiquants que je rencontrais autour du bambou m'ouvraient d'autres petites portes, pour explorer toutes les entrées du bambou.

Est-ce que vous êtes déjà sur d'autres travaux ?

J'ai commencé à écrire un autre ouvrage sur l'histoire de ma famille sino-vietnamienne, mais je ne sais pas quand est-ce qu'il sortira pour le moment, certainement dans les prochaines années (sourires). Je repars en Thaïlande très prochainement pour faire la promotion de mon livre actuel à Bangkok, parce qu'il y a une grande communauté française là-bas qui parle français et qui est intéressée par le sujet. La maison d'édition est en train de le proposer à l'étranger, il y a beaucoup de demande pour traduire le livre en anglais, en chinois, en indonésien et autres.

Propos recueillis par Sacha Virga

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