Né à Nîmes, Stéphane Kochoyan est un pianiste de renommée mondiale. Apprécié par Michel Petrucciani, il a joué et enregistré avec Daniel Humair et Stéphane Grappelli. Aujourd’hui, il est directeur artistique du Nîmes Métropole Jazz Festival et de la saison internationale de Jazz à Pau.
Objectif Gard : Quel a été votre meilleur souvenir de 2025 ?
Stéphane Kochoyan: 2025 a été, il faut bien le dire, une année très éprouvante. Quand on regarde le monde — les guerres, les violences, les instabilités politiques et géopolitiques —, on a parfois eu l’impression de vivre dans une tension permanente, presque étouffante. Alors, pour ne pas sombrer, il fallait bien trouver des échappatoires… Et moi, figurez-vous que j’ai rencontré Don Giovanni. Deux fois. En une seule année — ce qui, avouons-le, n’est pas forcément rassurant non plus. La première fois, c’était à Aix-en-Provence, dans un hôpital psychiatrique. Le décor était posé. Et, à la baguette, Sir Simon Rattle. Là, ça a été une vraie révélation. Une claque. Don Giovanni cessait d’être un personnage pour devenir une expérience presque intime. On s’est ensuite retrouvés à Avignon, avec Wolfgang, Lorenzo et mon fils Paul dans un château un peu en ruine imaginé par Frédéric Roels. Anna était amoureuse — comme souvent — et Deborah Waldman avait tous les bons tempi. Tout respirait une évidence rare. Et il semble que, cette fois, on l’ait sauvé. Oui, Don Giovanni sauvé du Commandeur. Comme si, pendant un instant, la musique avait réussi à nous faire oublier le chaos du monde… et même à lui tenir tête.
Quelle a été selon vous la personnalité de 2025
Cette année, 2025, marque un moment symbolique pour le monde de la musique classique : Maria João Pires se retire du circuit professionnel. Une immense pianiste qui a incarné la profondeur et la subtilité pendant des décennies. Je me souviens l’avoir entendue pour la première fois en 1975, j’avais neuf ans, au château de Villevieille, dans le Gard avec mes parents. Elle interprétait le Concerto en mi bémol majeur K.271 de Mozart, un moment de grâce absolue qui reste pour moi inoubliable. Et dans le même temps, on voit apparaître, ou plutôt s’affirmer, des musiciens d’aujourd’hui, modernes, capables de porter la tradition tout en la transformant. Pour moi, la personnalité de 2025, c’est Thomas Enhco. Ce qui me frappe chez lui, c’est sa capacité à marier Mozart avec le jazz, en créant un dialogue naturel avec l’univers de Keith Jarrett. Il garde à la fois la grâce mozartienne et l’âme du jazz. Rien n’est démonstratif : tout est organique, fluide, évident. C’est l’un des très grands maestros contemporains, un musicien qui montre que la musique peut toujours surprendre, réunir des univers et toucher profondément. En 2025, Thomas Enhco a incarné cette idée-là : la musique comme lieu de réconciliation, et en même temps pleinement d’aujourd’hui.
Quelle sera pour vous celle de 2026 ?
Pour 2026, je pense au nouveau maire de Nîmes. Après vingt-cinq ans de mandat, c’est forcément un moment de bascule. Un changement, oui — et je n’ai pas peur du changement ! Ce qui m’intéresse, c’est ce que ce nouveau chapitre va apporter : une nouvelle énergie, une autre façon de regarder la ville et la Métropole.
Que sera d’après vous l’événement de l’année 2026 ?
Pour 2026, l’événement à ne pas manquer, c’est le 20ᵉ anniversaire du Nîmes Métropole Jazz Festival ! Avec Jazz70, on accompagne le festival depuis 2006 et on a accueilli les plus grands musiciens de la planète. Cette année, on fait un vrai best of, en mettant aussi en avant les très bons musiciens qui vivent ici à Nîmes métropole et dans la région. Le festival s’adresse à tout le monde, un public multigénérationnel, et célèbre les valeurs du jazz : liberté, innovation, partage, joie, dialogue entre les peuples... Et en parallèle, nous fêterons aussi les 5 ans de Jazz à Pau, un projet plus récent que je mène avec la Ville de Pau. Bref, ça va être un vrai régal pour les oreilles et pour le cœur : vingt ans de passion à Nîmes, cinq ans d’aventure à Pau, et une musique qui vibre fort dans l’histoire de l'humanité !
Retrouvez Stéphane Kochoyan sur JazzOmania, une émission de Canal30 et StellaMédia, avec Jazz70 sur toutes les radios comme Canal 30 ou Rage et les plateformes de podcasts, (la dernière c’est Noël en jazz ! )
https://canal30.fr/podcasts/jazzomania-le-mag-de-stephane-kochoyan-sur-canal30-159/1