Publié il y a 1 an - Mise à jour le 02.11.2023 - Propos recueillis par Corentin Corger - 3 min  - vu 813 fois

L'INTERVIEW Dr Walid Kacem pour le Mois sans tabac : "Le patch c'est 70 % de réussite"

Dr Walid Kacem addictologue au CHU de Nîmes

Dr Walid Kacem, addictologue au CHU de Nîmes

- Photo CHU de Nîmes

Le passage en novembre marque le début de l'opération du Mois sans tabac pour sensibiliser les fumeurs à stopper la cigarette. Le docteur Walid Kacem, addictologue au CHU de Nîmes, donne quelques conseils et évoque les méthodes pour arrêter de fumer alors que le tabac est la cause de 78 000 morts chaque année en France.

Objectif Gard : Quels conseils donner à un patient qui souhaite arrêter de fumer ? 

Walid Kacem : Quand on arrête un mois, on a cinq fois plus de chances de s'arrêter que si on arrêtait seulement une semaine. Pour moi le point le plus important, c'est de ne pas croire que c'est qu'une question de volonté. Tous les fumeurs qui n'ont pas réussi à arrêter de fumer n'avaient pas moins de volonté. C'est une addiction. Ceux qui ont réussi étaient dans une période où ils étaient vraiment motivés, tous les feux étaient au vert. Il y en a beaucoup plus qui ont essayé mais qui n'ont pas arrêté. On n'en parle pas. Quand je dis que ce n'est pas qu'une question de volonté, ça veut dire qu'il faut aller voir son médecin, discuter avec lui. Les médecins, infirmières, dentistes... n'importe quel professionnel de santé peut gérer le sevrage tabac. La première consultation c'est celle de l'évaluation après vous mettez des patchs de nicotine. Quand il y a un fond anxieux, on n'hésite pas à mettre un médicament. Il faut trouver une solution pour faire baisser l'anxiété. Ça peut être aussi en faisant du sport. Avec un suivi régulier, on voit les patients cinq fois minimum. 

On entend beaucoup parler des méthodes comme l'hypnose ou le laser, sont-elles efficaces ?

Moi je suis un médecin assez ouvert là-dessus. L'hypnose marche sur certaines personnes pas sur toutes. Est-ce que l'on peut généraliser l'hypnose et le LaserOstop à tout le monde ? La réponse est non. Sur 100 personnes, 10 vont être réceptives à l'hypnose. Si vous prenez les patchs, on a plus de 70 % de réussite. Quand quelqu'un me dit docteur j'ai essayé l'hypnose, je me suis arrêté un mois, je trouve que c'est déjà bien. Tout est bon à prendre. 

Quelles opérations sont mises en place au CHU de Nîmes durant ce mois ? 

Il y aura une animation pour tous les soignés dans le hall d'accueil, le 14 novembre. On a un stand où on distribue des kits de sevrage tabac. Durant deux jours, on pourra aussi accueilir le grand public. On fait aussi des actions pour le personnel du CHU en les sensibilisant au sevrage tabac. À côté de ça, il y a les journées ARS et on se déplace. 

"Vaut mieux guérir que prévenir"

On dit que le meilleur moyen d'arrêter c'est de ne jamais commencer, sensibiliser davantage les adolescents est-ce une priorité ? 

C'est absolument ça, c'est tout l'enjeu. Il faudrait se rendre dans les collèges et lycées pour sensibiliser les jeunes. On aimerait le mettre en place. Avec l'ARS, il y a un petit volet prévention mais avec le Mois sans tabac on est vraiment sur la partie arrêter de fumer. Le problème qui se pose c'est qu'en France on n'est plus sur des mesures dissuasives comme augmenter le prix du débat. Le gros souci, c'est que la prévention n'est pas vraiment prise en compte. On préfère soigner. Vaut mieux guérir que prévenir alors que normalement c'est l'inverse. Pourtant, la prévention a un rôle majeur. Et il ne faut pas se contenter juste de faire peur aux gens. 

Est-ce que diminuer sa consommation est déjà un premier pas positif ?

Le nombre de consommateurs réguliers baisse et la consommation de tabac par fumeur diminue. On ne fume plus 40 cigarettes comme avant notamment car le tabac coûte plus cher. Un alcoolique qui passe de deux bouteilles à trois verres, on appelle cela la réduction des risques. Cela marche pour l'alcool mais pas pour le tabac. Un patient qui fume 20 cigarettes par jour quand il passe à cinq, il n'est pas en réduction. Les risques sont toujours présents. Certes, il en fume moins mais quand il tire dessus, il va tirer à fond pour récupérer le maximum de nicotine possible. Si vous dosez la nicotine dans le sang, il y en aura autant que si la personne avait fumé 20 cigarettes. Le cerveau souhaite avoir sa dose. Et ça c'est important à savoir. 

Propos recueillis par Corentin Corger

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