Publié il y a 5 h - Mise à jour le 04.05.2025 - Propos recueillis par Corentin Corger - 3 min  - vu 145 fois

L'INTERVIEW Ludovic Donnadieu : « S’il devait rester une chose sur terre, c’est ma collection »

ludovic donnadieu

Ludovic Donnadieu a l'art antique chevillé au corps 

- Photo Abdel Samari

Nîmois depuis 20 ans, Ludovic Donnadieu publie « Culture(s) - Le vivant et l’au-delà dans l’art de l’Humanité », où il dévoile sa collection de chefs-d’œuvre antiques en miniature représentant l’homme et l’animal à travers les cinq continents, représentant près de 10 000 ans d’histoire de l’Humanité.

Objectif Gard : D’où vous vient cette passion pour l’art antique ?

Ludovic Donnadieu : J’ai eu la rigueur par mon père militaire, haut magistrat à la cour des comptes et le côté artistique par ma mère, artiste. Petit, j’ai visité beaucoup de musées. J’étais toujours fasciné par les œuvres derrière ces vitrines. Déjà dans ma chambre, j’avais des copies d’antiquités grecques et romaines. Ce qui a été déterminant, c'est qu’à 25 ans je suis parti deux ans à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est une plaque tournante de l’art africain traditionnel. J’ai tout de suite eu un flash. J’ai commencé à apprendre à discerner le vrai du faux. J’ai décidé de finir mes études d’expert-comptable pour l’Afrique. J’ai créé un cabinet spécialisé sur l’aide au développement en Afrique, devenu aujourd’hui le seul au monde dédié 100 % aux ONG internationales (Croix-Rouge, Action contre la faim).

Votre collection a ainsi débuté…

L’Afrique m’a permis de m’intéresser de près aux antiquités africaines. À un moment, j’ai imaginé une espèce de fresque globale avec des œuvres qui formaient comme un tableau. J’ai décidé d’acheter des œuvres d’un certain prix. Tout mon argent passe dans cette collection. J’ai rapidement élargi mon spectre de l’Afrique à tous les continents. En général, les collectionneurs sont plutôt axés sur une zone géographique.

« Ce n’est pas moi le détenteur, je suis un passeur »

Les pièces que l’on retrouve dans le livre vous appartiennent-elles ?

Oui, toutes ! Il y a une centaine d’objets en tout, des pièces uniques achetées chez 60 marchands dans 10 pays différents. Je collectionne et je veille sur l’ensemble des galeries réputées au niveau mondial et vente aux enchères pour collecter des œuvres qui répondent à différents critères relativement exigeants : pluralité des cultures pour avoir une couverture géographique mondiale, que des représentations du vivant (humain ou animal), des objets de petite taille (la moyenne est de 8 cm) et extrêmement raffinés faits par les meilleurs orfèvres et sculpteurs de l’histoire de l’Humanité. La moitié de la collection est exposée au musée préhistorique d’anthropologie de Monaco, le musée du Prince Albert, ce qui donne une vraie caution scientifique à la cause et l’autre moitié sécurisée en banque.

Pourquoi avez-vous souhaité répertorier votre collection dans ce recueil ?

Cette collection a vocation à être partagée et pérennisée. Ce n’est pas moi le détenteur, je suis un passeur. Toutes les œuvres ont une provenance claire. Ce livre a été fait avec les meilleurs experts par zone géographique, qui ont validé toutes les œuvres. C’est un patrimoine mondial de l’Humanité, mon objectif n’est absolument pas de la vendre, mais de la mettre sous protection. On imagine aujourd’hui une exposition itinérante à l’international pour la partager au plus grand nombre. Il y a deux messages importants : la diversité culturelle, c’est une unité dans la diversité. Les gens ne se rendent pas compte de la diversité de cultures dans le monde. Et c’est dans le petit que l’on voit les plus grandes choses. À l’ère du plus vite, plus fort, plus haut, on redescend de plusieurs étages. C’est tout l’inverse.

« Si demain, il y a un cataclysme, je la bunkérise »

Comment se concrétise cette volonté de transmission ?

Ce livre va permettre de récolter des fonds pour ma fondation dont la mission est de financer des projets en faveur de l’enfance. Le but est aussi de partager ma collection aux enfants, pour développer des programmes culturels avec eux et leur transmettre des messages forts car ce sont les adultes de demain. Environ 2 500 livres seront distribués gratuitement. Et puis, je vais rendre visite à des enfants de l’hôpital Necker, atteints de pathologies extrêmement lourdes. Je m’intéresse beaucoup à l’enfance isolée. Avec eux, on a un projet d’exposition à Monaco de dessins liés à la collection.

Quelle est la vocation future de votre collection ?

Je suis un protecteur. C’est comme l’arche de Noé, si demain, il y a un cataclysme, je la bunkérise et elle restera. D’ailleurs, c'est un projet, s’il devait rester une chose sur terre, c'est ça, c’est petit et ça se cache facilement. À part mon cabinet, le sens de ma vie, c'est mettre cette collection en valeur, c’est de la pure philanthropie. Ce n’est pas dans le testament de mon fils et ça ne le sera jamais.

Pour commander "Culture(s)", rendez-vous sur le site internet fondation-donnadieu.org

Propos recueillis par Corentin Corger

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