Yann Guerrero, directeur de production pour la Compagnie CPPP à Quissac, est aussi celui qui crée les décors de Nîmes cité des Dieux, le spectacle qui aura lieu dans les arènes les 8, 9, 11, 12, 13 et 15 août prochains.

Depuis 26 ans qu'il est dans le métier, Yann a bourlingué, il a vu le monde et en a tiré pas mal de leçons. Projets culturels, festivals, compagnies de spectacle vivant, décoration évènementielle sont ses domaines de prédilection mais il exerce aussi les fonctions de direction de production et de direction technique. Le retrouver à la baguette de cette nouveauté n'est pas étonnant, n'oublions pas que depuis 2010 c'est aussi lui qui crée les grands décors des Grands Jeux Romains et d'Hadrien cette année.

CPPP, c'est aussi et surtout une équipe de passionnés du spectacle vivant qui, fort de son expérience passée est une spécialiste des spectacles de rue, du théâtre, de danse, du cirque, de la musique et forcément aussi de la reconstitution historique. Son, lumière, vidéo, décor, machinerie se mettent au service de l'histoire à raconter.

Pour Yann Guerrero, "Nîmes est au carrefour de plusieurs civilisations qui se sont certes confrontées, affrontées, influencées, mais qui ont toutes contribué à construire la ville que nous connaissons aujourd'hui. Chacune de ces civilisations avait des croyances qui lui était propre et un panthéon qui représentait ses confessions. C'est cette histoire que nous allons raconter dans Nîmes cité des Dieux, où chacune de ces divinités, en digne représentant de son peuple, influera sur l'action des hommes. Oui, à l'antiquité, c'est bien l'homme qui crée dieu à son image."

Une image qu'il va falloir faire revivre plus de 2 000 plus tard dans un écrin magique, celui de l'amphithéâtre antique de Nîmes. "Comment illustrer ces divinités si ce n'est en leur donnant un caractère surnaturel ? Alors nous avons eu l'idée de projeter Namas, dieu de la source, sur un écran d'eau ou encore de représenter les dieux anthropomorphes du panthéon Égyptien par le biais d'artistes de cirque et d'acrobates. Là, ce sera par la performance que le caractère divin sera mis en scène."

Le dieu seul ne suffit pas, il n'a jamais suffi alors ce n'est pas au XXIe siècle qu'il comblera le vide d'un spectacle qui lui est dédié. "Le mapping, sera lui aussi au service de la mise en scène. Il servira soit à projeter l'image des dieux sur des écrans spéciaux, soit à projeter, comme on le voit plus souvent, des paysages. Le mapping est une création totale pour les arènes et a été imaginé par Éric Teyssier et moi-même. Fabien Faizant l'a dirigé et corrigé et a participé à le créer avec le studio d'ID scènes.

En citant Lévi-Strauss, qui disait que les civilisations se fondent sur l'échange des biens, des mots, et des femmes, Yann fait fort ! "Quoi de mieux pour illustrer ces propos que de mettre en avant l'apport de la langue grecque qui a permis dans nos régions la diffusion du savoir antique ? Quoi de mieux que de montrer les échanges commerciaux entre grecs, romains et volques. Et quoi de mieux que de parler du mariage de Gyptis et Protis, ou comment Marseille est née de l'union d'un grec et d'une gauloise ?"

Ici, les arènes de Nîmes se préparent au spectacle Nîmes cité des Dieux! Le grand écran de brume d'eau (12mX10m) arrive et est hissé par la grue sur les gradins de l’amphithéâtre. "On travaille sur des effets "wahou" pour que le public puisse avoir différents niveaux de lecture du spectacle et que chaque spectateur puisse y trouver son compte. L'écran brume doit avoir un caractère mystérieux et surnaturel, spectaculaire. Il a été conçu à l'échelle des arènes, spécialement pour l'amphithéâtre de Nîmes. Il suit la pente des gradins mais un autre écran, d'eau, sera au sommet de l'amphithéâtre, comme une cascade de laquelle les dieux surgiront."

Autre nouveauté, le volume. Si nous avions l'habitude de voir un spectacle en trois dimensions aux arènes, le volume de l'amphithéâtre n'est pas souvent utilisé. Cet été le ciel sera convoqué à plus d'un titre."J'avais fait des études et on a pu les concrétiser grâce à Edeis (NDLR Arènes de Nîmes)... On va faire voler Hermès dans le ciel des arènes, On va faire monter Cléopâtre au ciel, on va faire descendre une victoire ailée pour récompenser le vainqueur de la course de chars, et on va même faire s'envoler des dieux de l'Égypte comme Seth dans le ciel des arènes ! Pour chaque création, nous sortons de notre zone de confort, nous prenons des risques, nous imaginons des choses nouvelles tout en capitalisant sur notre expérience" assure Yann Guerrero.

Des nouveaux décors ? Le bord primitif de la source de la Fontaine lors de l'arrivée des Volques à Nîmes, mais aussi et surtout les costumes des personnages principaux. "On a même créé un char pour Dionysos !" D'accord pour les décors mais comment tout mettre en place pour que le spectacle tienne la route ?

"Je suis beaucoup moins stressé. Le scénario, création originale, demande plus de travail de mise en place. Le concept global est sorti rapidement mais il fallait l'améliorer, l'enrichir et on ne s'interdit jamais des modifications de dernières minutes.  On sent certaines choses mais on peut aussi se tromper. En fait, c'est toujours la réalité des faits et l'intelligence des gens avec qui on travaille qui font la différence."

Des gens qu'il emploie à CPPP mais aussi un délégataire qui arrive à peine et des bénévoles qui viennent sur leur temps libre participer de bon coeur à ce spectacle vivant. "J'ai des gens, à CPPP notamment, qui sont des machines de guerre. Nous sommes une petite association qui fait des trucs énormes, c'est ce qui nous caractérise. Ils s'engagent, ils sont compétents et on gagne en qualité d'un spectacle à l'autre. Avec Edeis, Isabelle Roche et Jean-Luc Schnoebelen nous ont donné les moyens de cette ambition. On va arriver à faire une production de qualité. Et les bénévoles sont sympas ! Je me suis occupé de la pégoulade pendant des années, travailler avec eux est le coeur de notre métier. Je pense que cette année spécifiquement nous avons trouvé un mode de fonctionnement qui leur convient plus, mais ils pousseront quand même les décors !"

La dimension circassienne va apporter de la poésie à ces soirées qui sortiront de l'ordinaire. Et le jour où on démontera cette présidence inutile quand un tel spectacle est donné... On gagnera des décors encore plus impressionnants et un spectacle toujours plus bluffant !

Nîmes cité des Dieux :

C’est avec les pierres de ses monuments que Nîmes écrit cette histoire unique, une histoire qui nous transporte des bords du Rhône jusqu’au littoral égyptien, de Rome la cité éternelle, jusqu’aux rives du Rhin. Et c’est le récit mythique de ces hommes qui, aventuriers et bâtisseurs, vous sera conté. Ces hommes qui ont fait de Nîmes... La cité des dieux.

Bâtie autour d’une source sacrée, Nîmes est une ville romaine vieille de plus de 2 000 ans mais d’autres peuples ont laissé leur empreinte en Gaule du Sud. Les Grecs, les Celtes, les Germains et les Égyptiens ont eux-aussi contribué à l’histoire de cette illustre cité. Ces différentes civilisations possèdent toutes leurs propres dieux.

Au fil des siècles, Dionysos, Namas, Wotan, Jupiter et Isis dialoguent avec les hommes, s’allient ou s’opposent les uns contre les autres. Dans le cadre prestigieux des arènes de Nîmes, plus de deux cents figurants, comédiens, acrobates, effets spéciaux innovants, video mapping et décors somptueux vous entraîneront dans la magie des mythologies antiques et vous font voyager dans le temps à travers une mise en scène extraordinaire.

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